27.12.2013 Views

'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>par</strong>lant, en plus de la malvoyance et des difficultés d’expression, de difficultés de<br />

compréhension, qu’elle a du mal à cerner et à expliquer. Elle adhère <strong>par</strong> ailleurs <strong>au</strong> diagnostic<br />

de troubles de type aphasique posé <strong>par</strong> Mme Dehler pour qualifier plus précisément les<br />

difficultés d’expression de sa petite-fille. C’est ce diagnostic que reprend également à son<br />

compte la mère de Camille (même si elle préfère le mot « dysphasie »), qu’elle utilise<br />

notamment pour contrer les hypothèses de blocage psychologique défendues <strong>par</strong> certains<br />

professionnels :<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

« Au CAMSP, ils nous disaient : ‘C’est un blocage psychologique, si elle <strong>par</strong>le pas.’ Des<br />

clous ! tiens ! tu <strong>par</strong>les ! elle <strong>par</strong>le sans arrêt. Et je dis : ‘Mais vous me dites qu’elle <strong>par</strong>le<br />

pas, je vous réponds si ! Elle <strong>par</strong>le sans arrêt ! Mais pas en français.’ Mais c’était un<br />

enfant qui s’exprimait énormément, qui gazouillait sans arrêt, enfin… (s’arrête) Donc<br />

quand ils me disaient : ‘C’est un blocage psychologique’, je leur disais : ‘Non, c’est pas<br />

vrai !’ Alors ben on en restait là ! Eux bloquaient sur leurs positions, moi sur les miennes,<br />

et puis ben c’est tout, quoi. Puis après, moi, <strong>au</strong> CAMSP, j’y suis plus allée et (hésite) j’ai<br />

plus vu personne. »<br />

Elle <strong>par</strong>le cependant également d’un « retard global », c’est-à-dire qu’elle relie les<br />

retards en termes d’expression, de compréhension, de développement psychomoteur et même<br />

de vue. Elle se rapproche donc de l’idée d’un poly<strong>handicap</strong>, même si elle n’utilise pas<br />

l’expression, comme le fait en revanche son mari (qui <strong>par</strong>le en fait de « polymalformations<br />

»). Ce dernier est celui qui distingue le plus de problèmes différents chez<br />

Camille, découverts petit à petit. Les malformations physiques ont été décelées les premières<br />

(l’extrophie vésicale), puis ce fut le tour de la déficience visuelle, avant l’aphasie et enfin le<br />

<strong>handicap</strong> <strong>mental</strong> proprement dit. Il est intéressant de remarquer que pour le père de Camille,<br />

le <strong>handicap</strong> <strong>mental</strong>, qu’il finit <strong>par</strong> qualifier de « débilité », est une difficulté qui vient s’ajouter<br />

<strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres, notamment à ce qu’il appelle « l’aphasie ».<br />

Si la diversité de ces théories diagnostiques semble à première vue l’emporter, leur<br />

cohérence est néanmoins frappante, surtout si l’on se concentre sur les applications pratiques<br />

qui en découlent : Camille a des difficultés sur divers plans (physique, sensoriel, <strong>mental</strong>) qui<br />

la limitent et nécessitent de la <strong>par</strong>t de son entourage une capacité d’adaptation importante.<br />

C’est la société qui, <strong>par</strong> son organisation et sa m<strong>au</strong>vaise prise en compte des <strong>handicap</strong>s,<br />

occasionne un sur-<strong>handicap</strong>, voire un processus d’exclusion, dont est victime Camille. Il n’est<br />

donc pas étonnant que le choix d’ABC École, un établissement qui la stimule tout en la<br />

maintenant dans un cursus le plus ordinaire possible, soit plébiscité <strong>par</strong> tous, <strong>au</strong> contraire des<br />

404

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!