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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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Chapitre XIII.<br />

Construction et frontièr es de la maisonnée<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

Les théories diagnostiques sont, comme on l’a dit et répété, orientées vers la pratique,<br />

c’est-à-dire vers des solutions en termes de prise en charge institutionnelle, mais <strong>au</strong>ssi en<br />

termes d’organisation quotidienne, c’est-à-dire d’arrangements pratiques. Selon que l’on<br />

pense qu’un enfant est, pour faire simple, plutôt angoissé ou plutôt limité intellectuellement,<br />

on n’<strong>au</strong>ra pas envers lui les mêmes exigences sur le plan scolaire et on le poussera plus ou<br />

moins dans ce domaine ; selon que l’on croit en ses capacités à devenir <strong>au</strong>tonome ou que l’on<br />

n’envisage <strong>au</strong>cunement qu’il puisse un jour vivre seul, on ne l’entourera pas <strong>au</strong>tant <strong>au</strong><br />

quotidien ; selon enfin que l’on attribue ses difficultés à un problème neurologique ou à des<br />

difficultés psychologiques, on fera plus ou moins appel à des personnes extérieures pour le<br />

stimuler ou se décharger pour un temps de sa surveillance.<br />

Bien sûr, ces choix d’organisation <strong>au</strong> quotidien ne dépendent pas uniquement des<br />

théories diagnostiques <strong>par</strong>entales, loin s’en f<strong>au</strong>t. La configuration et l’histoire familiales, les<br />

caractéristiques sociales de la famille, ou encore sa situation géographique, pèsent de tout leur<br />

poids sur cette organisation, comme l’ont montré des trav<strong>au</strong>x sur la maisonnée [Weber,<br />

Gojard et Gramain, 2003], ou sur le caring [Attias-Donfut, 1995 ; Clément et Lavoie, 2005 ;<br />

Cresson, 1995 ; Finch and Groves, 1983], qu’il y ait ou non une personne dépendante <strong>au</strong> sein<br />

du groupe considéré. Mais la prise en compte de ces théories permet de poser la question du<br />

lien entre la dimension cognitive et la dimension matérielle de la maisonnée : f<strong>au</strong>t-il<br />

s’accorder sur une définition de la situation pour coopérer ? À quelles conditions des avis<br />

divergents sur la c<strong>au</strong>se commune peuvent-ils exister <strong>au</strong> sein de la maisonnée ? Dans quelle<br />

mesure les arrangements pratiques choisis sont-ils influencés <strong>par</strong> la construction collective de<br />

la c<strong>au</strong>se commune ?<br />

Ces questions traversent ce chapitre et les deux suivants. Dans le présent chapitre, il<br />

s’agit d’observer comment se constitue une c<strong>au</strong>se commune et, avec elle, les frontières d’une<br />

maisonnée centrée sur l’enfant ayant des difficultés intellectuelles. Quel est le rôle des<br />

théories diagnostiques dans l’élaboration de ces frontières ? Une maisonnée se constitue-t-elle<br />

forcément <strong>au</strong>tour de l’enfant dit <strong>handicap</strong>é <strong>mental</strong> ou d’<strong>au</strong>tres arrangements pratiques sont-ils<br />

possibles ? Quels <strong>au</strong>tres déterminants majeurs interviennent dans ces processus ?<br />

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