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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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coordonnées. En mai 2005, alors que je la rappelle pour la énième fois, elle laisse éclater son<br />

amertume :<br />

Journal de terrain, le 18/05/05 : relances téléphoniques<br />

Mme C<strong>au</strong>welaert me confirme que les membres de sa famille ne sont pas disponibles<br />

pour mon enquête. ‘Ils sont tous en <strong>par</strong>ole.’, lâche-t-elle. C’était ce qu’elle craignait. Ils<br />

ont peut-être peur de ne pas savoir quoi dire. Mais selon elle, ‘si on n’en <strong>par</strong>le jamais,<br />

rien ne se fera jamais.’ Elle-même était enthousiaste <strong>par</strong> rapport à mon enquête, mais<br />

elle n’a pas réussi à les convaincre. Ils donnent des prétextes. Elle tend des perches, mais<br />

personne ne les attrape.<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

Nous passons presque une heure <strong>au</strong> téléphone, pendant laquelle Béatrice C<strong>au</strong>welaert<br />

me donne des nouvelles concernant la prise en charge institutionnelle d’Emma, qui devient un<br />

vrai casse-tête car elle termine sa scolarité en CLIS et n’est acceptée nulle <strong>par</strong>t ailleurs <strong>au</strong><br />

moment de cette discussion. Béatrice ne retient ses larmes que dans la première <strong>par</strong>tie de la<br />

conversation. Finalement, elle me remercie de l’avoir écoutée et s’excuse une nouvelle fois de<br />

n’avoir pas pu plus m’aider.<br />

Malgré les ap<strong>par</strong>ences, Béatrice est donc dans une attitude inverse de la protection :<br />

elle cherche à confronter son entourage <strong>au</strong> <strong>handicap</strong> d’Emma. Mon enquête est pour elle le<br />

moyen d’amener son entourage, y compris les plus proches comme son mari, à réfléchir à la<br />

situation, à s’impliquer <strong>au</strong> moins <strong>par</strong> la pensée dans la maisonnée qui entoure Emma, qui se<br />

réduit selon Béatrice essentiellement à elle-même et son mari, ce qu’elle déplore. La formule<br />

qu’elle utilise, ‘ils sont tous en <strong>par</strong>ole’, exprime bien son sentiment de se sentir un peu seule à<br />

réellement agir pour Emma.<br />

Dans le cas d’Emma, la volonté de sa mère de confronter son entourage <strong>au</strong> <strong>handicap</strong><br />

de sa fille à travers mon enquête a été un échec : elle n’a réussi à décider personne à<br />

<strong>par</strong>ticiper, d’où son amertume. Dans d’<strong>au</strong>tres cas cependant, la démarche de confrontation<br />

peut aboutir, comme dans le cas de Tristan Mareste (trisomique). Sa mère, Fabienne Mareste<br />

(qui est responsable technique dans une agence de publicité ; son mari est directeur<br />

administratif et financier), était elle <strong>au</strong>ssi dans une démarche active de confrontation et est<br />

<strong>par</strong>venue à décider seize membres de l’entourage de Tristan à <strong>par</strong>ticiper à mon enquête, dont<br />

une majorité de personnes peu ou pas investies, comme on le verra en détail dans le chapitre<br />

14.<br />

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