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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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Alain Roussel (DRH, sa femme est une ex-pharmacienne), père de Mathias (surdité,<br />

troubles de type aphasique, difficultés intellectuelles) :<br />

« Et ce qui est encore une fois dommage – et on va revenir à des aspects financiers ou<br />

culturels – c’est que si on n’a pas les moyens, si culturellement, on n’est pas capable de<br />

résister à ces gens-là (les spécialistes de l’orientation), ben en fait on crée des filières<br />

complètement standardisés, pour des enfants qui surtout doivent pas être dans des modes<br />

standardisés, puisque les <strong>handicap</strong>s sont vraiment différents, et on fait rien pour eux.<br />

(cherche ses mots) Et on crée le désespoir ou encore plus de désespoir chez les <strong>par</strong>ents.<br />

Nous, on s’est tout de suite dit qu’on allait se battre, on est assez pugnaces, mais combien<br />

se battent ? »<br />

Catherine Loski (journaliste, ex-compagnon cadre bancaire), mère de Fanny (difficultés<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

de compréhension, angoisses, <strong>au</strong>cun diagnostic) :<br />

« Une fois j’ai explosé <strong>au</strong>près du médecin de contrôle de la sécurité sociale qui me<br />

refusait des remboursements de bons de taxi… (cherche ses mots) Et j’ai vraiment<br />

explosé dans son cabinet, toute la salle a entendu, en disant que c’était scandaleux (insiste<br />

sur ce mot), que si j’avais mis ma fille en hôpital de jour, ça leur coûterait trois mille<br />

balles <strong>par</strong> jour, elle signait en fermant les yeux, que là, je ne la laissais pas en hôpital de<br />

jour, que je la maintenais dans l’école, que je trouvais l’orthophoniste, que je me<br />

débrouillais, que je trouvais toutes les prises en charge et qu’<strong>au</strong> lieu de me soutenir, (…)<br />

on me mettait des bâtons dans les roues. (…) Et ça, c’est grave ! Parce que si on n’a pas<br />

de ressources, si on n’est pas battants, (cherche ses mots) on se laisse complètement faire<br />

et j’ai vu des gamins, moi, qui se retrouvent en hôpital de jour (cherche ses mots) <strong>par</strong>ce<br />

que les <strong>par</strong>ents n’ont pas les moyens de faire <strong>au</strong>trement, c’est tout ! Je veux dire moi, j’ai<br />

les moyens d’avoir quelqu’un qui vient me chercher Fanny à l’école, qui la ramène, ben<br />

c’est vrai (insiste sur ce mot) que si elle était en hôpital de jour, je pourrais le matin la<br />

mettre dans un taxi, elle reviendrait le soir à la maison, ça ne me coûterait rien. Et ça,<br />

c’est ça (insiste sur ce mot) la plus grande colère. »<br />

Ces discours, qui mettent à distance les familles populaires et les plaignent sans jamais<br />

en donner d’exemples plus précis que des inconnus croisés dans une école ou ailleurs, sont<br />

<strong>au</strong>ssi une façon de se rassurer, de se féliciter des difficiles décisions qu’il a fallu prendre, de<br />

lutter contre la culpabilité et de reporter sur d’<strong>au</strong>tres le stigmate qui menace tous les <strong>par</strong>ents<br />

d’enfants qui ne suivent pas le « droit chemin ». C’est donc une façon de retourner contre<br />

d’<strong>au</strong>tres (qui restent le plus souvent anonymes) la pression que l’on ressent soi-même et qui<br />

pousse à être « battant » pour ne pas perdre toute estime de soi. On retrouve ici un mécanisme<br />

bien connu que Gérard Althabe décrivait en observant une cité de la banlieue nantaise dans les<br />

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