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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

une petite école privée et hors-contrat, sur un modèle proche de celui d’ABC École, où Léna<br />

était intégrée pour la quatrième année consécutive <strong>au</strong> moment où j’ai rencontré Ghislaine (en<br />

2004).<br />

Il est évident qu’elle n’<strong>au</strong>rait pas pu agir comme elle l’a fait sans disposer des<br />

ressources que lui offrent sa position sociale : des revenus importants pour pouvoir engager<br />

une femme de ménage / baby-sitter presque à plein temps, pour emmener sa fille dans des<br />

établissements médic<strong>au</strong>x coûteux (notamment <strong>au</strong> Pays de Galles) ou encore pour l’inscrire<br />

dans une école privée hors-contrat ; une maîtrise des codes linguistiques or<strong>au</strong>x et écrits pour<br />

affronter les commissions et tenter d’imposer son point de vue <strong>au</strong>x professionnels ; un bon<br />

rése<strong>au</strong> relationnel pour avoir accès <strong>au</strong>x informations sur les possibilités de scolarisation. Bref<br />

une dotation en différents capit<strong>au</strong>x (économique, culturel, social) qui lui a manifestement<br />

permis d’être une « battante » et de <strong>par</strong>venir à maintenir Léna le plus longtemps possible dans<br />

des classes intégrées et à lui éviter la fréquentation d’un institut.<br />

Doit-on pour <strong>au</strong>tant en conclure que seuls les membres des classes supérieures ont les<br />

moyens d’être battants ? Tous les <strong>par</strong>ents cherchent-ils à l’être ? Et ont-ils tous intérêt à<br />

l’être ?<br />

B. Du point de vue des « battants »<br />

Le fait que be<strong>au</strong>coup de <strong>par</strong>ents rencontrés me <strong>par</strong>lent de « <strong>par</strong>cours du combattant »<br />

n’est pas étonnant en soi puisqu’on a vu que les obstacles à la scolarisation d’un enfant<br />

<strong>handicap</strong>é <strong>mental</strong> étaient effectivement nombreux et que les places dans les établissements les<br />

plus prisés étaient rares. Cependant, l’utilisation de la notion de combat peut être rapportée à<br />

des contraintes sociales plus générales qui pèsent sur tous les <strong>par</strong>ents, mais en <strong>par</strong>ticulier sur<br />

les <strong>par</strong>ents d’enfants ou adolescents <strong>handicap</strong>és ment<strong>au</strong>x. On a en effet vu <strong>au</strong> chapitre 4<br />

comment la valeur affective de l’enfant avait pu <strong>au</strong>gmenter <strong>au</strong> XX ème siècle, sous la pression<br />

conjuguée des transformations familiales et économiques. La mise en doute de la capacité<br />

<strong>par</strong>entale à élever correctement un enfant, c’est-à-dire à œuvrer pour son épanouissement<br />

puisque tel est devenu l’objectif le plus légitime [Singly, 1996], est de ce fait un processus<br />

violent pour les <strong>par</strong>ents.<br />

Or le <strong>handicap</strong> <strong>mental</strong>, du fait de certaines de ses caractéristiques 3 , peut constituer une<br />

telle mise en doute, <strong>au</strong>ssi bien <strong>au</strong>x yeux des <strong>par</strong>ents eux-mêmes que de ceux qui les côtoient.<br />

La prise en charge active de l’enfant (dans ses dimensions quotidienne, institutionnelle,<br />

3 Voir une nouvelle fois le chapitre 4.<br />

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