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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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diagnostique, et des solutions institutionnelles que l’on privilégie ou que l’on écarte en<br />

conséquence, <strong>au</strong>x personnes qui ont du poids dans l’orientation de l’enfant.<br />

Le cas de Léna Gavary illustre bien ces différents points. Ses <strong>par</strong>ents, Pierre Gavary<br />

(qui dirige une filiale d’un équipementier <strong>au</strong>tomobile) et Ghislaine Keller (qui est consultante<br />

en ressources humaines après avoir été directrice administrative dans une entreprise), ont<br />

divorcé en 2001, après avoir eu deux enfants : Anthony en 1983 et Léna en 1987, qui est<br />

atteinte de trisomie 21. J’ai rencontré Ghislaine Keller via les Papillons Blancs de Paris.<br />

Malgré un emploi du temps chargé (elle travaille tard le soir et vit seule avec ses deux<br />

enfants), elle me reçoit longuement pour <strong>par</strong>ler de sa fille et facilite la suite de mon enquête<br />

<strong>au</strong>tour de Léna (en prenant pour moi des contacts avec d’<strong>au</strong>tres membres de son entourage).<br />

Durant l’entretien, elle se montre <strong>par</strong>ticulièrement agacée <strong>par</strong> les dysfonctionnements du<br />

système de prise en charge des enfants <strong>handicap</strong>és ment<strong>au</strong>x et <strong>par</strong>le à plusieurs reprises de<br />

« <strong>par</strong>cours de combattant » :<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

« Après [l’annonce du <strong>handicap</strong>], c’est un <strong>par</strong>cours de combattant. Alors je sais pas si<br />

maintenant ça va mieux, <strong>par</strong>ce que y’a quand même eu pas mal de choses qui ont été<br />

faites, mais en tous les cas y’a dix-sept ans, c’était encore un <strong>par</strong>cours de combattant.<br />

(cherche ses mots) Moi, j’ai demandé <strong>au</strong> pédiatre le lendemain de la naissance, je lui ai<br />

dit : ‘Bon ben qu’est-ce qu’on fait ? Quelles sont les institutions qui sont performantes ?<br />

Qu’est-ce qu’on peut faire pour en tirer le maximum ?’ Et là, le pédiatre : ‘Je ne sais pas’.<br />

Donc ça commençait fort. Et ‘de toute façon, vous savez, vous pouvez l’abandonner,<br />

hein !’ Alors (cherche ses mots) quand vous demandez qu’on vous indique des choses<br />

pour en sortir le mieux possible et qu’on vous répond ‘abandonner’, vous vous imaginez<br />

ce que ça peut donner dans la tête d’une maman ou d’un papa. »<br />

(…)<br />

« Y’a jamais eu des gens motivés ! (cherche ses mots) À <strong>par</strong>t les gens qui ne s’occupent<br />

que des trisomiques, en tous les cas dans l’Éducation Nationale, je n’ai jamais vu des<br />

gens motivés <strong>par</strong> un projet d’intégration, c’est ahurissant mais c’est comme ça. Et même<br />

les inspecteurs – enfin à l’époque c’était une inspectrice spécialisée – elle démontait tout<br />

le système, alors je veux dire, c’était désolant, quoi ! Moi je trouve que c’était vraiment<br />

galère. Je sais pas <strong>au</strong>jourd’hui où ils en sont…<br />

Ça a un peu changé quand même, mais doucement.<br />

Mais c’était une vraie galère et c’est un <strong>par</strong>cours de combattant. Mais vraiment,<br />

vraiment ! Et puis pour faire accepter, on passe devant une espèce de tribunal et ça, c’est<br />

vraiment atroce, quoi ! C’est vraiment atroce. (…) Et donc nous, les <strong>par</strong>ents, on essayait<br />

de faire tourner le système, mais c’est pas évident <strong>par</strong>ce qu’on nous renvoie toujours<br />

qu’on veut en faire trop pour nos enfants, qu’on est trop exigeants, qu’il f<strong>au</strong>t laisser faire,<br />

non ! Enfin ! À l’usage, on voit très bien qu’il ne f<strong>au</strong>t pas laisser faire, c’est le contraire, il<br />

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