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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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Chapitre XI. Le <strong>par</strong>cours du combattant pour tous ?<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

Dans les analyses qui précèdent, l’ap<strong>par</strong>tenance sociale a été peu mobilisée pour<br />

comprendre les variations des <strong>par</strong>cours institutionnels observés. Dans la littérature,<br />

l’hypothèse la plus souvent retenue est que les familles dotées d’importantes ressources<br />

sociales <strong>par</strong>viennent plus facilement que les <strong>au</strong>tres à obtenir une véritable intégration scolaire<br />

de leurs enfants, tandis que les moins bien dotées se laissent porter <strong>par</strong> les orientations qu’on<br />

leur propose et leurs enfants atterrissent plus rapidement en IME ou en hôpital de jour [Garel<br />

et Lesain-Delabarre, 1999b], voire dans une institution avec internat [Mormiche, 2000 ;<br />

Mormiche et Boissonnat, 2003] 1 . Dans le discours des <strong>par</strong>ents que j’ai rencontrés en<br />

revanche, la trajectoire institutionnelle de leur enfant est souvent présentée à <strong>par</strong>tir d’une<br />

expression récurrente : le « <strong>par</strong>cours du combattant ». Est-ce à dire que certains doivent se<br />

battre plus que d’<strong>au</strong>tres ? Ou que les armes sont inégalement ré<strong>par</strong>ties ? C’est en examinant<br />

les significations de cette expression, prise dans son contexte d’énonciation, qu’on pourra<br />

tâcher d’y voir plus clair.<br />

A. Les significations d’un combat<br />

Nombreux sont les <strong>par</strong>ents qui m’ont <strong>par</strong>lé du « <strong>par</strong>cours du combattant » qu’ils<br />

avaient eu, et qu’ils avaient <strong>par</strong>fois encore, à affronter pour scolariser leur enfant. Si be<strong>au</strong>coup<br />

<strong>par</strong>lent de leurs difficultés dans ce domaine sans utiliser précisément cette expression, cette<br />

dernière revient tout de même dans la bouche de douze <strong>par</strong>ents (deux pères et dix mères), qui<br />

l’utilisent souvent à plusieurs reprises, <strong>par</strong>fois à propos de choses assez différentes. Si l’on<br />

suit <strong>par</strong> exemple Catherine Loski (journaliste, son ex-compagnon est cadre bancaire), la mère<br />

de Fanny (difficultés de compréhension, angoisses, <strong>au</strong>cun diagnostic), l’expression renvoie à<br />

l’extrême décentralisation des informations concernant la prise en charge des enfants<br />

<strong>handicap</strong>és ment<strong>au</strong>x, si bien que ce sont les <strong>par</strong>ents qui doivent faire d’importants efforts pour<br />

trouver les solutions adaptées à leur enfant :<br />

« Et y’a pas assez, ce qui est hyper important <strong>au</strong>ssi, y’a pas un organisme fédérateur de<br />

toutes les initiatives qui existent, qui donnerait des solutions concrètes <strong>au</strong>x gens, qui<br />

proposerait <strong>par</strong> exemple sur Paris la liste de toutes les CLIS sur la place de Paris, y’a<br />

1 « La capacité à garder l’enfant <strong>handicap</strong>é <strong>au</strong> domicile familial est également différente : à <strong>handicap</strong> de gravité<br />

équivalente, la proportion d’enfants <strong>handicap</strong>és entrant en institution est trois fois plus élevée chez les ouvriers et<br />

employés que chez les cadres et professions intermédiaires. » [Mormiche, 2000, p. 4].<br />

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