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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

négatives dont elles font l’objet etc.), mais qui traduit une focalisation sur les problèmes des<br />

personnes <strong>handicap</strong>ées motrices. De même que les défenseurs des droits des personnes<br />

<strong>handicap</strong>ées critiquent souvent la tendance « validocentrique » [Sanchez, 2003] de notre<br />

société, on pourrait pointer la tendance « motricocentrique » des approches généralistes du<br />

<strong>handicap</strong>. Et lorsque des voix s’élèvent <strong>au</strong> nom de toutes les personnes <strong>handicap</strong>ées pour<br />

alerter l’opinion sur la situation qui leur est faite, comme dans le cas de Marcel Nuss,<br />

« tétraplégique trachéotomisé » « du fait d’un gène débile » selon ses propres mots, on<br />

reconnaît là encore bien plus les problèmes spécifiques des personnes <strong>handicap</strong>ées motrices<br />

que ceux des personnes <strong>handicap</strong>ées <strong>mental</strong>es : « Personne n’est à l’abri d’un <strong>handicap</strong>, ni<br />

vous ni vos proches ; la seule différence, c’est que vos assurances et vos moyens personnels<br />

vous permettront peut-être de vivre un <strong>handicap</strong> ‘de rêve’ ? (…) Plus de 5 000 000 de laisséspour-compte<br />

qui sont fatigués de vivre <strong>au</strong> rabais et qui veulent savoir quelle est leur véritable<br />

place et leur vraie valeur. J’ai été rejoint dans mon combat personnel <strong>au</strong>tant que national <strong>par</strong><br />

des personnes <strong>au</strong>ssi gravement <strong>handicap</strong>ées que moi et tout <strong>au</strong>ssi résolues que moi, prêtes à<br />

aller jusqu’à la mort si c’est l’unique issue que l’on pense pouvoir nous offrir comme<br />

<strong>au</strong>tonomie. Nous sommes fatigués d’être réduits à un assistanat humiliant et indigne d’une<br />

démocratie quand, <strong>par</strong> ailleurs, on ne cesse de s’émerveiller de nos capacités. » [Nuss, 2003,<br />

p. 45]<br />

On touche là à un problème essentiel pour l’analyse des personnes <strong>handicap</strong>ées<br />

<strong>mental</strong>es, celui du porte-<strong>par</strong>ole. Qui est en mesure de porter la <strong>par</strong>ole que ces personnes ne<br />

sont pas légitimes à tenir sur elles-mêmes en tant que mineures politiquement et déficientes<br />

intellectuellement ? Pour lutter contre cette illégitimité, des associations de personnes<br />

<strong>handicap</strong>ées <strong>mental</strong>es sont nées et ont revendiqué le droit à décider pour elles-mêmes. Ainsi,<br />

des mouvements comme ceux de personnes <strong>au</strong>tistes [Chamak, 2005], « Nous <strong>au</strong>ssi » [Méri<strong>au</strong>,<br />

2003] ou « Personnes d’abord » [Bonhomme et Tychon, 2003] sont constitués de personnes<br />

<strong>handicap</strong>ées <strong>mental</strong>es qui revendiquent le droit à contrôler leur vie et donc à se passer d’une<br />

<strong>par</strong>tie des aides qui leur sont prescrites. Mais ces cas limites représentent une négation du<br />

<strong>handicap</strong> <strong>mental</strong> et ne sont nullement représentatifs de l’ensemble des personnes <strong>handicap</strong>ées<br />

<strong>mental</strong>es. Seules les personnes ayant les <strong>handicap</strong>s les plus légers y <strong>par</strong>ticipent activement et<br />

la lutte porte donc plutôt sur la frontière entre le <strong>handicap</strong> <strong>mental</strong> et la normalité qui, comme<br />

on l’a déjà dit, peut perpétuellement être remise en c<strong>au</strong>se.<br />

Outre ces rares cas « d’empowerment » [Albrecht, Rav<strong>au</strong>d et Stiker, 2001], les porte<strong>par</strong>ole<br />

des personnes <strong>handicap</strong>ées <strong>mental</strong>es sont donc plutôt à chercher dans leur entourage,<br />

leurs « <strong>par</strong>ents et amis », pour reprendre la formulation de la puissante fédération<br />

notion de personne.<br />

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