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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

n’offre <strong>au</strong>cune garantie de sérieux et de compétence (l’établissement est hors-contrat, les<br />

enseignants n’ont souvent pas de formation spécifique), les aides financières ne sont<br />

accordées qu’a minima. Tout ceci contribue à expliquer la forte proportion d’enfants issus de<br />

milieux soci<strong>au</strong>x favorisés.<br />

Cette première conséquence est encore renforcée <strong>par</strong> le fait qu’un tel choix contraint à<br />

la décentralisation des prises en charge : mise à <strong>par</strong>t l’orthophoniste qui vient à l’école une ou<br />

deux matinées <strong>par</strong> semaine, <strong>au</strong>cune prise en charge médicale ou psychologique n’est<br />

disponible à l’école. ABC École se présente comme une école la plus normale possible, tout<br />

en essayant d’adapter son enseignement à son public <strong>par</strong>ticulier. Or les enfants qui y sont<br />

scolarisés ont pour la plu<strong>par</strong>t recours à des prises en charge complémentaires, que ce soit des<br />

séances d’orthophonie, de psychomotricité, de soutien psychologique ou de kinésithérapie.<br />

Leurs <strong>par</strong>ents se débrouillent donc pour trouver les différents spécialistes qu’ils jugent<br />

nécessaires, ce qui multiplie les contraintes de transport, de temps et d’argent. Quand on sait<br />

que les IME sont justement des lieux où toutes ces prises en charges sont concentrées et<br />

remboursées <strong>par</strong> la Sécurité sociale, un tel choix a de quoi surprendre.<br />

Si ces désagréments étaient compensés <strong>par</strong> l’excellence de la formation dispensée, on<br />

pourrait comprendre que de nombreux <strong>par</strong>ents acceptent de les endurer. Mais rien ne garantit<br />

a priori la qualité de la prise en charge scolaire délivrée à ABC École. Comme on l’a déjà vu,<br />

les enseignants sont dépourvus de tout diplôme spécifiquement axé sur le <strong>handicap</strong> et la<br />

pédagogie spécialisée.<br />

Pour finir, le passage d’ABC École <strong>au</strong> circuit « classique » (classes intégrées ou IME<br />

en général) pose problème. Tout d’abord, le choix d’ABC École est souvent mal accepté <strong>par</strong><br />

la CDES, si bien que les <strong>par</strong>ents doivent se battre pour imposer leur choix, affronter des<br />

spécialistes qui leur prédisent les pires catastrophes, s’entendre menacer de perdre toute<br />

allocation etc. D’<strong>au</strong>tre <strong>par</strong>t, le passage <strong>par</strong> ABC École représente un inconvénient, une sorte<br />

de stigmate <strong>au</strong>x yeux de ces mêmes instances d’orientation <strong>au</strong> moment où l’on souhaite<br />

réintégrer un IMPro <strong>par</strong> exemple. Outre la défiance de la CDES vis-à-vis de <strong>par</strong>ents ayant<br />

<strong>au</strong><strong>par</strong>avant opté pour une telle école, le dossier de l’enfant est alors souvent « squelettique »,<br />

comme le dit l’une de mes enquêtées, puisque les différents spécialistes qui exercent dans les<br />

IME et remplissent ce genre de dossiers ne sont bien sûr pas présents à ABC École. Ces<br />

lacunes sont d’<strong>au</strong>tant plus pénalisantes que les places dans ces instituts, et notamment dans les<br />

plus cotés, sont peu nombreuses et âprement disputées.<br />

Le choix d’ABC École ap<strong>par</strong>aît donc <strong>par</strong>adoxal à bien des égards : chère, peu adaptée<br />

<strong>au</strong>x enfants accueillis, manquant de moyens et de formation, mal insérée dans le champ du<br />

<strong>handicap</strong>, ses lacunes semblent irrattrapables. Voici <strong>par</strong> exemple comment Catherine Loski<br />

(journaliste, son ex-compagnon est cadre bancaire) décrit certaines des conséquences de la<br />

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