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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

dans le cadre de la loi de 2005 [Risselin, 1998] et jusque dans la campagne présidentielle de<br />

2007. Les associations de personnes <strong>handicap</strong>ées ou de proches de ces personnes ont joué un<br />

rôle majeur, sur lequel nous reviendrons, dans cette évolution [Barral, Paterson, Stiker et<br />

Ch<strong>au</strong>vière, 2002].<br />

Cependant, tous les segments qui forment le monde vaste et hétérogène du <strong>handicap</strong><br />

ne s’insèrent pas <strong>au</strong>ssi aisément dans ce schéma général. Les difficultés vis-à-vis de la sphère<br />

du travail ne touchent en effet que les personnes d’âge actif, dont sont en <strong>par</strong>ticulier exclus les<br />

personnes âgées et les mineurs ; elles ont également été longtemps moins aiguës pour les<br />

femmes, pour lesquelles l’inactivité était pensée comme plus naturelle, moins<br />

« <strong>handicap</strong>ante ». Du côté des personnes âgées, les difficultés à affronter les activités de la vie<br />

quotidienne ont été politiquement construites, avec plus de vigueur dans les années 1990,<br />

d’après un référentiel légèrement différent, celui de la dépendance [Thomas, 2005]. Plus<br />

récemment encore, avec la loi de 2005, on tente d’ailleurs de réduire ce clivage entre <strong>handicap</strong><br />

et dépendance en faisant converger les politiques dédiées à ces « cibles » distinctes des<br />

politiques sociales.<br />

Si l’on se tourne maintenant vers les mineurs dits comme leurs aînés <strong>handicap</strong>és, on a<br />

affaire à une <strong>au</strong>tre histoire, qui mêle problèmes scolaires, judiciaires et médic<strong>au</strong>x [Langouët,<br />

1999]. Certains <strong>au</strong>teurs [Gate<strong>au</strong>x-Mennecier, 1990 ; Pinell et Zafiropoulos, 1978] ont analysé<br />

les évolutions de l’identification de cette population comme un processus de médicalisation,<br />

<strong>par</strong>fois de l’échec scolaire [Pinell et Zafiropoulos, 1978], <strong>par</strong>fois <strong>au</strong>ssi de diverses formes de<br />

déviance sociale [Gate<strong>au</strong>x-Mennecier, 1990]. La notion de <strong>handicap</strong> appliquée <strong>au</strong>x mineurs a<br />

donc permis de regrouper petit à petit ceux que l’on appelait les « débiles », les « infirmes »,<br />

les « attardés », les « caractériels » ou encore les « instables », longtemps traités à la fois<br />

comme des victimes (de leur milieu familial et social notamment) et des coupables (de<br />

délinquance). Aujourd’hui, la question des enfants <strong>handicap</strong>és ap<strong>par</strong>aît principalement dans le<br />

débat public à travers la question de l’intégration scolaire [Bonjour et Lapeyre, 2000] et<br />

notamment de la difficulté qu’ont ces enfants à trouver une place, que ce soit dans le cadre<br />

d’une scolarité ordinaire ou spécialisée [Ch<strong>au</strong>vière et Plaisance, 2000].<br />

Entre problèmes privés et questions collectives, difficultés à travailler ou à apprendre<br />

et enjeux de citoyenneté et d’intégration, les questions posées <strong>par</strong> le <strong>handicap</strong> ont donc acquis<br />

une visibilité publique et une légitimité indéniables, en <strong>par</strong>ticulier depuis les années 1990. Il<br />

est aisé de relier ce regain d’attention pour les personnes non <strong>au</strong>tonomes, qu’elles soient dites<br />

<strong>handicap</strong>ées ou dépendantes, <strong>au</strong>x analyses d’Alain Ehrenberg [1998] décrivant la toutepuissance<br />

acquise <strong>par</strong> les normes d’<strong>au</strong>tonomie et de responsabilité dans la deuxième moitié du<br />

XX ème siècle, qui <strong>au</strong>raient selon lui supplanté les normes de discipline et de culpabilité,<br />

comme le montre selon lui le succès de la notion de « dépression ». Analysant son succès<br />

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