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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

très fortement ses possibilités de scolarisation, qui inquiète souvent les <strong>par</strong>ents. Et ceci<br />

pour trois raisons : 1) ils ont peur pour la sécurité de leur enfant ; 2) ils ont peur que leur<br />

enfant adopte certains de leurs comportements ; 3) ils ne veulent pas que l’on confonde<br />

m<strong>au</strong>vaise éducation et problèmes ment<strong>au</strong>x. Cependant, le mélange entre classes sociales<br />

n’est pas le seul qui pose problème. Le mélange de difficultés de degrés différents pose<br />

lui <strong>au</strong>ssi problème, dans la mesure où mettre son enfant avec des « plus <strong>handicap</strong>és »,<br />

c’est <strong>au</strong>ssi l’identifier à eux et donc en quelque sorte le « tirer vers le bas ». Très<br />

souvent, la visite des IME et hôpit<strong>au</strong>x de jour notamment, mais <strong>au</strong>ssi d’<strong>au</strong>tres types<br />

d’établissements, fait peur <strong>au</strong>x <strong>par</strong>ents car ils ne veulent pas que leurs enfants soient<br />

mélangés avec d’<strong>au</strong>tres enfants plus « atteints ». Mettre son enfant avec des plus<br />

<strong>handicap</strong>és, c’est prendre le risque qu’il devienne comme eux, soit <strong>par</strong> mimétisme, soit<br />

simplement <strong>par</strong>ce qu’un des facteurs essentiels d’objectivation du degré de <strong>handicap</strong>,<br />

c’est le degré de <strong>handicap</strong> de ceux avec qui on est placé. Catherine Loski (journaliste ;<br />

ex-compagnon cadre bancaire) l’exprime clairement lorsqu’on lui propose de trouver un<br />

hôpital de jour pour sa fille Fanny (difficultés de compréhension, angoisses, <strong>au</strong>cun<br />

diagnostic) :<br />

« Je m’étais toujours refusée à l’hôpital de jour et comme Fanny était suivie <strong>par</strong>allèlement<br />

en psy, en CMPP, on m’a dit : ‘Mais (cherche ses mots) si on vous trouvait un centre qui<br />

corresponde exactement <strong>au</strong>x enfants en difficulté comme Fanny ?’, <strong>par</strong>ce que le principe<br />

(cherche ses mots) des hôpit<strong>au</strong>x de jour, c’est que tous les <strong>handicap</strong>s sont mélangés et on<br />

vous dit : ‘Ah ! mais c’est pas vrai qu’elle va souffrir avec des enfants encore plus<br />

<strong>handicap</strong>és qu’elle, <strong>au</strong> contraire, c’est bénéfique.’ Bon ça, f<strong>au</strong>dra qu’on me le prouve<br />

avant que je le fasse ! »<br />

Il s’agit alors de trouver pour son enfant un établissement où il ne soit pas « enfoncé » <strong>par</strong> des<br />

enfants plus <strong>handicap</strong>és que lui, mais plutôt « tiré vers le h<strong>au</strong>t », une expression qui revient<br />

souvent dans la bouche des <strong>par</strong>ents que j’ai rencontrés.<br />

Enfin, je fais l’hypothèse que les théories diagnostiques varient en fonction des<br />

solutions de prise en charge anticipées, et non uniquement adoptées [Béliard, 2008] 15 . Malgré<br />

l’orientation précoce des <strong>par</strong>ents de Frédéric vers une approche psychologique, ainsi que leur<br />

formulation progressive de ses difficultés en termes de « troubles de la personnalité », on peut<br />

remarquer qu’ils se sont toujours bien gardés de basculer du côté d’une approche en termes de<br />

maladie <strong>mental</strong>e. Ils adoptent tous deux le langage du <strong>handicap</strong>, de la limitation, du retard, et<br />

s’orientent de préférence vers des établissements dédiés à des enfants <strong>handicap</strong>és ment<strong>au</strong>x<br />

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