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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

d’intégration (CLIS ou classe de perfectionnement), ils pensent que le retour à la normale est<br />

proche et leur désillusion, <strong>au</strong> bout de quelques mois, est cruelle. Ils abandonnent alors l’idée<br />

de retards et <strong>par</strong>lent de troubles « dépressifs », de « fragilité ». Ils entreprennent également<br />

des recherches diagnostiques plus poussées et vont consulter des spécialistes dans un hôpital<br />

<strong>par</strong>isien, qui leur donnent pour la première fois un mot, celui de « borderline ». Ce diagnostic<br />

médical leur semble cependant encore très flou ; on leur traduit le terme <strong>par</strong> « état-limite »,<br />

que Sylvie traduit à son tour <strong>par</strong> « entre-deux », un diagnostic finalement assez proche de<br />

celui qu’elle a posé depuis longtemps. Ce diagnostic institutionnalise, officialise la situation<br />

intermédiaire de Frédéric, toujours entre deux états, mais <strong>au</strong>ssi entre deux établissements.<br />

Avant ce premier diagnostic médical, Marc et Sylvie n’avaient eu accès à <strong>au</strong>cun diagnostic<br />

proprement dit ; à l’hôpital de jour, ils s’étaient notamment heurtés à des médecins refusant de<br />

mettre des « étiquettes » sur les enfants.<br />

Les effets d’un diagnostic médical sur le travail d’identification de l’entourage varie<br />

d’un diagnostic à l’<strong>au</strong>tre. Certains diagnostics, relayés <strong>par</strong> un travail médical, associatif et<br />

institutionnel ont acquis une visibilité et une reconnaissance qui se traduit <strong>par</strong> des<br />

représentations assez détaillées chez les profanes, comme dans le cas de la trisomie 21.<br />

D’<strong>au</strong>tres en revanche, qui prêtent souvent davantage à débat dans le champ médical, ou qui<br />

concernent des pathologies moins fréquentes, laissent <strong>au</strong>x profanes une marge d’interprétation<br />

plus importante. Le diagnostic de « borderline » fait <strong>par</strong>tie de ces derniers et a surtout eu pour<br />

effet, dans le cas de Frédéric, de confirmer <strong>au</strong>x yeux de ses <strong>par</strong>ents sa situation<br />

exceptionnelle, inclassable, « entre-deux ». Leur théorie diagnostique se trouve ainsi<br />

renforcée <strong>par</strong> la légitimation médicale induite <strong>par</strong> ce diagnostic.<br />

Par ailleurs, notons que ce diagnostic relève habituellement davantage de la logique de<br />

la maladie <strong>mental</strong>e que de celle du <strong>handicap</strong> <strong>mental</strong>. Il qualifie en effet des troubles de la<br />

personnalité, de l’humeur, ap<strong>par</strong>aissant plutôt <strong>au</strong> cours de l’enfance ou de l’adolescence que<br />

dès la naissance. L’opposition entre <strong>handicap</strong> et maladie <strong>mental</strong>e structure en <strong>par</strong>tie, comme<br />

on l’a vu, le champ de prise en charge des enfants et adolescents atteints de problèmes<br />

ment<strong>au</strong>x, mais <strong>au</strong>ssi les représentations des profanes, qui opposent couramment ce qui relève<br />

de la folie et ce qui relève de la limitation intellectuelle. Cependant, <strong>au</strong>tour d’un cas singulier,<br />

la distinction n’est pas forcément évidente. Frédéric a commencé <strong>par</strong> être pris en charge dans<br />

des établissements accueillant plutôt des enfants atteints de troubles psychiques, relevant donc<br />

plutôt de la maladie <strong>mental</strong>e (hôpital de jour), avant d’être « réorienté » vers des<br />

établissements plutôt dédiés <strong>au</strong>x enfants et adolescents <strong>handicap</strong>és ment<strong>au</strong>x (les deux écoles<br />

privées hors-contrat, la classe de perfectionnement, l’IME). Ces établissements accueillent<br />

<strong>au</strong>ssi des enfants ayant des troubles psychiques, mais mettent davantage en œuvre des moyens<br />

pour dépasser les limitations intellectuelles de leurs élèves. La distinction entre <strong>handicap</strong> et<br />

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