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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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ces derniers, les luttes d’identification qu’ils livrent s’appuient sur la théorie diagnostique<br />

qu’ils ont développée vis-à-vis de leur enfant. La position qu’ils tiennent vis-à-vis de la CDES<br />

n’est pourtant pas une conséquence mécanique de cette théorie diagnostique puisque leur<br />

intérêt, on l’a vu, peut être de souligner plus qu’ils ne le font habituellement les difficultés et<br />

les limitations de leur enfant. Mais le fait même que cette pratique soit pour eux douloureuse<br />

montre bien à quel point leur théorie diagnostique est intimement liée à leur position vis-à-vis<br />

de la CDES.<br />

Si l’on s’intéresse maintenant à leur position vis-à-vis de la prise en charge<br />

institutionnelle proprement dite de leur enfant, on s’aperçoit que leurs théories diagnostiques<br />

ont là encore un poids très important. Pour <strong>au</strong>tant, il serait f<strong>au</strong>x d’affirmer que les choix de<br />

prise en charge des <strong>par</strong>ents découlent mécaniquement de leur théorie diagnostique, dont on va<br />

éprouver ci-dessous la plasticité.<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

1 L’effet des théories diagnostiques sur les <strong>par</strong>cours institutionnels<br />

Reprenons l’exemple de Frédéric (borderline, troubles du comportement, angoisses),<br />

dont j’ai détaillé le <strong>par</strong>cours institutionnel dans le chapitre précédent. Lorsqu’il entre à 14 ans<br />

dans un IMPro, ses <strong>par</strong>ents (Sylvie Man<strong>au</strong>d, institutrice, et Marc Patole, informaticien) ne<br />

sont toujours pas entièrement satisfaits de sa prise en charge institutionnelle et manifestent des<br />

signes de résignation devant son statut d’éternel « entre-deux » (entre deux établissements,<br />

entre deux diagnostics, entre la normalité et la pathologie) <strong>au</strong>quel il semble condamné. Or on<br />

peut mettre en <strong>par</strong>allèle, tout <strong>au</strong> long du <strong>par</strong>cours institutionnel de Frédéric, l’impression de<br />

ses <strong>par</strong>ents qu’il est à la fois entre deux diagnostics et entre deux établissements.<br />

Ses difficultés ont tout d’abord été pensées sous le signe de « l’hyper-activité », puis<br />

du retard sur le plan du graphisme. Frédéric est décrit comme n’étant pas bête, mais agité. Ses<br />

<strong>par</strong>ents recherchent pour lui une structure atypique, qui lui permette d’être plus libre que dans<br />

une scolarité ordinaire, et s’orientent tout d’abord vers une école Montessori. Après l’échec de<br />

cette solution, s’ils se laissent entraîner vers l’hôpital de jour, c’est qu’ils pensent que les<br />

retards de Frédéric peuvent dis<strong>par</strong>aître à condition d’être bien « traités ». Au bout de trois ans,<br />

les retards n’ayant pas dis<strong>par</strong>u et s’étant même plutôt accentués, Marc Patole et Sylvie<br />

Man<strong>au</strong>d traitent les difficultés de Frédéric comme de véritables « troubles de la<br />

personnalité », et s’orientent donc vers une structure prenant en charge de tels enfants. Les<br />

établissements qu’ils repèrent n’ayant pas de place pour Frédéric, ils se rabattent sur une<br />

petite école privée, hors-contrat, qui leur permet de le scolariser, toujours dans la perspective<br />

qu’il puisse combler ses retards. Lorsque, deux ans plus tard, on leur propose une classe<br />

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