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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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Oui oui, ben oui, elle m’a dit : ‘Je pensais qu’il fallait (hésite) presque noircir le table<strong>au</strong><br />

pour qu’on comprenne l’urgence de.’ Mais c’est pas comme ça que ça fonctionne, hein !<br />

c’est pas du tout ça !<br />

Et alors du coup, le deuxième ?<br />

Donc le deuxième, c’est ça (elle me le tend), ABC École. Attendez, celui-là, je vais le<br />

remettre <strong>par</strong>-là <strong>par</strong>ce que… (elle range le premier bilan, je lis le deuxième) Et encore j’ai<br />

fait changer <strong>par</strong>ce que… (s’arrête) là : ‘moyenne <strong>au</strong>tonomie’, <strong>par</strong>ce qu’elle avait mis<br />

‘faible <strong>au</strong>tonomie’. Je lui ai dit : ‘Non, dans la classification qui est celle de tout<br />

établissement spécialisé ou colonie de vacances adaptée, il est pas ‘faible <strong>au</strong>tonomie’, il<br />

est ‘moyenne <strong>au</strong>tonomie’, donc si vous mettez ‘faible’, c’est très faible. Comme elle avait<br />

mis la première fois : ‘très faible <strong>au</strong>tonomie’, c’est le f<strong>au</strong>teuil… (se reprend) je lui ai dit :<br />

‘c’est le f<strong>au</strong>teuil roulant, c’est on lui donne à manger, c’est les couches, c’est…‘<br />

(s’arrête) (rires) Vous voyez ? »<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

On comprend <strong>au</strong>ssi pourquoi certains rendez-vous médic<strong>au</strong>x peuvent aboutir à une<br />

lutte entre professionnels et <strong>par</strong>ents, ces derniers accusant souvent les premiers de n’avoir pas<br />

su faire révéler à l’enfant ses capacités et donc d’avoir rédigé un bilan trop négatif, ce qui peut<br />

être préjudiciable <strong>au</strong> moment des décisions d’orientation 9 . Si les <strong>par</strong>ents ne sont donc<br />

décidément pas dépourvus de marges de manœuvre, force est de constater que le jeu sur<br />

l’identification de leur enfant représente pour eux un véritable travail, qui demande<br />

d’importantes ressources en temps et en capacités d’argumentation notamment [Lesain-<br />

Delabarre et Garel, 1999b ; Lesain-Delabarre et Plaisance, 2003].<br />

Les luttes d’identification sont donc un moyen d’éclairer ce qui se joue dans les<br />

décisions d’orientation, entre <strong>par</strong>ents, professionnels de la santé et professionnels de la prise<br />

en charge des enfants <strong>handicap</strong>és ment<strong>au</strong>x. Elles vont permettre dans les chapitres suivants de<br />

mieux comprendre les mécanismes concrets des décisions d’orientation, qui se jouent <strong>au</strong><br />

moins entre ces trois acteurs.<br />

B. Théories diagnostiques et prise en charge institutionnelle<br />

L’identification dont j’ai <strong>par</strong>lé ci-dessus est le résultat d’un processus administratif<br />

dans lequel le rôle de la CDES est essentiel et celui des <strong>par</strong>ents non nul. Du point de vue de<br />

9 Que l’on se souvienne <strong>par</strong> exemple de la critique du bilan du médecin scolaire <strong>par</strong> Céline Luette (ancienne<br />

assistante de direction en reprise d’études, compagnon cadre bancaire), la mère de Manon (leucomalacie,<br />

difficultés intellectuelles, agitée), qui souhaitait que sa fille puisse entrer en CLIS et qui craignait que les<br />

« troubles du comportement » décrits <strong>par</strong> ce médecin ne l’en empêchent. Pour elle, c’était le médecin scolaire<br />

lui-même, qui ne savait pas s’y prendre avec les enfants, qui était responsable des troubles qu’il observait.<br />

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