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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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prendre une doudoune.’ Vous voyez ? (dit doucement) Quand on me dit que c’est 50 %…<br />

(s’arrête) »<br />

Marie Masure (enseignante, mère de Charles, qui a le syndrome d’Angelman) est<br />

encore plus explicite sur ce point :<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

« Ce que je trouve très déplaisant avec ces gens-là, (cherche ses mots) c’est que<br />

finalement, pour obtenir des choses, il f<strong>au</strong>t être soi-même très négatif, dans ses <strong>par</strong>oles,<br />

vis-à-vis de son enfant. De même que là, j’ai rempli un dossier pour les (cherche ses<br />

mots) nouve<strong>au</strong>x compléments de l’AES qu’on reçoit – je sais pas si vous voyez ce que<br />

c’est ?<br />

Oui oui, je vois.<br />

Oui ? – et donc bon ben pour enfoncer le clou, (cherche ses mots) il f<strong>au</strong>t voir les choses…<br />

(se reprend) exprimer les choses de la manière la plus négative possible. Et vraiment, j’ai<br />

trouvé ça très (insiste sur ce mot) déplaisant. Ça m’a gâché mes vacances de Toussaint,<br />

d’avoir ce truc-là à remplir, <strong>par</strong>ce que je trouve ça odieux qu’on soit obligé, finalement,<br />

de dire tout ce qui va pas, quoi ! d’insister sur tout ce qui va pas pour obtenir une aide.<br />

(cherche ses mots) Bon, le principe est vraiment extrêmement déplaisant. »<br />

On peut en outre noter dans cet extrait que l’existence d’un diagnostic proprement<br />

médical peut avoir une influence sur le t<strong>au</strong>x d’incapacité (ici, c’est le diagnostic Angelman<br />

qui permet manifestement de passer à 80 %), bien que ce soit loin d’être l’unique critère pris<br />

en considération.<br />

Cette impression d’une dévalorisation de l’enfant est <strong>au</strong>ssi liée <strong>au</strong> fait que celuici<br />

n’est pas pris en compte dans sa spécificité, sa singularité, en un mot en tant que<br />

personne, mais en tant qu’individu anonyme, que simple dossier <strong>par</strong>mi tant d’<strong>au</strong>tres.<br />

Les <strong>par</strong>ents insistent ainsi souvent à la fois sur le fait qu’ils (les membres de la CDES<br />

ou de la CCPE <strong>par</strong> exemple) ne connaissent pas du tout l’enfant, qu’ils n’ont même<br />

<strong>par</strong>fois pas lu son dossier (ou qu’ils font semblant de ne pas l’avoir lu pour obliger les<br />

<strong>par</strong>ents à raconter une fois de plus leur histoire) et qu’en plus ils sont traités comme des<br />

numéros. Non seulement le diagnostic de la CDES, qui fonctionne donc comme une<br />

identification, ap<strong>par</strong>aît souvent comme dégradant <strong>au</strong>x yeux des <strong>par</strong>ents, mais ils ont en<br />

plus le sentiment que leur propre façon de voir les choses n’est absolument pas prise en<br />

compte. Ce qui les incline à penser ainsi, c’est notamment que la CDES leur interdit en<br />

quelque sorte de gérer le secret <strong>au</strong>tour du diagnostic de leur enfant. On peut en effet<br />

penser qu’en matière de <strong>handicap</strong> <strong>mental</strong> en tout cas, la reconnaissance d’une<br />

compétence spécifique passe <strong>par</strong> l’attribution d’un droit <strong>au</strong> secret. C’est évidemment le<br />

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