27.12.2013 Views

'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Chapitre IX.<br />

La prise en charge institutionnelle vue <strong>par</strong> les <strong>par</strong>ents<br />

Alors que l’on a souvent tendance à prendre le point de vue de l’offre institutionnelle<br />

pour expliquer les difficultés de prise en charge des enfants et adolescents <strong>handicap</strong>és<br />

ment<strong>au</strong>x (manque de places dans les établissements, inadaptation des établissements <strong>au</strong>x<br />

problèmes rencontrés <strong>par</strong> les enfants etc.), on se propose ici d’inverser le regard et de <strong>par</strong>tir de<br />

celui des <strong>par</strong>ents d’enfants pris en charge dans ce champ. Plus précisément, il s’agit de <strong>par</strong>tir<br />

de leurs théories diagnostiques et de voir dans quelle mesure elles peuvent éclairer les<br />

<strong>par</strong>cours institutionnels observés.<br />

A. L’identification des enfants, objet de luttes<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

L’essentiel des marges de manœuvre des <strong>par</strong>ents tient à la façon dont est caractérisé<br />

l’enfant, ce qui n’a rien d’étonnant puisqu’on a vu que le système de prise en charge<br />

fonctionnait largement sur les agréments des institutions, qui déterminent <strong>par</strong> le biais des<br />

« désignations » le profil des enfants susceptibles d’être accueillis. Les enfants suspectés<br />

d’être <strong>handicap</strong>és ment<strong>au</strong>x sont en effet l’objet de tout un jeu d’identifications,<br />

potentiellement contradictoires, qui conditionnent assez largement leurs possibilités futures de<br />

prise en charge. Je propose de <strong>par</strong>ler « d’identifications » et non d’identité ou d’évaluation<br />

dans la mesure où elles proviennent de l’extérieur, de différentes personnes habilitées à les<br />

formuler, mais visent à décrire le comportement, les caractéristiques, les possibilités de<br />

l’enfant ou adolescent. De même que Gérard Noiriel [1991] montre que l’identité nationale<br />

est en <strong>par</strong>tie le produit d’un travail administratif d’élaboration via la création et l’extension<br />

progressive de la carte d’identité, l’identification est ici vue en <strong>par</strong>tie comme le produit de<br />

l’activité administrative des commissions de l’éducation spéciale.<br />

La CDES est l’instance d’orientation des enfants <strong>handicap</strong>és la plus importante depuis<br />

sa création suite à la loi de 1975 1 et jusqu’à son remplacement prévu <strong>par</strong> la loi de 2005 <strong>par</strong> la<br />

Commission des droits et de l’<strong>au</strong>tonomie des personnes <strong>handicap</strong>ées (CDAPH) (présente <strong>au</strong><br />

sein des maisons dé<strong>par</strong>te<strong>mental</strong>es des personnes <strong>handicap</strong>ées (MDPH)). Elle conseille, oriente<br />

les enfants en fonction du dossier qu’elle constitue sur eux et accorde ou non les aides<br />

spécifiques <strong>au</strong> <strong>handicap</strong> de l’enfant (Allocation d’éducation spéciale notamment). Le critère<br />

principal sur lequel elle se fonde pour attribuer ces aides et formuler des avis d’orientation est<br />

le t<strong>au</strong>x d’incapacité, que sa commission de spécialistes attribue après examen du dossier d’un<br />

1 cf. l’encadré sur la CDES dans le chapitre précédent.<br />

253

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!