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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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« Ce qui est le plus fonda<strong>mental</strong>ement en c<strong>au</strong>se, c’est la traduction des classifications des<br />

enfants et des adolescents <strong>handicap</strong>és, ou en difficulté, en des termes institutionnels qui<br />

établissent des barrières rigides, des éliminations de telle ou telle population qui ne<br />

conviendrait pas, et vont à l’encontre des orientations vers l’intégration dans les structures<br />

ordinaires. C’est l’effet pervers (<strong>au</strong> sens précis d’un effet qui n’est pas explicitement<br />

voulu) de la « logique de filière », fortement critiquée <strong>par</strong> de nombreux observateurs de la<br />

situation française. » [Plaisance et Gardou, 2001, p. 9]<br />

Parmi ces observateurs critiques, Éric Plaisance et Charles Gardou citent François<br />

Chapire<strong>au</strong>, qui dénonce lui <strong>au</strong>ssi la « logique de filière » et reproche <strong>au</strong>x classifications de<br />

réduire les enfants et adolescents <strong>handicap</strong>és à leur <strong>handicap</strong> :<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

« L’ensemble de nos dispositifs médic<strong>au</strong>x et médico-soci<strong>au</strong>x est construit selon le<br />

principe d’adéquation : une personne, à un moment donné, correspond à un établissement<br />

ou un service. Selon ce principe, pour améliorer les dispositifs, il f<strong>au</strong>t améliorer le<br />

classement des personnes. C’est une logique de filière. (…) Une fois engagée sur une<br />

piste, une personne ne passe pas facilement dans une <strong>au</strong>tre. (…) La difficulté vient du fait<br />

que l’hypothèse de l’adéquation est une hypothèse approximative, et que souvent une<br />

personne souffre à la fois de plusieurs difficultés sur des plans distincts, qui ne peuvent<br />

pas être regroupées dans une notion simple et homogène, que ce soit la maladie, le<br />

<strong>handicap</strong>, le cas social, etc. Au lieu d’une logique de filières, il f<strong>au</strong>drait une logique<br />

d’itinéraire personnel, basée sur les éléments complexes qui forment de manière<br />

dynamique la situation d’une personne donnée dans un environnement donné. »<br />

[Chapire<strong>au</strong>, 1999, p. 146-147]<br />

Les observateurs du système ne sont pas les seuls à le critiquer et les <strong>par</strong>ents des<br />

princip<strong>au</strong>x intéressés fustigent eux <strong>au</strong>ssi bien souvent en entretien sa rigidité et l’absence de<br />

réels changements malgré les effets d’annonce <strong>au</strong>tour du thème de l’intégration. Une<br />

opposition de générations est ici très nette : les <strong>par</strong>ents des adolescents d’<strong>au</strong>jourd’hui tiennent<br />

fréquemment un discours critique sur les instituts que la génération précédente a contribué à<br />

créer, il est vrai pour des enfants lourdement <strong>handicap</strong>és qu’il s’agissait d’enlever à l’hôpital<br />

psychiatrique. En même temps, be<strong>au</strong>coup d’entre eux se défient de l’intégration à tout prix<br />

dans une classe ordinaire, qui peut se traduire <strong>par</strong> une expérience douloureuse d’échec pour<br />

l’enfant. Ce sont ces positions, complexes et multiples, que l’on va maintenant observer plus<br />

en détail en confrontant <strong>au</strong>x principes décrits ci-dessus la réalité des <strong>par</strong>cours institutionnels<br />

des jeunes <strong>handicap</strong>és ment<strong>au</strong>x.<br />

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