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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

des colères fréquentes ou des angoisses plus ou moins fortes. De manière plus générale, on<br />

pourrait dire que les garçons sont davantage jugés de manière unidimensionnelle (selon le<br />

critère de l’intelligence, qui écrase tous les <strong>au</strong>tres, s<strong>au</strong>f peut-être celui du comportement, qui<br />

est cependant le plus possible mis entre <strong>par</strong>enthèses), tandis que les filles sont jugées sur de<br />

multiples plans. On prend en compte non seulement leur intelligence, mais <strong>au</strong>ssi leur<br />

physique ou encore leurs capacités relationnelles et affectives. Il est donc plus facile de les<br />

penser selon le schéma de la différence de nature, et <strong>au</strong>ssi de les qualifier de « différentes ».<br />

Ces différences de perception des filles et des garçons rappellent ce que relève Michel Bozon<br />

[1991] lorsqu’il analyse les liens entre « ap<strong>par</strong>ence physique et choix du conjoint » : les<br />

femmes sont surtout sensibles à ce qui évoque chez les hommes l’intelligence, le sérieux, la<br />

stabilité professionnelle, tandis que les hommes sont sensibles chez les femmes à diverses<br />

qualités physiques, de caractère et relationnelles 17 .<br />

Si l’on lit maintenant ce même table<strong>au</strong> 5 plus en colonnes qu’en lignes, on peut faire<br />

quelques hypothèses sur l’influence du milieu social des <strong>par</strong>ents. Les caractérisations de<br />

« retard <strong>mental</strong> » et « retard <strong>mental</strong> avec troubles associés ont la <strong>par</strong>ticularité de différencier<br />

faiblement l’adolescent <strong>handicap</strong>é des adolescents subissant un échec scolaire classique, du<br />

fait d’un « <strong>handicap</strong> » qu’on appelle <strong>par</strong>fois « socio-culturel », c’est-à-dire du fait de la<br />

faiblesse du capital culturel que peut lui transmettre son entourage. On peut penser que<br />

l’assimilation entre <strong>handicap</strong> <strong>mental</strong> et <strong>handicap</strong> socio-culturel est d’<strong>au</strong>tant plus<br />

problématique que l’on se situe dans un milieu social favorisé. Pour se distinguer de cette<br />

catégorie socialement dévalorisante de <strong>handicap</strong> socio-culturel, la stratégie principale consiste<br />

à imputer le retard de l’enfant à une <strong>au</strong>tre c<strong>au</strong>se qu’une m<strong>au</strong>vaise éducation ou qu’un manque<br />

de ressources culturelles. Or <strong>par</strong>mi les <strong>par</strong>ents des adolescents qui sont caractérisés ainsi, ceux<br />

qui ap<strong>par</strong>tiennent à un milieu social aisé sont <strong>au</strong>ssi ceux qui ont développé des théories<br />

diagnostiques bien assurées : Arn<strong>au</strong>d (<strong>par</strong>ents publiciste et directeur administratif) et Sarah<br />

(<strong>par</strong>ents ingénieurs) sont trisomiques ; Pierre-Yves (<strong>par</strong>ents enseignants) a des troubles de<br />

type aphasique que ses <strong>par</strong>ents mettent fortement en avant ; Charles (mère enseignante) et<br />

P<strong>au</strong>line (<strong>par</strong>ents médecin et ingénieur) ont des syndromes génétiques rares (Angelman et<br />

WAGR), que leurs mères ont fini <strong>par</strong> découvrir après be<strong>au</strong>coup de recherches et d’efforts.<br />

Manon (mère assistante de direction, père chargé de clientèle, be<strong>au</strong>-père cadre bancaire) est<br />

dans une situation intermédiaire sur le plan social et sur le plan diagnostique puisque sa mère<br />

insiste sur l’origine neurologique de ses troubles (leucomalacie) tout en soulignant qu’on n’en<br />

connaît pas l’origine et que le diagnostic reste donc incomplet. Enfin, Axel et Anaïs sont les<br />

adolescents dont les <strong>par</strong>ents sont le plus dans l’incertitude, bien qu’ils aient tous deux une<br />

17 Je remercie Aude Béliard de m’avoir aidé à formulé toutes ces hypothèses.<br />

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