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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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Moi <strong>au</strong> début, je pensais que c’était psychologique et que dans six mois, tout irait bien.<br />

Donc j’ai pensé ça un an, deux ans, trois ans, quatre ans, et puis en fait, quand elle a eu<br />

neuf-dix ans, je me suis dit : ‘Bon à mon avis, le problème vient pas de là, quoi.’ Parce<br />

qu’on sent, on voit bien qu’y’a <strong>au</strong>tre chose. Mais bon, (cherche ses mots) je pouvais pas<br />

mettre de maladie, je veux dire, quand elle était comme ça, on me disait : ‘Qu’est-ce<br />

qu’elle a ?’, ben j’avais rien à dire, je savais pas ce qu’elle avait. »<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

Si l’hypothèse d’une origine psychologique est assez nettement écartée <strong>par</strong> la mère<br />

d’Anne-Lise, qui penche plutôt pour une origine génétique/biologique, la question du moment<br />

de survenue des troubles qualifiés a posteriori d’<strong>au</strong>tistiques reste posée. Comme l’exprime<br />

plus clairement le père d’Anne-Lise ci-dessous, tous deux pensent en fait plutôt à un problème<br />

survenue pendant la grossesse. Des théories médicales, davantage prises <strong>au</strong> sérieux <strong>au</strong>x États-<br />

Unis qu’en France, cherchent en effet à expliquer l’<strong>au</strong>tisme <strong>par</strong> des formes d’allergie, <strong>par</strong><br />

exemple <strong>au</strong> mercure, qui se développent pendant la grossesse. C’est sûrement à ce genre<br />

d’explication que le père d’Anne-Lise fait évasivement référence (lors de notre unique<br />

entretien téléphonique), avant de couper court à toute relance sur le sujet :<br />

« Ce qu’on a supposé, c’est qu’il y a eu un problème de gestation, maintenant rien de<br />

bien… (s’arrête) Pour expliquer le problème, là je sais pas. (cherche ses mots) Puis de<br />

toute façon, ça changerait pas grand-chose d’avoir… (s’arrête) Ça rassure pas<br />

spécialement, ça sert à rien de (hésite) revenir sur ce qui est passé. »<br />

Les <strong>par</strong>ents d’Anne-Lise penchent donc pour une survenue des problèmes pendant la<br />

grossesse tout en retenant plutôt une origine biologique à l’<strong>au</strong>tisme de leur fille. On est là<br />

encore dans un cas de figure rare, mais il est intéressant de voir que les manières dont les<br />

différentes hypothèses explicatives se croisent peuvent être diverses et donnent accès à des<br />

théories diagnostiques explicatives que le table<strong>au</strong> suivant synthétise. En plus des chiffres qui<br />

portent toujours sur l’ensemble des cas que j’ai étudiés, je propose en italiques une<br />

formulation condensée de la théorie diagnostique explicative correspondante, illustrée <strong>par</strong> une<br />

citation issue de mon corpus d’entretiens.<br />

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