27.12.2013 Views

'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

professionnels sur lesquels ils se sont appuyés, notamment la notion de « dysharmonie », qui<br />

désigne un décalage entre les performances de Frédéric d’un domaine à l’<strong>au</strong>tre. Il ne f<strong>au</strong>t pas<br />

non plus oublier qu’à l’heure où Marc me <strong>par</strong>le, il a connaissance du diagnostic de<br />

« borderline » qu’un psychiatre a posé sur Frédéric, qu’il ne trouve cependant pas<br />

franchement éclairant :<br />

« Ben là, (cherche ses mots) ce qui a été posé <strong>par</strong> un certain nombre de psy, c’est qu’il est<br />

état-limite. État-limite, borderline, (cherche ses mots) (soupire) donc c’est pas<br />

franchement psychotique, mais il est à la limite de passer dans la psychose à certains<br />

moments. Alors après… (s’arrête) voilà. (cherche ses mots) Alors je connais pas la c<strong>au</strong>se,<br />

c’est un diagnostic, enfin c’est un état de fait. Et ça, ça a été posé puis après, même, <strong>par</strong><br />

rapport à ça, ça a pu amener des entraves à son développement intellectuel. (réfléchit) La<br />

raison du dé<strong>par</strong>t, ben on connaît pas. On peut construire tout ce qu’on veut mais de toute<br />

façon… »<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

Là encore, « construire tout ce qu’on veut », c’est élaborer une théorie diagnostique,<br />

tenant compte de ce diagnostic de « borderline » mais lui donnant du sens et si possible une<br />

origine (on a <strong>par</strong> exemple évoqué précédemment l’hypothèse psycho-généalogique suivie <strong>par</strong><br />

la mère de Frédéric).<br />

Cependant, ces théories ne peuvent être exprimées n’importe quand. La légitimité à<br />

exposer de telles théories varie non seulement d’une personne à l’<strong>au</strong>tre (selon les différentes<br />

ressources sociales dont on dispose), mais <strong>au</strong>ssi d’un contexte à l’<strong>au</strong>tre. Devant un<br />

professionnel, et malgré le renforcement de la légitimité dont jouit la <strong>par</strong>ole des <strong>par</strong>ents, il est<br />

difficile de trouver l’aplomb pour exposer sa propre vision des faits, surtout quand elle<br />

contredit, en <strong>par</strong>tie ou totalement, celle du professionnel. Devant un sociologue en revanche,<br />

les <strong>par</strong>ents sont mis en position d’experts de leurs enfants, surtout si on leur demande<br />

directement de les décrire et d’analyser leurs caractéristiques. Cette position est d’ailleurs<br />

revendiquée <strong>par</strong> certains d’entre eux, qui se définissent comme des « spécialistes » :<br />

Patrick Duchesnais, journaliste, père de Clément (difficultés intellectuelles, difficultés de<br />

concentration, agité, <strong>au</strong>cun diagnostic)<br />

« Je ne suis pas spécialiste du <strong>handicap</strong>, je ne suis pas spécialiste de l’Éducation<br />

Nationale et de l’éducation adaptée, des structures, je suis un tout petit peu spécialiste de<br />

Clément, je crois que Clément serait heureux en CAT. »<br />

193

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!