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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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la société des valides et celle des invalides qui n’existe pas vraiment. On pourrait dire que la<br />

liminalité est maximale lorsqu’<strong>au</strong>cune catégorie normalisatrice ne vient englober des troubles<br />

incertains, non identifiés.<br />

L’étude d’Albert Ogien [1992] sur un CMPP permet d’affiner l’analyse. Ayant eu<br />

accès <strong>au</strong> point de vue des divers professionnels du centre et <strong>au</strong>x correspondances avec les<br />

<strong>par</strong>ents des enfants accueillis, il mène une réflexion sur l’usage des taxinomies médicales <strong>par</strong><br />

les uns et <strong>par</strong> les <strong>au</strong>tres. Il commence <strong>par</strong> montrer que les taxinomies et l’apposition d’un<br />

diagnostic sont <strong>par</strong>ticulièrement critiquées <strong>par</strong> les professionnels quand elles sont appliquées à<br />

des enfants, pour <strong>au</strong> moins trois raisons : les enfants sont pris dans un processus de<br />

maturation ; les symptômes peuvent être réversibles ; les effets de l’annonce du diagnostic<br />

sont potentiellement négatifs et fixistes. En même temps, l’établissement d’un diagnostic ou<br />

<strong>au</strong> moins une première description et compréhension des symptômes présentés est un<br />

préalable essentiel <strong>au</strong> travail thérapeutique car<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

« à déf<strong>au</strong>t d’une quelconque objectivation du mal et d’une définition, même provisoire,<br />

de l’orientation qu’il s’agit de donner à l’observation et <strong>au</strong> traitement, l’activité de soin se<br />

retrouverait, probablement, dénuée de fondements pratiques ; et le médecin, démuni des<br />

moyens lui permettant de prendre des décisions avisées et d’en évaluer les effets. En<br />

somme, incapable d’exercer son métier. » [Ogien, 1992, p. 50]<br />

Les controverses sur l’utilité de l’apposition d’un diagnostic psychiatrique à un enfant<br />

engendrent une situation ambiguë dans laquelle les psychiatres du CMPP forment des<br />

diagnostics sans toujours les formuler et sans forcément les tenir pour essentiels. Dans ces<br />

conditions, les <strong>au</strong>tres intervenants du centre sont privés de ce cadre d’interprétation des<br />

troubles des enfants accueillis et réduits à se forger leur propre conviction sur la question :<br />

« Le diagnostic n’est pas une donnée déterminante dans l’élaboration du jugement que les<br />

membres de l’équipe du Secteur portent sur les enfants qu’ils reçoivent. Le premier indice<br />

dont ils disposent à cette fin est le fait même de l’accueil dans une institution<br />

psychiatrique. D’<strong>au</strong>tres proviennent de l’examen de l’allure physique et de l’attitude<br />

générale. Puis cette perception immédiate est lentement travaillée <strong>par</strong> l’observation du<br />

comportement que l’enfant manifeste dans le cours de la prise en charge. Dans le cadre<br />

du Secteur, le recours <strong>au</strong>x catégories savantes de l’interprétation psychiatrique compte<br />

peu dans l’appréciation de la condition pathologique de l’enfant : l’idée que les<br />

professionnels s’en font leur suffit pour mettre en œuvre une intervention appropriée. On<br />

peut donc faire l’hypothèse que, à déf<strong>au</strong>t de diagnostic, des catégorisations déduites de<br />

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