27.12.2013 Views

'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

entre les logiques profanes de certaines entités culturelles et la logique médicale, distance qui<br />

éclairerait les heurs et malheurs de la communication entre médecins et patients. Doris Bonnet<br />

montre comment ces premières approches anthropologiques de taxinomie des maladies ont été<br />

dans un second temps vivement critiquées car elles gommaient les conditions historiques et<br />

sociales de production de ces représentations, et donc les rapports de pouvoir sous-jacents <strong>au</strong>x<br />

interactions entre profanes et médecins [Young, 1982 ; Good, 1994].<br />

La prise en compte du contexte historique et social et des enjeux de pouvoir ont petit à<br />

petit fait évoluer l’anthropologie classique de la maladie vers une anthropologie médicale qui<br />

prend en compte de manière plus large les interactions entre médecins et profanes et la<br />

pluralité des pratiques et motivations de ces derniers [Bonnet, 1999]. Ce nouve<strong>au</strong> courant de<br />

l’anthropologie porte de rudes attaques contre le lien présumé entre représentations et<br />

comportements en matière de santé. En anthropologie comme en sociologie, il était en effet<br />

admis qu’un des intérêts majeurs de l’étude des représentations était de comprendre les<br />

pratiques des profanes en matière de santé, en <strong>par</strong>ticulier l’accès <strong>au</strong>x soins. C’est <strong>par</strong> exemple<br />

ainsi que Cl<strong>au</strong>dine Herzlich justifie en <strong>par</strong>tie sa grande étude sur les représentations de la<br />

santé et de la maladie, puisqu’elle affirme que le champ des représentations « porte tout à la<br />

fois sur des états (…) et leurs critères, sur des personnes (…), leurs comportements et leurs<br />

rôles » [Herzlich, 2005, p. 23]. Or c’est justement ce lien entre représentations et<br />

comportements qu’attaque l’anthropologie médicale dans le sillage de Sylvie Fainzang. Par<br />

des études de cas précises, celle-ci met en lumière le « décalage pouvant exister entre la<br />

perception qu’un individu a de sa maladie et les conduites qu’il adopte pour y faire <strong>face</strong> »<br />

[Fainzang, 2001, p. 10], la première étant surtout influencée <strong>par</strong> le contexte historique et<br />

social, tandis que les secondes sont prises dans de multiples enjeux qui dépassent<br />

fréquemment le strict domaine de la santé [Fainzang, 1997]. Il serait donc selon Sylvie<br />

Fainzang assez vain de chercher un lien mécanique entre représentations et comportements en<br />

matière de santé.<br />

Il est intéressant de remarquer que le même genre de critiques peut se retrouver non<br />

plus en anthropologie de la santé, mais en sociologie ou anthropologie de la <strong>par</strong>enté. Dans un<br />

article bibliographique de synthèse, Jean-Hugues Déch<strong>au</strong>x [2006a] analyse quatre<br />

publications récentes sur les études de <strong>par</strong>enté [Incidence, 2005 ; Godelier, 2004 ; Weber F.,<br />

2005 ; Carsten, 2004]. Soulignant la somme de connaissances que représente l’ouvrage de<br />

M<strong>au</strong>rice Godelier, il pointe néanmoins le fait que l’<strong>au</strong>teur relie un peu trop mécaniquement<br />

les représentations sociales et culturelles de la conception à l’ordre social dans lesquelles elles<br />

prennent place :<br />

5 Les lignes qui suivent reprennent des passages d’une communication que j’ai effectuée avec Aude<br />

186

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!