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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

sociales occupent une place encore plus importante dans la réflexion [Jodelet, 1993] et ont été<br />

étudiées pour la folie [Jodelet, 1989] comme pour le <strong>handicap</strong> [Gardou, 1991 ; Morvan,<br />

1997]. La sociologie n’est pas en reste et s’associe <strong>par</strong>fois à la psychologie et à l’histoire pour<br />

mettre en évidence les représentations du <strong>handicap</strong> <strong>mental</strong> de l’antiquité à nos jours [Cas<strong>par</strong>,<br />

1994 ; Michelet et Woodill, 1993 ; Rav<strong>au</strong>d et Ville, 1994]. Certaines études se centrent sur les<br />

représentations de certains groupes soci<strong>au</strong>x [Boursier et alii, 2000], d’<strong>au</strong>tres sur des domaines<br />

<strong>par</strong>ticuliers [Giami, Humbert-Viveret, Laval, 2001], d’<strong>au</strong>tres encore sur des médias<br />

spécifiques comme les œuvres d’art [Blanc et Stiker, 2003]. Malgré leur diversité, les<br />

représentations sociales ont toujours deux caractéristiques : elles sont macrosociales (c’est-àdire<br />

qu’elles ne varient pas d’un individu à l’<strong>au</strong>tre, mais d’un groupe à l’<strong>au</strong>tre) et largement<br />

indépendantes du contexte d’action (les représentations d’un individu ne varient pas<br />

immédiatement selon qu’il se trouve dans telle ou telle situation). C’est d’ailleurs là leur<br />

intérêt : extraire des variations individuelles de la pensée des catégories générales et durables,<br />

qui sont certes influencées <strong>par</strong> le contexte social et historique, mais à une grande échelle<br />

uniquement.<br />

De ce fait, ces grandes représentations cadrent mal avec les rapides transformations<br />

des catégories de pensée des personnes qui sont soudainement confrontées à un problème qui<br />

les avait jusque-là é<strong>par</strong>gnées, comme <strong>par</strong> exemple le <strong>handicap</strong> <strong>mental</strong> d’un enfant. Les<br />

analyses qui cherchent à adopter le point de vue du malade sur sa maladie, ou de la personne<br />

<strong>handicap</strong>ée sur son <strong>handicap</strong>, sont d’ailleurs menées dans une perspective bien distincte des<br />

analyses précédemment citées sur les représentations profanes de la santé et de la maladie.<br />

Depuis les trav<strong>au</strong>x d’Eliot Freidson [1984] notamment, cette approche est classique en<br />

sociologie de la santé. En France, l’article de Luc Boltanski [1971] sur les « usages soci<strong>au</strong>x<br />

du corps » essaye pourtant de faire le pont entre représentations profanes et point de vue du<br />

patient : il montre en effet que selon la classe sociale à laquelle on ap<strong>par</strong>tient, on ne perçoit<br />

pas de la même façon les sensations morbides, notamment <strong>par</strong>ce qu’on ne les nomme pas<br />

selon les mêmes catégories, ce qui engendre des rapports de force différents avec le médecin.<br />

Cette analyse aboutit à la mise en évidence de différentes « cultures somatiques » selon les<br />

classes sociales, qui engendrent entre <strong>au</strong>tres des perceptions très différentes de la maladie, et<br />

qu’on peut relier à l’usage qui est fait du corps dans telle classe sociale. Luc Boltanski en<br />

vient finalement à critiquer la notion de besoin naturel pour montrer que les besoins sont le<br />

produit de la diffusion de certaines catégories de perception et mettre en valeur la notion<br />

« d’habitus corporel ». Selon cette approche, les cultures somatiques, qui sont si l’on veut des<br />

représentations sociales du corps incorporées, gouvernent les manières de penser, de dire et de<br />

faire des patients. D’<strong>au</strong>tres trav<strong>au</strong>x postulent moins une telle action directe des cultures<br />

somatiques sur l’expérience profane de la maladie et laissent davantage de place <strong>au</strong>x<br />

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