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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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Chapitre VII.<br />

Des discours professionnels <strong>au</strong>x théories diagnostiques<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

Les rapports de force entre professionnels et <strong>par</strong>ents, que l’on a soulignés depuis le<br />

début de cette <strong>par</strong>tie, ne signifient pas qu’il y ait un véritable antagonisme entre eux. Les<br />

discours professionnels sont tout à la fois des moyens de pression, des instruments de<br />

violence symbolique et des points d’appui, des outils pour comprendre et agir. L’objectif de<br />

ce chapitre est de montrer que si l’on adopte le point de vue des <strong>par</strong>ents, le résultat de ces<br />

influences contradictoires, qui se mêlent en outre à d’<strong>au</strong>tres discours et d’<strong>au</strong>tres influences, est<br />

la construction, <strong>au</strong>tour de chaque enfant, de ce que j’appelle des théories diagnostiques 1 qui<br />

visent non seulement à caractériser les difficultés d’un enfant, mais <strong>au</strong>ssi dans la mesure du<br />

possible à en fournir des pistes d’explication et à en évaluer les conséquences, notamment sur<br />

l’avenir de l’enfant. Il s’agit donc de préciser la teneur et le statut de ces théories, de voir<br />

comment elles se forment et évoluent, avant d’en tirer des enseignements sur leurs enjeux<br />

institutionnels et famili<strong>au</strong>x lors des deux <strong>par</strong>ties suivantes.<br />

A. Point de vue profane ou théories diagnostiques ?<br />

Portée notamment <strong>par</strong> les trav<strong>au</strong>x d’Eliot Freidson [1984], la notion de point de vue<br />

profane en santé a eu un succès considérable en sociologie. Que ce soit pour étudier les<br />

représentations des non médecins ou prendre en compte la subjectivité des patients, l’adjectif<br />

« profane » a été abondamment utilisé et a concouru à opposer radicalement catégories<br />

savantes et catégories profanes. Un réexamen de cette opposition est pourtant possible, qui<br />

montre que son durcissement rend difficile la saisie des théories diagnostiques élaborées <strong>par</strong><br />

les patients, personnes <strong>handicap</strong>ées et leur entourage.<br />

1 Le point de vue profane en question<br />

La question des représentations profanes de la santé et de la maladie, c’est-à-dire en<br />

l’occurrence véhiculées <strong>par</strong> les non spécialistes de la santé, n’est pas une nouve<strong>au</strong>té en<br />

sciences sociales. Les anthropologues notamment y ont consacré de nombreuses études à<br />

travers le monde [Augé et Herzlich, 1984]. En psychologie sociale, les représentations<br />

1 Ce concept est l’aboutissement d’une réflexion commune avec Aude Béliard, qui travaille actuellement en<br />

thèse sur : « Les personnes âgées atteintes de troubles cognitifs <strong>au</strong>jourd’hui en France : du diagnostic à la prise<br />

en charge », sous la direction de Florence Weber, à l’Université Paris 8.<br />

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