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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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assuré que c’était bien de ça que Mickaël souffrait), Caroline a en effet changé assez<br />

radicalement d’attitude dans be<strong>au</strong>coup de domaines :<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

« On a cessé de ne pas comprendre pourquoi il arrivait pas à boutonner et s’acharner làdessus.<br />

Bon, on avait bien commencé à dire : ‘Ben finalement, les vêtements qui se<br />

passent <strong>par</strong> la tête, c’est plus facile que… (s’arrête)’ Mais quelque <strong>par</strong>t, si c’est pas un<br />

spécialiste, ponte d’un (cherche ses mots) hôpital hyper-spécialisé, très pointu sur les<br />

problèmes moteurs (hésite) qui vous dit ça, vous vous obstinez ! Vous vous dites : ‘Il va<br />

finir <strong>par</strong>… (s’arrête)’ Si on vous dit : ‘C’est un retard’, il va finir <strong>par</strong> apprendre à<br />

boutonner ! Si on vous dit : ‘Écoutez, mettez donc en place, en attendant qu’il sache<br />

boutonner, d’<strong>au</strong>tres moyens qui finalement lui empoisonneront moins la vie’, finalement<br />

ben on se dit : ‘Ben oui, pourquoi se faire chier ?’ Alors lacer les souliers, Mickaël, il n’a<br />

que des ch<strong>au</strong>ssures à scratch et maintenant, je vais vous dire une chose, si de sa vie, il ne<br />

sait pas (cherche ses mots) lacer avec des lacets de ch<strong>au</strong>ssure, lui, nous, on s’en<br />

contrefiche ! (cherche ses mots) Mais ça, dire cette <strong>par</strong>ole-là, ça nécessite des années de<br />

maturation. Parce que tant que y’a pas un spécialiste qui vous a dit : ‘On peut très bien<br />

vivre sans savoir lacer ses ch<strong>au</strong>ssures.’, vous continuez à vous obstiner à penser que c’est<br />

un problème et qu’il f<strong>au</strong>t apprendre à lacer ou à boutonner. C’est dingue ! l’esprit, comme<br />

on a l’esprit tourné. »<br />

Caroline adopte à tel point ce diagnostic qu’elle crée, avec une <strong>au</strong>tre mère d’enfant<br />

dyspraxique, une association sur le sujet qui regroupe <strong>au</strong> bout de quelques années trois cents<br />

adhérents. À <strong>par</strong>tir de ce moment, même si l’avenir de Mickaël reste incertain et même si<br />

l’origine des troubles dyspraxiques reste à ce jour largement inconnue, Caroline arrive <strong>au</strong> bout<br />

de sa quête diagnostique dans la mesure où elle a une vision relativement stable de l’avenir de<br />

Mickaël, où le schéma de trajectoire qu’elle a en tête lui a permis d’interpréter la plu<strong>par</strong>t des<br />

événements qui surviennent. Elle <strong>par</strong>le d’ailleurs elle-même de « deuxième nive<strong>au</strong><br />

d’acceptation » du <strong>handicap</strong> lorsqu’elle évoque l’avenir de son fils :<br />

« Alors ça, c’est encore un deuxième nive<strong>au</strong> d’acceptation du <strong>handicap</strong> de Mickaël, qui<br />

est un peu plus stressant, qui est plus dans la prise de conscience progressive des un,<br />

deux, trois dernières années (léger rire). (cherche ses mots) Alors ma façon de voir<br />

l’avenir – vous voulez que je vous <strong>par</strong>le un petit peu de… ?<br />

Oui, oui !<br />

Alors moi, dès le dé<strong>par</strong>t, j’ai eu d’énormes questionnements sur l’avenir, l’insertion de<br />

Mickaël dans la société, dès que j’ai pris conscience de ce <strong>handicap</strong>. Alors pendant<br />

longtemps, c’est vrai qu’on a eu un peu l’espoir qu’il pourrait s’insérer, combler plus ou<br />

moins son retard, trouver des moyens d’insertion. Quand le gamin a moins de dix, douze,<br />

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