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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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n’avait pas de réponse, ce monsieur freudien. C’était sans doute dû (rires) à des choses<br />

mystérieuses qui nécessitaient une prise en charge. Et voilà.<br />

C’était le psy du CMPP ?<br />

C’était le psy du CMPP. Bon. Donc moi, je sortais de là-dedans énervée, quoi. Et puis en<br />

même temps, je voyais que Mickaël, quand il remettait le stylo (veut dire le capuchon) du<br />

feutre, il était comme ça (gestes : le capuchon arrive à côté du feutre). Alors ça c’est<br />

psychologique, peut-être ? Un jour, (cherche ses mots) je lui ai dit : ‘Vous croyez que<br />

c’est psychologique et que c’est <strong>par</strong>ce qu’il a mal assumé son Œdipe et qu’il a une mère<br />

sur-protectrice et qui le couve trop (cherche ses mots) que le capuchon trouve pas le<br />

stylo ?’ Et lui-même m’a dit : ‘Non, ça, ça ne doit pas être seulement d’origine<br />

psychologique.’ »<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

Pourtant, le jour où une institutrice itinérante déclare <strong>au</strong>x <strong>par</strong>ents de Mickaël que leur<br />

fils est dyspraxique, le mot ne fait pas tout de suite mouche et ils l’enregistrent sans en faire<br />

grand-chose.<br />

« Et puis un be<strong>au</strong> jour est surgi du ciel (léger rire) une institutrice itinérante du rése<strong>au</strong> des<br />

institutrices spécialisées (en détachant les syllabes). Et voilà une femme qui en deux<br />

coups de cuillère à pot, elle a tout de suite pigé, caractérisé ce qu’avait Mickaël. Donc il<br />

avait six ans, puisqu’il a été maintenu une année de plus, à c<strong>au</strong>se de son retard, en<br />

maternelle et elle, elle a dit : ‘Il souffre de troubles des praxies, il a une dyspraxie.’ Et<br />

moi, à l’époque, comme je n’avais jamais entendu ce mot, ni moi ni mon mari, on n’a pas<br />

percuté ; on a dit : ‘Ah bon ? très bien.’ Enfin si, on est allés voir dans le dico : ‘Ah oui,<br />

praxie, très bien. Oui, il a ça, effectivement, c’est un trouble moteur. (cherche ses mots)<br />

Un trouble de la coordination, tout ça.’ Et elle disait <strong>au</strong>ssi plein de choses qui se sont<br />

avérées vraiment en plein dans le mille – quand j’ai refait le film quand il avait onze ans,<br />

bon, et <strong>au</strong> fil du temps <strong>au</strong>ssi quand même – mais seulement, quand c’est la première fois<br />

que vous l’entendez, pour vous, ça vous tombe comme ça, vous percutez pas. C’est ça le<br />

problème <strong>au</strong>ssi. Il f<strong>au</strong>t le temps des <strong>par</strong>ents de percuter, d’entendre ce qu’on leur dit. »<br />

Ce n’est que bien plus tard que Caroline, après avoir rencontré une spécialiste de la<br />

dyspraxie, adopte définitivement ce diagnostic et applique les conseils pratiques qui vont<br />

avec. A posteriori, on peut donc dire que l’institutrice itinérante a joué le rôle de<br />

l’annonciateur [Favret-Saada, 1981] dont j’ai déjà <strong>par</strong>lé : celui ou celle qui, <strong>par</strong> une<br />

expression ou une attitude, ouvre la voie à une nouvelle façon de voir les choses, de donner du<br />

sens à une situation jusque-là perturbante. À <strong>par</strong>tir du moment où elle a vu les problèmes de<br />

Mickaël en termes de dyspraxie (c’est-à-dire après qu’un spécialiste de ces troubles lui ait<br />

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