27.12.2013 Views

'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

Il ne f<strong>au</strong>drait pourtant pas croire que cette <strong>par</strong>ticipation croissante des associations à la<br />

vie scientifique se produit sans heurts. Bien des critiques, que relèvent également les quatre<br />

<strong>au</strong>teurs dans l’avant-propos du numéro de Sciences sociales et santé, s’élèvent contre cette<br />

« ingérence » et critiquent le lobbying des associations de malades. La coopération entre<br />

professionnels et profanes varie be<strong>au</strong>coup d’un domaine à l’<strong>au</strong>tre. Le cas du SIDA diffère <strong>par</strong><br />

exemple fortement de celui des maladies génétiques rares. Dans le premier cas, se joue la<br />

reconnaissance de l’<strong>au</strong>tonomie des malades comme <strong>par</strong>tenaires à <strong>par</strong>t entière des milieux<br />

médic<strong>au</strong>x, économies et politiques [Barbot, 1998], tandis que dans le second, c’est<br />

l’orientation même de la recherche et ses modalités d’organisation qui sont en jeu<br />

[Rabeharisoa et Callon, 1998].<br />

S’appuyant sur un matéri<strong>au</strong> original : des contributions de patients à des listes de<br />

discussion sur internet, Madeleine Akrich et Cécile Méadel [2002] montrent qu’à travers des<br />

discussions sur les médicaments, des rapports différents à la médecine ap<strong>par</strong>aissent entre<br />

notamment le cas du cancer et celui de la maladie de Parkinson. Dans le premier cas et selon<br />

le type de traitement, le médecin est soit entièrement respecté et obéi (chimiothérapie), soit<br />

vivement critiqué (<strong>au</strong>tres traitements). Dans le cas de la maladie de Parkinson en revanche, un<br />

logiciel utilisable en ligne permet une véritable « co-gestion » de la maladie entre médecin et<br />

malade, s’appuyant sur l’affirmation d’une « expertise » que le malade tire de son expérience<br />

jugée « intransmissible ». Bien que ces résultats demandent à être généralisés hors du cadre<br />

des forums étudiés, ils donnent une idée de l’importance de la construction historique et<br />

sociale du rapport entre professionnels et profanes propre à chaque pathologie. Pour ce qui est<br />

du <strong>handicap</strong> <strong>mental</strong>, on se trouve dans une situation elle <strong>au</strong>ssi <strong>par</strong>ticulière où les associations<br />

sont à la fois très puissantes politiquement, mais assez peu influentes sur la recherche<br />

scientifique et les professionnels eux-mêmes.<br />

Dans le secteur du <strong>handicap</strong> <strong>mental</strong>, la puissante UNAPEI fédère environ 750<br />

associations locales et compte 62 000 familles adhérentes et 65 000 professionnels [Zucman,<br />

2003]. Elle a vu le jour le 15 juillet 1960 sous l’impulsion de P<strong>au</strong>l Vernon, qui élargit la<br />

fédération des « Papillons Blancs » créée deux ans plus tôt <strong>par</strong> Léonce Malecot, comme le<br />

rappelle Éric Plaisance, qui souligne après Patrice Pinell et Markos Zafiropoulos [1978] que<br />

« la force des premières associations de <strong>par</strong>ents réside d’abord dans la position sociale des<br />

premiers militants et responsables qui vont recevoir, surtout après 1958 14 , des appuis<br />

politiques pour développer leur action. » [Plaisance, 2002, p. 222]. En effet, dès les années<br />

1960, l’influence politique de l’UNAPEI, notamment <strong>au</strong> <strong>par</strong>lement, se fait sentir et les<br />

grandes lois sur le <strong>handicap</strong> de 1975 et 2005 se feront en concertation étroite avec elle.<br />

14 Le Général de G<strong>au</strong>lle avait une fille atteinte de trisomie 21.<br />

169

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!