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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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P<strong>au</strong>line s’est dit… (se reprend) peut-être elle s’est dit : ‘Ben oui, maman a une existence<br />

en dehors de la mienne’, enfin je ne sais pas, je ne sais pas ce qui s’est passé, est-ce que<br />

c’est la fin de la psychanalyse à la gomme (insiste sur ce mot), P<strong>au</strong>line a dormi, n’a plus<br />

fait pipi <strong>au</strong> lit, a grandi mais en quelques mois ! L’été d’après, ça a commencé vraiment à<br />

mieux aller, quoi. »<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

Comme on le voit, le conflit se joue sur plusieurs nive<strong>au</strong>x imbriqués : Emmanuel et<br />

Élisabeth Descamps se sentent constamment humiliés <strong>par</strong> la psychothérapeute, qui prend<br />

selon eux un malin plaisir à les mettre en position d’infériorité. Du point de vue de cette<br />

dernière, il est probable qu’il s’agissait de faire comprendre à ces <strong>par</strong>ents très sûrs d’eux que<br />

leur fille avait de véritables problèmes psychologiques, voire psychotiques. Ces humiliations<br />

ressenties se jouent dans des domaines différents, qui vont de normes éducatives et<br />

comporte<strong>mental</strong>es (l’exemple des toilettes) à des questions d’argent (l’exemple des vacances).<br />

On sent dans tout le récit d’Élisabeth que le conflit se joue <strong>au</strong>ssi, en arrière-plan à un nive<strong>au</strong><br />

purement social : elle refuse de s’en laisser imposer (<strong>par</strong> les tapis persans, le prix des séances,<br />

le ton <strong>au</strong>toritaire) et contre-attaque en suggérant à la psychanalyste (qu’elle rabaisse <strong>au</strong><br />

passage en l’appelant « la fille ») qu’elle n’a pas suffisamment les pieds sur terre pour bien<br />

faire son métier (« la fille, elle voyait même pas que P<strong>au</strong>line avait fait pipi dans sa culotte »). Enfin,<br />

le conflit porte de manière latente sur le diagnostic même (n’oublions pas qu’Élisabeth est<br />

médecin, même si elle ne travaille plus). Sans vouloir afficher une pétition de principe contre<br />

la psychanalyse (elle émaille d’ailleurs son discours d’interprétations psychologiques et ne<br />

cherche pas à nier que P<strong>au</strong>line a des troubles du comportement), Élisabeth refuse que le<br />

comportement de sa fille soit interprété principalement en des termes psychanalytiques et se<br />

méfie notamment du terme de « psychose », bien qu’elle l’emploie <strong>par</strong>fois, pour qualifier les<br />

troubles du comportement de P<strong>au</strong>line. Plus tard dans l’entretien, elle me livre sa vision des<br />

difficultés de sa fille.<br />

« Moi maintenant, (hésite) je suis persuadée qu’il y avait trois choses : y’avait la<br />

déficience visuelle, y’avait les angoisses, la psychose – on peut dire ça – due à cette… (se<br />

reprend) P<strong>au</strong>line, je crois, elle a dû se demander ce qui se passait, enfin pas comme ça, je<br />

sais pas ce qui s’est passé vraiment en elle, mais y’avait <strong>au</strong>ssi (insiste sur ce mot) bon le<br />

retard <strong>mental</strong>, qui était, je dirai, dans son gène, bon ben ça existe, hein ! Le retard<br />

d’acquisition est pas dû à quelque chose d’extérieur. C’est tout, c’est… (s’arrête) Donc je<br />

pense qu’il y avait un mélange des trois. Et je dirai presque <strong>au</strong>ssi peut-être quatre, dans le<br />

sens où <strong>au</strong>ssi, je pense qu’un enfant qui est en difficultés comme ça diverses, on ne<br />

l’éduque pas, on le regarde pas de la même manière, nous, et je dirai, y’a des choses… (se<br />

reprend) enfin des ‘choses’, y’a des mécanismes qui s’installent, je dirai de <strong>par</strong> notre<br />

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