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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

catégoriser le <strong>handicap</strong> <strong>mental</strong> qui aboutissent à des constructions publiques ou semipubliques<br />

du phénomène (comme celles présentées <strong>par</strong> l’UNAPEI), d’innombrables<br />

constructions privées sont effectuées quotidiennement <strong>par</strong> ceux qui sont personnellement<br />

confrontés à des problèmes intellectuels chez un de leurs proches (en l’occurrence des <strong>par</strong>ents<br />

vis-à-vis d’un de leurs enfants), afin de donner du sens à ce qu’ils vivent et qui les fait souvent<br />

souffrir. Ce sont ces points de vue privés sur le <strong>handicap</strong> <strong>mental</strong> qui sont <strong>au</strong> centre de ce<br />

travail.<br />

Est-ce à dire que je veux mettre en valeur les « compétences <strong>par</strong>entales », issues d’une<br />

expérience rapprochée, en matière de connaissance du <strong>handicap</strong> <strong>mental</strong>, et m’inscrire ainsi<br />

dans la veine des trav<strong>au</strong>x soulignant les compétences familiales en matière de santé [Cresson,<br />

1995] ? Non. Il ne s’agit pas tant de mettre en lumière les savoir-faire cachés des <strong>par</strong>ents que<br />

de mieux comprendre, à travers les théories qu’ils élaborent sur les difficultés de leurs<br />

enfants, leur point de vue. Je considère que ces théories, que j’appelle diagnostiques<br />

puisqu’elles sont produites pour donner du sens à un phénomène perçu comme pathologique,<br />

ne peuvent se réduire ni à la manifestation d’une compétence en manque de reconnaissance<br />

sociale, ni <strong>au</strong> produit plus ou moins délirant d’angoisses ou de sentiments complexes vis-à-vis<br />

du développement de leur enfant. Ce sont des constructions intellectuelles qui sont comme<br />

toutes les <strong>au</strong>tres prises dans les enjeux qui poussent à leur élaboration. Les <strong>par</strong>ents que j’ai<br />

rencontrés ont leurs raisons de penser les difficultés de leur enfant comme ils les pensent, des<br />

raisons qui sont multiples et complexes, tendues vers des décisions et des modes<br />

d’organisation, et que j’essaie de décrire comme des processus soci<strong>au</strong>x 18 .<br />

Est-il légitime de penser le point de vue <strong>par</strong>ental comme un point de vue <strong>par</strong>ticulier,<br />

comportant donc une certaine homogénéité ? Oui et non. Par rapport <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres acteurs qui<br />

ont sur le <strong>handicap</strong> <strong>mental</strong> en général et sur les <strong>handicap</strong>s ment<strong>au</strong>x en <strong>par</strong>ticulier un regard<br />

spécifique (<strong>par</strong> exemple les spécialistes médic<strong>au</strong>x), les <strong>par</strong>ents d’enfants dits <strong>handicap</strong>és<br />

ment<strong>au</strong>x sont dans une situation singulière. Ils sont liés à leurs enfants <strong>par</strong> des liens<br />

juridiques, symboliques, matériels et affectifs [Weber F., 2002] et possèdent donc vis-à-vis<br />

d’eux une responsabilité qui mêle ces différentes dimensions de la <strong>par</strong>enté. Cette commun<strong>au</strong>té<br />

de situation <strong>au</strong>torise à <strong>par</strong>ler du point de vue « des <strong>par</strong>ents », <strong>par</strong> opposition à celui des<br />

professionnels <strong>par</strong> exemple. Cependant, il est bien évident que l’on produit en <strong>par</strong>lant « des<br />

<strong>par</strong>ents », comme d’ailleurs en <strong>par</strong>lant « des professionnels », un effet d’homogénéisation<br />

regrettable. D’une <strong>par</strong>t, si les <strong>par</strong>ents se trouvent dans une situation commune, ils n’en ont pas<br />

moins des positions différentes, suivant la configuration familiale dans laquelle ils s’insèrent<br />

et leurs caractéristiques sociales. D’<strong>au</strong>tre <strong>par</strong>t, rien ne garantit qu’on puisse légitimement<br />

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