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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

<strong>au</strong>ssi en tant qu’être humain civilisé. Elle lui reproche ainsi de ne pas dire bonjour à sa fille,<br />

de <strong>par</strong>ler d’elle à la troisième personne en sa présence, ou encore de passer son temps à la<br />

gronder <strong>au</strong> lieu de lui proposer des occupations constructives. Sa conclusion est sans appel :<br />

« On traite pas des enfants comme ça. C’est pas possible, f<strong>au</strong>t vraiment être con ! »<br />

Dans bien d’<strong>au</strong>tres cas, des conflits entre professionnels et <strong>par</strong>ents se jouent de la<br />

même façon sur des questions qui mêlent savoir-faire et savoir-être des uns et des <strong>au</strong>tres. Les<br />

professionnels reprochent <strong>au</strong>x <strong>par</strong>ents de ne pas savoir s’y prendre avec leurs enfants et de<br />

manquer de bon sens ou des principes d’éducation fondament<strong>au</strong>x. Les <strong>par</strong>ents rétorquent<br />

<strong>par</strong>fois en critiquant à leur tour les manières, à la fois professionnelles et sociales, des<br />

professionnels. Élisabeth Descamps, ancienne radiologue devenue mère <strong>au</strong> foyer, mère de<br />

P<strong>au</strong>line (dont ses <strong>par</strong>ents ont appris tardivement qu’elle était atteinte du syndrome de WAGR,<br />

anomalie génétique rare occasionnant une très m<strong>au</strong>vaise vue, un retard <strong>mental</strong> et des<br />

problèmes rén<strong>au</strong>x), me raconte ainsi le rapport de force évident qui s’est joué entre elle (et<br />

accessoirement son mari, qui est ingénieur) et une psychanalyste qui a suivi P<strong>au</strong>line. Comme<br />

dans le cas de Manon, il est ici évident que le bras de fer se joue conjointement sur des<br />

questions de diagnostic médical (le syndrome de WAGR n’est alors pas encore identifié) et de<br />

comportement social.<br />

« P<strong>au</strong>line avait donc cinq ans et demi, six ans, quoi, disons six ans quand on a commencé,<br />

on a duré une année presque et demie, (réfléchit) bon d’abord ça nous coûtait bonbon,<br />

bon je commençais à… (s’arrête) ras-le-bol quoi ! six cents francs <strong>par</strong> semaine, bon, rasle-bol<br />

! ras-le-bol ! (…) Et P<strong>au</strong>line était tellement mal (insiste sur ce mot) quand on y<br />

allait, je me souviens, on sortait de l’école D***, on <strong>par</strong>tait, (…) elle faisait pipi dans sa<br />

culotte tellement elle était stressée. Y’avait des tapis persans <strong>par</strong>tout, la fille, elle voyait<br />

même pas que P<strong>au</strong>line avait fait pipi dans sa culotte. (cherche ses mots) Elle était<br />

complètement tétanisée, c’était dramatique. Un jour, je lui dis : ‘Madame, j’ai pas eu le<br />

temps de (cherche ses mots) passer <strong>par</strong> la maison pour faire faire pipi à P<strong>au</strong>line, est-ce<br />

qu’elle peut aller dans vos toilettes ?’ Alors déjà elle a trouvé ça, certainement,<br />

insupportable que je lui demande ça, alors elle a dit : ‘Les toilettes sont là’, bon donc je<br />

dis à P<strong>au</strong>line : ‘Voilà… (s’arrête)’ À ce moment-là, P<strong>au</strong>line savait pas faire pipi toute<br />

seule <strong>par</strong>ce que pour elle, c’était (cherche ses mots) dis<strong>par</strong>aître, je pense, c’était…<br />

(s’arrête) Donc il fallait que je lui tienne les mains. (…) Alors la psy me dit : ‘(ton<br />

virulent) Mais enfin vous allez pas lui tenir les mains… (s’arrête)’ Je lui dis : ’Madame,<br />

si nous venons ici, c’est <strong>par</strong>ce que P<strong>au</strong>line est pas bien. Si elle était bien, si elle faisait<br />

pipi toute seule (cherche ses mots) et qu’elle dormait très bien la nuit, je serais pas ici.<br />

Donc P<strong>au</strong>line…‘, ‘Oui oui, bon ben laissez-la quand même, allez dans… (s’arrête)’ Donc<br />

je vais dans la salle d’attente, c’était son salon. Donc <strong>au</strong> bout d’un quart d’heure, elle<br />

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