27.12.2013 Views

'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

l’image du « bon malade mourant » 5 décrit <strong>par</strong> Barney Glaser et Anselm Str<strong>au</strong>ss [1992], c’està-dire<br />

celui qui du point de vue des professionnels est à la fois valorisant et agréable à<br />

soigner : la mère détecte immédiatement un <strong>handicap</strong> connu. L’annonce du diagnostic est<br />

rapide sans être brutale. Le premier contact avec le CAMSP 6 est difficile (les <strong>par</strong>ents doivent<br />

céder un peu de leur pouvoir sur leur enfant) mais tout se passe bien <strong>par</strong> la suite. Les contacts<br />

avec les <strong>par</strong>ents de l’association sont réconfortants et les <strong>par</strong>ents s’engagent pour une<br />

meilleure reconnaissance de la trisomie. Ils acceptent la différence de leur enfant sans vouloir<br />

à tout prix un retour vers la normalité. L’équipe de la crèche est formée et motivée et le<br />

<strong>handicap</strong> est finalement vu <strong>par</strong> les professionnels comme une richesse.<br />

Il en va tout <strong>au</strong>trement du <strong>par</strong>cours de Mathias Roussel (surdité, troubles de type<br />

aphasique, difficultés intellectuelles), dont on a déjà vu qu’il avait engendré bien des conflits<br />

entre ses <strong>par</strong>ents (sa mère, Christiane Roussel, est une ancienne pharmacienne <strong>au</strong> foyer ; son<br />

père, Alain Roussel, est DRH) et les professionnels rencontrés. Le <strong>handicap</strong> de Mathias est lui<br />

indéterminé et lors de son passage <strong>au</strong> CAMSP, les professionnels tentent d’imposer, sans<br />

succès, leur vision des choses (en termes psychologiques). Christiane Roussel se bat pour<br />

défendre son point de vue (une origine neurologique et non psychologique des troubles de<br />

Mathias) et finit <strong>par</strong> être accusée de ne pas « accepter » le <strong>handicap</strong> de son fils, ce à quoi elle<br />

réagit très vivement, tenant tête en l’occurrence <strong>au</strong> psychologue scolaire.<br />

« Il s’est trouvé que la marraine de Mathias, son mari est… (se reprend) enfin bon,<br />

(cherche ses mots) ils sont instits tous les deux et lui, il est à la SEGPA de Champespe,<br />

donc ils sont très intéressés <strong>par</strong> ça. Et lui, à ce titre-là, il fait <strong>par</strong>tie de la commission de<br />

CCPE 7 . Personne le savait, c’était en fait un hasard et (rires) il m’appelle après la<br />

commission, il me dit : ‘Tu sais, le psy scolaire, ce qu’il dit sur toi ?’, moi je dis : ‘non’, il<br />

me dit : ‘Mme Roussel, c’est quelqu’un qui n’accepte pas le <strong>handicap</strong> de son fils.’ Je<br />

prends mon téléphone, j’appelle la directrice de l’école, je lui dis : ‘(cherche ses mots)<br />

Convoquez Monsieur B***, je voudrais le voir.’ Alors bon, il vient. Je lui dis : ‘Alors M.<br />

B***, Mme Roussel, c’est quelqu’un qui n’accepte pas le <strong>handicap</strong> de son fils ?’ Haan !<br />

(léger rire) Je lui dis : ‘Vous savez, moi, je suis arrivée à Melun en 63, donc on connaît<br />

énormément de monde à Melun. Alors ce qui se dit en commission de CCPE, ça peut<br />

quand même me revenir, (en riant légèrement) faites attention ! Donc comment vous<br />

5 « Le patient doit conserver un certain sang-froid et bonne humeur. À tout le moins, il doit affronter la mort avec<br />

dignité. Il ne doit pas se couper du monde ni tourner le dos à la vie ; <strong>au</strong> contraire il doit garder sa place dans la<br />

famille et être ‘gentil’ avec les <strong>au</strong>tres malades. S’il le peut, il doit <strong>par</strong>ticiper à la vie sociale du service et<br />

coopérer avec le personnel qui s’occupe de lui et si possible éviter de le troubler ou de le mettre dans l’embarras.<br />

Le patient qui fait de son mieux sera respecté. Il adopte ouvertement ce que nous appellerons un ‘style<br />

convenable de mort’ ou plus exactement ‘un style convenable de vie <strong>face</strong> à la mort’. » [Glaser et Str<strong>au</strong>ss, 1992,<br />

p. 121]<br />

6 Centre d’action médico-sociale précoce<br />

151

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!