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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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Dans cet extrait, Marie Masure résume <strong>par</strong>faitement l’ambivalence que représente le<br />

diagnostic pour les <strong>par</strong>ents d’enfants <strong>handicap</strong>és : d’un côté, il facilite grandement la<br />

recherche d’une prise en charge institutionnelle et permet de <strong>par</strong>ler <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres de l’enfant en<br />

des termes acceptables et moins culpabilisants. De l’<strong>au</strong>tre, il représente une identification<br />

négative pour l’enfant et diminue les espoirs que l’on pouvait avoir dans sa capacité à<br />

progresser, d’où une éventuelle démotivation des <strong>par</strong>ents. La position la plus courante des<br />

<strong>par</strong>ents <strong>au</strong> sujet du diagnostic médical est donc qu’il est surtout utile pour obtenir une prise en<br />

charge <strong>par</strong>ticulière (traitement médical ou accès à un établissement <strong>par</strong>ticulièrement adapté<br />

<strong>au</strong>x problèmes de l’enfant), mais fortement ambivalent en raison de son éventuel pouvoir<br />

désincitatif. On comprend donc que certains <strong>par</strong>ents ne souhaitent pas pousser trop à fond<br />

leurs recherches en la matière. Voici comment Denis Longin (cadre bancaire), le père de<br />

Fanny (difficultés de compréhension, angoisses, <strong>au</strong>cun diagnostic), résume tout ceci :<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

« (cherche ses mots) Y’a une théorie qui veut que si y’a pas de soins adaptés, on baisse<br />

les bras, et que donc il v<strong>au</strong>t mieux pas savoir, (rires) ce qui est pas complètement f<strong>au</strong>x<br />

non plus ! Tant qu’on sait pas… (se reprend) si y’a pas de soins, on continue finalement à<br />

faire le forcing et il en reste toujours quelque chose. Mais bon… (s’arrête) Pour le coup,<br />

on n’a jamais fait de (cherche ses mots) comment ça s’appelle ? de recherches sur le plan<br />

génétique, <strong>par</strong> exemple. Je sais pas si on en fera un jour. »<br />

Dans un article traitant des maladies chroniques, Isabelle Baszanger [1986] reprend et<br />

synthétise l’opposition qui se noue <strong>au</strong>tour du diagnostic entre le patient (et son entourage) et<br />

son médecin. S’appuyant sur Eliot Freidson [1984], elle souligne le « <strong>par</strong>ti pris en faveur de la<br />

maladie » du médecin, qui concourt avec ses collègues à une « construction professionnelle de<br />

la maladie » qui ne laisse <strong>au</strong>cune place <strong>au</strong> point de vue du patient. Elle prolonge ensuite ces<br />

considérations en prenant le cas <strong>par</strong>ticulier des maladies chroniques, dont traitent <strong>par</strong> exemple<br />

David Stewart et Thomas Sullivan [1982] avec l’exemple de la sclérose en plaques et insiste<br />

sur les négociations entre patients et médecins. Leurs « définitions de la situation » peuvent<br />

différer, dès le début de la quête diagnostique ou <strong>au</strong> bout d’un certain temps, et le malade doit<br />

fréquemment entreprendre un important travail pour que ses symptômes soient reconnus et<br />

intégrés dans un diagnostic, qu’il peut être amené à chercher en consultant plusieurs médecins<br />

ou à construire lui-même pour essayer de l’imposer ensuite à un médecin.<br />

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