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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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La volonté de normaliser <strong>au</strong> maximum l’état ou le comportement de l’enfant, même<br />

quand cela n’est possible qu’a minima, c’est-à-dire en acceptant un diagnostic <strong>par</strong>fois lourd<br />

de conséquences, provient donc directement de la culpabilité, de la honte plus ou moins<br />

souterraine que les <strong>par</strong>ents d’adolescents dits <strong>handicap</strong>és ment<strong>au</strong>x ressentent du fait de la<br />

problématisation du <strong>handicap</strong> <strong>mental</strong>. Ce désir de normalisation a déjà été mis en évidence <strong>par</strong><br />

d’<strong>au</strong>tres, <strong>au</strong>ssi bien dans des cas de <strong>handicap</strong> [Roskies, 1972 ; Voysey, 1975] que de maladie<br />

chronique [Str<strong>au</strong>ss et alii, 1984]. Je le retrouve à mon tour de manière explicite dans nombre<br />

des cas que j’ai étudiés.<br />

B. Les mots pour le dire<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

Cependant, il ne f<strong>au</strong>drait pas réduire la quête diagnostique à cette volonté de<br />

déculpabilisation et de normalisation. Non seulement la recherche d’un diagnostic comporte<br />

bien d’<strong>au</strong>tres enjeux, mais la recherche même des mots justes pour donner du sens <strong>au</strong>x<br />

problèmes affrontés dépasse le seul cadre d’une volonté de déculpabilisation ou de<br />

normalisation.<br />

1 Des mots qui ouvrent des portes<br />

Tout d’abord, obtenir un diagnostic ferme comporte différents avantages que l’on<br />

pourrait qualifier de matériels. Ainsi, be<strong>au</strong>coup d’écoles spécialisées pour enfants <strong>handicap</strong>és<br />

en font une nécessité. C’est <strong>par</strong> exemple le cas des classes intégrées pour <strong>au</strong>tistes, rares mais<br />

très recherchées en raison de leur prise en charge complète et très adaptée à ce genre de<br />

troubles. Ainsi Michèle Frusquin, ancienne hôtesse de l’air devenue femme <strong>au</strong> foyer (son<br />

mari, Bertrand Frusquin, est ingénieur), mère de P<strong>au</strong>l qui a été tardivement diagnostiqué<br />

<strong>au</strong>tiste et qui fréquente <strong>au</strong>jourd’hui une classe intégrée, explique que ce retard de diagnostic<br />

lui a fait manquer be<strong>au</strong>coup de bonnes occasions. Michèle, qui a fait un mariage<br />

hypergamique avec un ingénieur fils de général et de médecin (elle-même est issue d’une<br />

famille de commerçants) est une amie de Florence Chatrian (médecin, comme son mari),<br />

qu’elle a rencontrée lorsque leurs deux enfants (P<strong>au</strong>l et Grégoire) étaient ensemble dans un<br />

hôpital de jour. Depuis, P<strong>au</strong>l, dont les difficultés se sont révélées plus sérieuses que celles de<br />

Grégoire, a intégré cette classe pour enfants <strong>au</strong>tistes (après diverses <strong>au</strong>tres tentatives et<br />

notamment un échec lors de la semaine d’essai à ABC École), tandis que Grégoire était<br />

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