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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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enfin moi, tel qu’elle me le racontait, ils la culpabilisaient à mort de tas de choses alors<br />

qu’elle avait pas l’impression de faire ce qu’il lui était reproché, hein ! »<br />

Nadine a d’<strong>au</strong>tant plus de propension à culpabiliser que son aîné, Yann, a lui <strong>au</strong>ssi<br />

connu une scolarité très chaotique, passant <strong>par</strong> une SEGPA et ayant de grosses difficultés<br />

pour trouver un emploi <strong>au</strong> moment de nos trois entretiens (en novembre 2002, avril et mai<br />

2005). Lors du premier, je m’étais rendu compte qu’elle était à la fois très influencée <strong>par</strong> des<br />

interprétations psychologiques des troubles de Yann et d’Adrien, tout en les tenant à distance.<br />

Voici ce qu’elle me disait <strong>au</strong> bout d’une dizaine de minutes d’entretien, la voix de plus en<br />

plus tremblante :<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

« Et vous savez pourquoi y’a eu cet échec scolaire (celui de Yann) ?<br />

Ben écoutez, je pense qu’il y a plein de raisons qui sont très intimes et familiales mais<br />

dont je peux vous <strong>par</strong>ler <strong>par</strong>ce que j’ai pas honte et que c’est comme ça, c’est la vie !<br />

(réfléchit) Y’a eu deux choses : moi, j’ai fait une grosse dépression quand il est né, qui<br />

n’a pas du tout été prise en compte, on m’a dit que c’était une dépression normale. Ça, <strong>au</strong><br />

fond de moi, je savais que c’était pas une dépression normale même si je n’en avais<br />

jamais fait et jamais rencontré <strong>au</strong>tour de moi. (…) Et donc il m’a été expliqué – sans<br />

qu’on me l’explique vraiment à cette époque-là en fait – que maman a perdu un bébé<br />

avant que je naisse. (…) Et en fait, à force d’en <strong>par</strong>ler et d’interroger – et puis depuis<br />

quelque temps, je trouve qu’on en <strong>par</strong>le be<strong>au</strong>coup plus – on m’a dit que ma mère avait dû<br />

être énormément angoissée quand elle m’a attendue et c’est cette angoisse de mort<br />

(insiste sur ce mot), puisque c’était la mort qui était arrivée dans ce couple-là, est ressortie<br />

<strong>au</strong> premier accouchement donc mon gamin, (cherche ses mots) il a bénéficié (léger rire),<br />

entre guillemets, de cette terrible angoisse de mort en fait, <strong>par</strong>ce que moi, je le voyais<br />

mort mon gamin, et ça a duré longtemps.<br />

Et du coup, avec la naissance d’Adrien, vous avez eu l’impression que ça allait être<br />

le même genre de problèmes ?<br />

(…) (cherche ses mots) Il est né vraiment long et maigre <strong>au</strong>ssi et c’est vrai que pendant<br />

très longtemps, j’ai cru qu’il ne vivrait pas, cet enfant. Je pense <strong>au</strong>ssi que là, y’avait la<br />

mort <strong>au</strong>tour, tout le temps, elle y est toujours d’ailleurs, j’y pense des fois ! (léger rire)<br />

(sa voix commence à trembler) Et je me demande si tous ces soucis ne viennent pas<br />

tous… (elle s’arrête, prête à pleurer) »<br />

Pourtant, en 1994, Nadine tombe sur un article d’une neurologue, Mme Dehler 16 , qui<br />

soigne des enfants présentant des symptômes qui lui semblent proches de ceux d’Adrien.<br />

16 La spécialiste des troubles de type aphasique dont j’ai déjà <strong>par</strong>lé.<br />

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