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'Spécialistes par obligation'Des parents face au handicap mental ...

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« C’est l’obligation de la scolarité qui désigne des ‘anorm<strong>au</strong>x’. (…) ‘Tant que<br />

l’instruction n’était pas obligatoire, ces réfractaires ou incapables passaient facilement<br />

inaperçus : on expulsait les indisciplinés ; on reléguait les arriérés ; on ignorait les<br />

vagabonds. Mais <strong>au</strong>jourd’hui il n’en peut plus aller de même : tout réfractaire, bon gré,<br />

mal gré, est ramené à l’école ; il s’y trouve mal, l’école ordinaire n’étant pas faite pour<br />

les écoliers de son espèce.’ [P<strong>au</strong>l-Boncour et Philippe, 1905] C’est pour résoudre le<br />

problème posé <strong>par</strong> cette ‘espèce d’écolier’ que la Société pédagogique des directeurs et<br />

directrices d’écoles publiques de Paris crée spontanément en 1904 une commission sur la<br />

création d’écoles spéciales pour les enfants anorm<strong>au</strong>x et indisciplinés ; elle conclut ses<br />

trav<strong>au</strong>x en demandant la création ‘d’écoles pour arriérés’ et ‘d’écoles de moralisation’.<br />

L’école ne peut demeurer ‘école pour tous’ qu’<strong>au</strong> prix de ne pas être l’école de tous. »<br />

[Muel, 1975, p. 69]<br />

tel-00333296, version 1 - 28 Nov 2008<br />

À la suite de Francine Muel, d’<strong>au</strong>tres sociologues vont s’intéresser à la création de ces<br />

classes et <strong>au</strong> développement, <strong>au</strong>tour de ces enfants, de diverses branches de la psychologie.<br />

Patrice Pinell et Markos Zafiropoulos cherchent ainsi à resituer ces théories dans leurs<br />

conditions sociales de production. Encore une fois, le résultat est de réaffirmer le lien que<br />

d’<strong>au</strong>tres voudraient cacher entre arriération (ou anormalité) et origine sociale :<br />

« Plusieurs études récentes ont mis en évidence la relation entre l’entrée en masse dans<br />

l’école publique (du fait de l’obligation scolaire) des enfants des fractions les plus basses<br />

du prolétariat et l’ap<strong>par</strong>ition de nouvelles catégories d’enfants anorm<strong>au</strong>x, l’instable et<br />

l’arriéré (débile léger). (…) La démarche de Binet s’appuie toute entière sur une<br />

‘naturalisation’ implicite de la norme scolaire et aboutit à une retraduction dans le<br />

langage de la pathologie des échecs scolaires, produits de la distance entre la culture<br />

scolaire et la culture des familles des milieux populaires. Dès lors, du fait des conditions<br />

mêmes qui président à son élaboration, l’échelle métrique de l’intelligence ne peut que<br />

‘révéler’ une corrélation entre la place dans la hiérarchie sociale et la fréquence<br />

d’ap<strong>par</strong>ition de la débilité – et cette révélation, devenant découverte scientifique, ouvre le<br />

grand débat hérédité / milieu. » [Pinell et Zafiropoulos, 1978, p. 23]<br />

Des « sciences » nées plus récemment sont soumises à la même critique <strong>par</strong> d’<strong>au</strong>tres<br />

<strong>au</strong>teurs, comme James Carrier [1983] dans un article sur la « learning disability theory ». Il<br />

entend y montrer que l’écart entre le quotient intellectuel et les performances scolaires, que la<br />

« learning disability theory » veut expliquer <strong>par</strong> un problème neurologique difficile à détecter,<br />

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