Naguib Mahfouz et Michel Houellebecq: deux romanciers face au ...

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tel-00831353, version 1 - 6 Jun 2013 réglent leur vie. Ḥ, R, M, ḥarām vient d’un vieux fonds sémitique qui signifie à l’origine " mettre à l’écart ". En effet, la notion de ḥarām se réfère d’abord à des réalités sacrées ou religieuses: la Ka’ba en Arabie Saoudite, le Rocher de Jérusalem, le tombeau d’Abraham à Hébron, les Mosquées comme Al-Masjid Al-ḥarām à la Mecque (La Mosquée Sacrée), et Al-Masjid Al-Aqṣā à Jérusalem (la Mosquée très éloignée), et certains mausolées d’Imams 15 . Le mot ḥa'rām signifie " interdire par la loi religieuse". Dans cet esprit, il faut distinguer le vocable Monkr 16 qui désigne l'acte humain jugé répréhensible, mais non interdit formellement par le Coran. En plus, d’autres termes appartiennent à la racine Ḥ, R, M comme par exemple, ḥarīm, les femmes, ḥarmlik, un lieu réservé aux femmes en Orient musulman, et ce terme peut désigner aussi le foulard, Maḥrama, que la femme musulmane utilise pour cacher ses cheveux. Dans ce sens, on appelle la femme arabe Al-ḥorma pour montrer que la femme est quelqu' un d’interdit au public (seule la prostituée s’expose à tout le monde 17 ). En outre, parmi les mois sacrés Al-ashḥor Al-ḥarām, et l’un d’eux s’appelle moḥarram : il signifie interdit ou sacré en français, et c’est le premier mois du calendrier musulman et un des plus importants, notamment pour les chiites. "C'est le premier mois de l'année hégirienne, souvent qualifié de mobārak, " béni"- Le 10 de ce mois se situe pour les chiites le deuil de ảshūra ', qui commémore le 15 Sourdel, Janine et Dominique, Dictionnaire historique de l’Islam, Paris, PUF, 1996, p.337. 16 Sourdel, Dominique et Sourdel-Thomine, Janine, Vocabulaire de l’Islam, Paris, PUF, "Que saisje?" 2008, p.85. 17 Bannour, Abderrazak, "Tabous et euphémismes ou mise à l’épreuve des limites du possible à dire," in Sonia Zlitni-Fitouri, Le Sacré et le prohane dans la littératures de langue française, Tunis/ Pessac, Sud Éditions / Presses universitaire de Bordeaux, 2005, p. 373. 26

tel-00831353, version 1 - 6 Jun 2013 martyre d'Al-Ḥossayn 18 . Le mot opposé à ḥarām en arabe est ḥalāl qui signifie licite, autorisé, permis, auquel on a accès. Ce terme est issu de la racine arabe hll qui signifie ouvrir 19 . Le sens du sacré et du tabou se définit ainsi d’après les comportements des musulmans qui font référence constante à Dieu, le très Saint Al-Qodūs- 20 l’un des 99 noms donnés à Dieu- (le Bienfaiteur, celui qui absout, le Miséricordieux, l’Omniscient, le Sage…). Aux yeux des Occidentaux, le capitaine James Cook lors de sa troisième expédition (1776-1779) dans l’Océan pacifique a découvert l’usage de ce vocable " interdit de caractère religieux lié au caractère sacré ou impur de quelque chose ou de quelqu'un ". Pour les Océaniens, ce qui est taboo est considéré comme interdit. La première étude systématique du tabou effectuée par James Frazer se trouve dans la neuvième édition (1875-1889) de l’Encyclopaedia Britannica, au mot noa, notion maorie qui signifie le profane. C’est pourquoi Frazer a rattaché le tabou au sacré 21 . Dans The Golden Bough (1890), (Le Rameau d’or), 22 James Frazer fut le premier à tenter de dresser l’inventaire des personnes, des choses, des actes et des mots " tabous ". En France, Durkheim a soutenu dans L’Année sociologique (1897- 1898) que " les choses sacrées, ce sont celles dont la société elle-même a élaboré la représentation{..}Les choses profanes, au contraire, ce sont 18 Dominique Sourdel, Janine Sourdel-Thomine, Vocabulaire de l'Islam, op.cit, p. 84. 19 Bannour, Abderrazak, "Tabous et euphémismes ou mise à l’épreuve des limites du possible à dire", in Le Sacré et le prophane dans la littératures de langue française, op.cit, p. 374. 20 Ries, Julien et alii., L’expression du Sacré dans les grandes religions, Belgique, Louvain-la Neuve, 1986, p. 371. 21 Valade, Bernard, Tabou: "Les migrations d'une notion", in Que reste-t-il de nos Tabous? op.cit., p. 22. 22 Frazer, James, Le Rameau d'or, trad. par Michel Izard et Pierre Sayn, Paris, Robert Laffont, coll."Bouquins", 1984. 27

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martyre d'Al-Ḥossayn 18 . Le mot opposé à ḥarām en arabe est ḥalāl qui<br />

signifie licite, <strong>au</strong>torisé, permis, <strong>au</strong>quel on a accès. Ce terme est issu de<br />

la racine arabe hll qui signifie ouvrir 19 .<br />

Le sens du sacré <strong>et</strong> du tabou se définit ainsi d’après les<br />

comportements des musulmans qui font référence constante à Dieu, le<br />

très Saint Al-Qodūs- 20 l’un des 99 noms donnés à Dieu- (le Bienfaiteur,<br />

celui qui absout, le Miséricordieux, l’Omniscient, le Sage…).<br />

Aux yeux des Occident<strong>au</strong>x, le capitaine James Cook lors de sa<br />

troisième expédition (1776-1779) dans l’Océan pacifique a découvert<br />

l’usage de ce vocable " interdit de caractère religieux lié <strong>au</strong> caractère<br />

sacré ou impur de quelque chose ou de quelqu'un ". Pour les Océaniens,<br />

ce qui est taboo est considéré comme interdit.<br />

La première étude systématique du tabou effectuée par James<br />

Frazer se trouve dans la neuvième édition (1875-1889) de<br />

l’Encyclopaedia Britannica, <strong>au</strong> mot noa, notion maorie qui signifie le<br />

profane. C’est pourquoi Frazer a rattaché le tabou <strong>au</strong> sacré 21 . Dans The<br />

Golden Bough (1890), (Le Rame<strong>au</strong> d’or), 22 James Frazer fut le premier<br />

à tenter de dresser l’inventaire des personnes, des choses, des actes <strong>et</strong><br />

des mots " tabous ".<br />

En France, Durkheim a soutenu dans L’Année sociologique (1897-<br />

1898) que " les choses sacrées, ce sont celles dont la société elle-même<br />

a élaboré la représentation{..}Les choses profanes, <strong>au</strong> contraire, ce sont<br />

18 Dominique Sourdel, Janine Sourdel-Thomine, Vocabulaire de l'Islam, op.cit, p. 84.<br />

19 Bannour, Abderrazak, "Tabous <strong>et</strong> euphémismes ou mise à l’épreuve des limites du possible à<br />

dire", in Le Sacré <strong>et</strong> le prophane dans la littératures de langue française, op.cit, p. 374.<br />

20<br />

Ries, Julien <strong>et</strong> alii., L’expression du Sacré dans les grandes religions, Belgique, Louvain-la<br />

Neuve, 1986, p. 371.<br />

21 Valade, Bernard, Tabou: "Les migrations d'une notion", in Que reste-t-il de nos Tabous? op.cit.,<br />

p. 22.<br />

22 Frazer, James, Le Rame<strong>au</strong> d'or, trad. par <strong>Michel</strong> Izard <strong>et</strong> Pierre Sayn, Paris, Robert Laffont,<br />

coll."Bouquins", 1984.<br />

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