Naguib Mahfouz et Michel Houellebecq: deux romanciers face au ...

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tel-00831353, version 1 - 6 Jun 2013 point sur le sacré de chaque romancier. Maḥfūz occupe une place considérable dans l’histoire du roman arabe; ses œuvres constituent la pierre angulaire de l’édifice de ce genre littéraire.Mais malgré son importance et son talent très jeune, ses premiers écrits sont restés loin de l'attention des critiques jusqu'à la fin des années cinquante hormis la seule critique faite en 1944 par Sayyid Qoṭob et Anwar Al-M ̉ddāwī publiée dans la revue Al-Rissāla (Le Message). 419 Ses livres représentent les différentes étapes du développement de la fiction arabe autant que la fiction étrangère. Notre romancier égyptien a commencé sa carrière d’écrivain par le roman historique, mais il écrit également des biographies, des histoires d’aventure, des romances, et ensuite, il s’est intéressé au réalisme afin de décrire la vie des classes pauvres Égyptiennes et surtout des Cairotes, et celle de la bourgeoisie. Après cette période, il a mis l’accent sur le post-réalisme. Cette nouvelle étape, par sa vision artistique et philosophique, allait de pair avec ce qui se passait dans le monde entier. 420 Fo'ād Dawwāra, dans son livre Najīb Maḥfūẓ Miِna Al-Qawmīyya ilā ̉ālamīyya 421 ( Najīb Maḥfūẓ du Nationalisme au Mondialisme), qualifie le roman Awlād Ḥāratiِnā d’épopée qui raconte les événements d’une longue méditation de l’histoire humaine depuis la naissance de 419 النقاش،‏ رجاء،‏ في حب نجيب محفوظ،‏ مرجع مكرر،‏ ص.‏ 305 Al-Naqqāsh, Rajā ', Fī hobbi Najīb Maḥfūẓ ,op.cit., p. 305. 420 ، 2001 ، ص 12. ، Mūssa, Fāṭiِma, Najīb Maḥfūẓ wa Taṭwwr Al-Riِwāya Al- ̉arabīya, Miِṣr, Al-hīy'a Al-Miṣrīyya Al-̉ āmma lilkiِtāb, 2001, p. 12 ، 1989 ، ص . .36 . 421 دوارة ، فؤاد Dawwāra, Fo'ād, Najīb Maḥfūẓ Miِna Al-qawmīyya Ilā ̉ālamīyya , Miِṣr, Al-hay'a Almiِṣriyya Al-̉āmma llkitāb, 1989, p.36. موسى،‏ فاطمة نجيب محفوظ وتطور الرواية العربية،‏ مصر،‏ مطبعة الهيئة المصرية العامة للكتاب ، نجيب محفوظ من القومية إلى العالمية ، مصر،‏ الهيئة المصرية العامة للكتاب 240

tel-00831353, version 1 - 6 Jun 2013 l’être humain jusqu’à nos jours. Il évoque l’histoire des religions, des dogmes, de la lutte permanente pour la justice, la liberté, et la gloire. Cette lutte existe entre les pauvres et les riches, les faibles et les forts, les injustes, les oppresseurs. La victoire sera accordée parfois aux faibles, mais les rôles changent, les pauvres souffrent, les riches usurpent parfois tout. L’injustice règne. La situation devient si insupportable que finalement elle suscite la résistance. Du point de vue social, ce roman aurait outrepassé les données du "pacte de légitimité sociale de la fiction", qui semble stipuler en Égypte que la fiction ne peut tirer son droit de cité que dans le cadre d’un "paradigme réaliste/réformiste", ainsi que le nomme Richard Jacquemond. 422 Geneviève Gobillot dans la préface du livre d'Ajjan-Boutrad éclaire l'idée du sentiment religieux dans l’optique mahfouzienne: Son but ultime est au fond de réconcilier le sentiment religieux naturel et inné, la fameuse fiṭra, y compris avec la mort de Dieu, qui n’est en réalité que la mort du Dieu paternel du passé, silencieux et autoritaire, mais aussi du Dieu immanent des mystiques, pour aboutir à la constatation que la connaissance de Dieu s’avère être une perplexité éternelle prenant la forme d’une spiritualité enracinée dans la psychologie de l’homme, qui domine parfois tout le reste et se perpétue derrière la civilisation des traditions et des rites. 423 Maḥfūẓ use de son talent d’écrivain pour exprimer sa révolte face au mal et à l’injustice imposée par les gouvernants de la société égyptienne. Et, plus particulièrement, il relance un nouveau plan dans 422 Lagrange, Frédéric, Awlad Haratina, op.cit., p. 1. 423 Ajjan-Boutrad, Bacima, Le Sentiment religieux dans l’œuvre de Naguib Mahfouz, op.cit., p. 11. 241

tel-00831353, version 1 - 6 Jun 2013<br />

l’être humain jusqu’à nos jours. Il évoque l’histoire des religions, des<br />

dogmes, de la lutte permanente pour la justice, la liberté, <strong>et</strong> la gloire.<br />

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usurpent parfois tout. L’injustice règne. La situation devient si<br />

insupportable que finalement elle suscite la résistance.<br />

Du point de vue social, ce roman <strong>au</strong>rait outrepassé les données du<br />

"pacte de légitimité sociale de la fiction", qui semble stipuler en Égypte<br />

que la fiction ne peut tirer son droit de cité que dans le cadre d’un<br />

"paradigme réaliste/réformiste", ainsi que le nomme Richard<br />

Jacquemond. 422<br />

Geneviève Gobillot dans la pré<strong>face</strong> du livre d'Ajjan-Boutrad<br />

éclaire l'idée du sentiment religieux dans l’optique mahfouzienne: Son<br />

but ultime est <strong>au</strong> fond de réconcilier le sentiment religieux naturel <strong>et</strong><br />

inné, la fameuse fiṭra, y compris avec la mort de Dieu, qui n’est en<br />

réalité que la mort du Dieu paternel du passé, silencieux <strong>et</strong> <strong>au</strong>toritaire,<br />

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constatation que la connaissance de Dieu s’avère être une perplexité<br />

éternelle prenant la forme d’une spiritualité enracinée dans la<br />

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derrière la civilisation des traditions <strong>et</strong> des rites. 423<br />

Maḥfūẓ use de son talent d’écrivain pour exprimer sa révolte <strong>face</strong><br />

<strong>au</strong> mal <strong>et</strong> à l’injustice imposée par les gouvernants de la société<br />

égyptienne. Et, plus particulièrement, il relance un nouve<strong>au</strong> plan dans<br />

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Lagrange, Frédéric, Awlad Haratina, op.cit., p. 1.<br />

423 Ajjan-Boutrad, Bacima, Le Sentiment religieux dans l’œuvre de <strong>Naguib</strong> <strong>Mahfouz</strong>, op.cit., p. 11.<br />

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