Naguib Mahfouz et Michel Houellebecq: deux romanciers face au ...

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Simone de Beauvoir, répondant à l'invitation du journaliste Moḥammad Ḥasanayn Ḥaykal (Conseiller à l'information du président Jamāl ̉bd Al- tel-00831353, version 1 - 6 Jun 2013 Nāṣir). La censure des livres, d'après Al-Ghīṭanī, repose sur le contrôle et la surveillance des écrits, elle communique avec la Direction des Renseignements généraux où le livre doit être remis pour obtenir ou non l'accord de sa publication. Une fois, la permission en poche, la première page de ce livre sera cachetée par le sceau frappé à l'aigle de la République. Puis, l'auteur prendra cinq exemplaires pour avoir l'accord définitif de la censure, signé et estampé d'un nouveu tampon 266 . Précisons que la censure a duré jusqu'en 1976, année où le président Anwar Al-Sādāt, arrivé au pouvoir en mai 1971, a ordonné d' y mettre fin. Dans cet esprit, le rôle du censeur a disparu à tel point que l'auteur avait la possibilité de faire passer son ouvrge à l'imprimatur directement. La censure dépendait du ministère de l'Intérieur, ratachée au ministère de l'orientation nationale, connu sous le nom de ministère de l'Information à la suite de la Révolution de juillet 1952 267 . Plus tard, en 1971, à la veille de l'arrivée d'un nouveau courant de l'ouverture et de la libéralisation dans plusieurs domaines de l'économie, de la culture, etc, la censure est revenue sur la scène, représentée par le gouvernement et appuyée sur les institutions officielles. La censure à ce titre passe à une nouvelle phase, c'est l'émergence de courants fontamentalises qui jugent les idées d'un point de vue de l'apostasie. Al- Ghīṭānī donne plusieurs exemples sur le destin des livres censurés sous 266 Ghitany, Gamal, " La Censure et la Bibliothèque d'Alexandrie", in La Nouvelle bibliothèque d'Alexandrie, op.cit., pp. 145-148. 267 Ibid., p.151. 138

l'égide de ces courants. En 1987, l'ouvrage très célèbre intitulé Les Mille et une nuits a été condamné pour outrage à la pudeur et interdit de republication. Et il cite également le récit de l'attentat contre Maḥfūz en 1994. Finalement, Al-Ghīṭānī attire l'attention de ses lecteurs sur l'émergence d'une nouvelle forme de la censure; " la censure de climat". Sous cette nouvelle forme, il est possible de s'en prendre à la politique, mais en revanche, il est très ardu d'attaquer la religion ou le sexe 268 . tel-00831353, version 1 - 6 Jun 2013 Après avoir évoqué les deux cas des auteurs arabes modernes censurés, revenons en arrière via le livre de Zaoui, La Culture du sang, pour rappeler le cas d'anciens penseurs arabes censurés. Car Zaoui est attentif au sort des penseurs et intellectuels arabes du temps passé et du temps présent et il cite un grand nombre d’entre eux: Abū Al-̉lā´ Al-Ma ̉rrī, écrivain et poète syrien (973-1057), aveugle depuis l’âge de 4ans, a choqué les musulmans par ses textes en prose, Riِsālat Al-ghofrān (Épître du Pardon). Ce livre, jugé provocateur, a pour sujet des dialogues d’outre-tombe entre les écrivains et les poètes et souvent interprété comme une parodie du Coran. 269 Iِbn Ḥazm (993-1064), poète, prosateur et théologien. Son livre intitulé Ṭawq Al- ḥamāma, (Le Collier de la colombe), a été traduit en plusieurs langues du monde, et se caractérise par une nouvelle réflexion théorique sur les différentes formes d’amour. A cause de ses idées trop larges qui incommodent les théologiens islamiques, son châtiment fut d’être interdit d’enseigner à la grande mosquée de Cordoue et ses 268 Ibid., p. 161. 269 Zaoui, Amin, La Culture du sang, op.cit., p. 42. 139

l'égide de ces courants.<br />

En 1987, l'ouvrage très célèbre intitulé Les Mille <strong>et</strong> une nuits a été<br />

condamné pour outrage à la pudeur <strong>et</strong> interdit de republication.<br />

Et il cite également le récit de l'attentat contre Maḥfūz en 1994.<br />

Finalement, Al-Ghīṭānī attire l'attention de ses lecteurs sur l'émergence<br />

d'une nouvelle forme de la censure; " la censure de climat". Sous c<strong>et</strong>te<br />

nouvelle forme, il est possible de s'en prendre à la politique, mais en<br />

revanche, il est très ardu d'attaquer la religion ou le sexe 268 .<br />

tel-00831353, version 1 - 6 Jun 2013<br />

Après avoir évoqué les <strong>deux</strong> cas des <strong>au</strong>teurs arabes modernes<br />

censurés, revenons en arrière via le livre de Zaoui, La Culture du sang,<br />

pour rappeler le cas d'anciens penseurs arabes censurés. Car Zaoui est<br />

attentif <strong>au</strong> sort des penseurs <strong>et</strong> intellectuels arabes du temps passé <strong>et</strong> du<br />

temps présent <strong>et</strong> il cite un grand nombre d’entre eux: Abū Al-̉lā´ Al-Ma<br />

̉rrī, écrivain <strong>et</strong> poète syrien (973-1057), aveugle depuis l’âge de 4ans, a<br />

choqué les musulmans par ses textes en prose, Riِsālat Al-ghofrān<br />

(Épître du Pardon). Ce livre, jugé provocateur, a pour suj<strong>et</strong> des<br />

dialogues d’outre-tombe entre les écrivains <strong>et</strong> les poètes <strong>et</strong> souvent<br />

interprété comme une parodie du Coran. 269<br />

Iِbn Ḥazm (993-1064), poète, prosateur <strong>et</strong> théologien. Son livre<br />

intitulé Ṭawq Al- ḥamāma, (Le Collier de la colombe), a été traduit en<br />

plusieurs langues du monde, <strong>et</strong> se caractérise par une nouvelle réflexion<br />

théorique sur les différentes formes d’amour. A c<strong>au</strong>se de ses idées trop<br />

larges qui incommodent les théologiens islamiques, son châtiment fut<br />

d’être interdit d’enseigner à la grande mosquée de Cordoue <strong>et</strong> ses<br />

268 Ibid., p. 161.<br />

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Zaoui, Amin, La Culture du sang, op.cit., p. 42.<br />

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