Naguib Mahfouz et Michel Houellebecq: deux romanciers face au ...

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tel-00831353, version 1 - 6 Jun 2013 Cet essai a pour sujet le sort des femmes algériennes, les tabous, les pouvoirs, la situation de la culture, la censure, le statut des créateurs, les interdits, les assassinats et l’exil des intellectuels. Dans cet essai, l’écrivain algérien dénonce la censure et la répression dont sont victimes les intellectuels dans le monde arabo-musulman. Il analyse au fil des pages les sociétés arabes à la lumière de ce qu’il appelle la culture du sang. Il a tenté, avec sa sensibilité de romancier, de témoigner, d’analyser et de débattre du culte du sang que dissimulent nos traditions et notre culture. Il dénonce les préjugés et les tabous qui encombrent la société arabe. De partout, nous sommes menacés, encerclés et bâillonnés par l’interdit, le tabou, le chômage, la pauvreté, les épidémies et les guerres civile 261 . Zaoui veut libérer des intellectuels arabes des carcans du silence. Il taxe ce silence de scandale et d’assassin, ou plutôt de complice: Ce livre est le résultat d’une méditation sur une expérience personnelle vécue dans mon pays durant sa tragédie sanglante ainsi qu’en exil, une méditation chargée d’espoir, de cris d’amertume et de blessures, contre la culture de l’OUBLI et contre le silence assassin: le silence complice 262 . L’auteur ne veut pas dénoncer l’Islam, mais plutôt critiquer les islamistes qui interprètent mal la loi de Dieu et de son Prophète. L’écrivain essaie d’aborder le problème de la liberté d’expression. En effet, longue est la liste des intellectuels et des poètes arabes qui ont subi la torture, l’exil, la marginalisation, l’assassinat dans plusieurs 261 Zaoui, Amin, La Culture du sang : Fatwas, femmes, tabous et pouvoirs, op.cit., 2003, p.5. 262 Ibid, p. 8. 136

tel-00831353, version 1 - 6 Jun 2013 pays arabes à l’ère antéislamique ( Al-Jāḥilīyya) et post-islamique. Zaoui n’oublie personne. Il nous rappelle le temps des 263 Mo’allaqāt littéralement les Suspendus - du verbe ̉llaqa "suspendre"- ou "les Pendensifs", poèmes, véritables chefs-d'œuvre, composés il y a un millénaire et demi, au cours du siècle qui à précédé la prédiction du Prophète Mahomet. Cette appellation est due aux Arabes paїens qui les ont écrits en lettres d'or sur des tissus qu'ils ont suspendus aux murs de la Ka ̉ba. 264 Ils sont écrits selon la musicalité de seize " mers ", dont les sujets varient d’une forte nostalgie, à l’amour, au plaisir, au vin, aux étoiles et aux dieux. Zaoui donne un exemple des poètes des Suspendus: Imro' Al-Qays (mort entre 530 et 540) a mené une vie errante, vagabonde; il a parcouru le désert de long et large en chantant ses poèmes qui ont pour sujet, l’amour, la bien-aimée, le cheval, etc. Il évoque aussi un autre poète connu par son homosexualité et sa pédophilie (mort en 815), Abū Nawwās dont l’œuvre complète, publié pour la première fois en 1999 en Égypte, fut interdite par Al-Azhar et demeure encore interdite 265 . Comme nous sommes en train de parler de la censure en Egypte, évoquons le cas de l'écrivain égyptien Jamāl (Gamāl en égyptien) Al- Ghīṭānī qui a commencé à écrire en 1959 et à publier en 1963, a été censuré, incarcéré, isolé, torturé en 1966 pour ses écrits relatifs à la liberté et l'oppression sociale. Il a retrouvé la liberté grâce à l'entremise de Jean – Paul Sartre lorsque ce dernier vint en visite au Caire avec 263 Anonyme, Les Suspendus (Al-Mo ̉llāqāt), trad. de l'arabe par Heidi Toelle, Paris, Flammarion, 2009, p.7. 264 Lieu Sacré, qui se situe en Arabie Saoudite entre la Mecque et Médine, sur la route des pèlerins musulmans. 265 Zaoui, Amin, La Culture du sang, op.cit., p. 36. 137

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pays arabes à l’ère antéislamique ( Al-Jāḥilīyya) <strong>et</strong> post-islamique.<br />

Zaoui n’oublie personne. Il nous rappelle le temps des 263 Mo’allaqāt<br />

littéralement les Suspendus - du verbe ̉llaqa "suspendre"- ou "les<br />

Pendensifs", poèmes, véritables chefs-d'œuvre, composés il y a un<br />

millénaire <strong>et</strong> demi, <strong>au</strong> cours du siècle qui à précédé la prédiction du<br />

Prophète Mahom<strong>et</strong>. C<strong>et</strong>te appellation est due <strong>au</strong>x Arabes paїens qui les<br />

ont écrits en l<strong>et</strong>tres d'or sur des tissus qu'ils ont suspendus <strong>au</strong>x murs<br />

de la Ka ̉ba. 264<br />

Ils sont écrits selon la musicalité de seize " mers ", dont les suj<strong>et</strong>s<br />

varient d’une forte nostalgie, à l’amour, <strong>au</strong> plaisir, <strong>au</strong> vin, <strong>au</strong>x étoiles <strong>et</strong><br />

<strong>au</strong>x dieux.<br />

Zaoui donne un exemple des poètes des Suspendus: Imro' Al-Qays<br />

(mort entre 530 <strong>et</strong> 540) a mené une vie errante, vagabonde; il a<br />

parcouru le désert de long <strong>et</strong> large en chantant ses poèmes qui ont pour<br />

suj<strong>et</strong>, l’amour, la bien-aimée, le cheval, <strong>et</strong>c. Il évoque <strong>au</strong>ssi un <strong>au</strong>tre<br />

poète connu par son homosexualité <strong>et</strong> sa pédophilie (mort en 815), Abū<br />

Nawwās dont l’œuvre complète, publié pour la première fois en 1999<br />

en Égypte, fut interdite par Al-Azhar <strong>et</strong> demeure encore interdite 265 .<br />

Comme nous sommes en train de parler de la censure en Egypte,<br />

évoquons le cas de l'écrivain égyptien Jamāl (Gamāl en égyptien) Al-<br />

Ghīṭānī qui a commencé à écrire en 1959 <strong>et</strong> à publier en 1963, a été<br />

censuré, incarcéré, isolé, torturé en 1966 pour ses écrits relatifs à la<br />

liberté <strong>et</strong> l'oppression sociale. Il a r<strong>et</strong>rouvé la liberté grâce à l'entremise<br />

de Jean – P<strong>au</strong>l Sartre lorsque ce dernier vint en visite <strong>au</strong> Caire avec<br />

263 Anonyme, Les Suspendus (Al-Mo ̉llāqāt), trad. de l'arabe par Heidi Toelle, Paris, Flammarion,<br />

2009, p.7.<br />

264 Lieu Sacré, qui se situe en Arabie Saoudite entre la Mecque <strong>et</strong> Médine, sur la route des pèlerins<br />

musulmans.<br />

265 Zaoui, Amin, La Culture du sang, op.cit., p. 36.<br />

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