Naguib Mahfouz et Michel Houellebecq: deux romanciers face au ...

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d'aberration" ce qui revient à souhaiter le rétablissement du délit de blasphème. Ainsi est né le procès intenté par les musulmans contre Houellebecq en 2001. Nous en parlerons dans la deuxième partie. CONCLUSION tel-00831353, version 1 - 6 Jun 2013 Dans cette première partie, nous avons passé en revue les deux romans de nos deux écrivains, et dégagé les points tabous qu'ils avaient osé aborder. Maḥfūẓ et Houellebeq avaient-ils un but, à travers leurs œuvres, offensif et scandaleux ? Comme la montre cette citation Maḥfūẓ a défendu plusieurs fois ses idées figurées dans Awlād Ḥāratِinā: C'est vrai que j'ai emprunté pour mes personnages les noms des prophètes. J'avais le large projet de faire de la société un miroir reflétant l'univers. Je voulais faire d'une histoire universelle, une histoire locale. Or, je ne savais pas que les groupes extrémistes y trouveraient une raison suffisante pour me tuer. Malheureusement, ils ont comparé mes personnages aux prophètes. Les extrémistes m'ont finalement accusé de blasphémer. Pour moi, " Les Fils de la Médina" c'est un grand rêve sur la quête d'une justice réelle et durable. Dans le roman, je soulève une question importante à savoir comment la réaliser par l'amour, la force ou la science? J'ai rédigé ce roman en 1958(..) Cette Révolution a mis fin à une forme d'injustice sociale en distribuant les richesses de la classe de la bourgeoisie, mais en même temps, elle a donné des privilèges à d'autres catégories sociales. Et cette nouvelle réalité ne m'a pas laissé sans influence. Je me suis mis alors à la rédaction des " Fils de la Médina". Juste après la rédaction de ce roman, je fus saisi par l'envie 116

d'écrire des contes 234 . tel-00831353, version 1 - 6 Jun 2013 Le roman de Maḥfūẓ se focalise sur l’oppression, la répression, la pauvreté des générations de la naissance d’Adham jusqu’ à la mort d’Arafa. Il a enrichi son intrigue d'un combat entre deux forces, le Bien et le Mal. Il est vrai qu’il a puisé les événements dans les histoires des Prophètes : il a évoqué l'exode de Moïse, la rédemption et la résurrection de Jésus-Christ et l’Hégire de Mahomet. Or, il en a déformé quelques dénouements, finalement il a fait mourir Gabalawi à l’époque de l’homme de Science, Arafa, parce qu’à son avis, le rôle de Gabalawi se termine avec la présence d’Arafa dont le rôle est le même que celui de Gabalawi. Maḥfūz montre par cette distinction que le rôle de Arafa complète celui de Gabalawi et que cet ancêtre est fier d’Arafa qui s’est efforcé de libérer l’humanité du Mal et de rétablir la justice par la Science 235 . Dans cet entretien accordé au journal égyptien Al-Ahrām (A), Maḥfūz (M) parle de Gabalawi: (A) -: Pourquoi Gabalawi est-il mort vers la fin du roman? Et sa mort symbolise la disparition de la religion à un moment donné de l’histoire contemporaine comme vous le dites, le symbole peut-il changer dans un même roman pour renvoyer à la fois à deux entités différentes : Dieu et la religion? (M)-:Pourquoi pas? Le symbole vous pouvez le considérer en tant que révolte contre Gabalawi ou une perte de la foi, mais après cela, Arafa le 234 Choucri, Nesrine, " Naguib Mahfouz brandit sa plume, son unique arme de défense", Le Progrès égyptien, Egypte, jeudi 15 déc 2005, p. 4 .27 Ṭarābīshī, Jūrj, Allah fī Riِḥlat Nājīb Maḥfūẓ Al-Ramzīyya, op.cit., p. 27. 235 طرابيشي،‏ جورج،‏ االله في رحلة نجيب محفوظ الرمزية،‏ مرجع مكرر،‏ ص.‏ 117

d'aberration" ce qui revient à souhaiter le rétablissement du délit de<br />

blasphème. Ainsi est né le procès intenté par les musulmans contre<br />

<strong>Houellebecq</strong> en 2001. Nous en parlerons dans la <strong>deux</strong>ième partie.<br />

CONCLUSION<br />

tel-00831353, version 1 - 6 Jun 2013<br />

Dans c<strong>et</strong>te première partie, nous avons passé en revue les <strong>deux</strong><br />

romans de nos <strong>deux</strong> écrivains, <strong>et</strong> dégagé les points tabous qu'ils avaient<br />

osé aborder. Maḥfūẓ <strong>et</strong> Houellebeq avaient-ils un but, à travers leurs<br />

œuvres, offensif <strong>et</strong> scandaleux ? Comme la montre c<strong>et</strong>te citation<br />

Maḥfūẓ a défendu plusieurs fois ses idées figurées dans Awlād<br />

Ḥāratِinā:<br />

C'est vrai que j'ai emprunté pour mes personnages<br />

les noms des prophètes. J'avais le large proj<strong>et</strong> de<br />

faire de la société un miroir reflétant l'univers. Je<br />

voulais faire d'une histoire universelle, une histoire<br />

locale. Or, je ne savais pas que les groupes<br />

extrémistes y trouveraient une raison suffisante pour<br />

me tuer. Malheureusement, ils ont comparé mes<br />

personnages <strong>au</strong>x prophètes. Les extrémistes m'ont<br />

finalement accusé de blasphémer. Pour moi, " Les<br />

Fils de la Médina" c'est un grand rêve sur la quête<br />

d'une justice réelle <strong>et</strong> durable. Dans le roman, je<br />

soulève une question importante à savoir comment<br />

la réaliser par l'amour, la force ou la science? J'ai<br />

rédigé ce roman en 1958(..) C<strong>et</strong>te Révolution a mis<br />

fin à une forme d'injustice sociale en distribuant les<br />

richesses de la classe de la bourgeoisie, mais en<br />

même temps, elle a donné des privilèges à d'<strong>au</strong>tres<br />

catégories sociales. Et c<strong>et</strong>te nouvelle réalité ne m'a<br />

pas laissé sans influence. Je me suis mis alors à la<br />

rédaction des " Fils de la Médina". Juste après la<br />

rédaction de ce roman, je fus saisi par l'envie<br />

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