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La thèse des désignateurs rigides et la distinction des modalités ...

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CONCLUSION<br />

« Peut-être ne fait-on pas référence », se demande Kripke alors qu’il cherche à<br />

expliquer comment le locuteur doit être, d’une manière ou d’une autre, reliée à <strong>la</strong> référence du<br />

nom. Je ne sais pas si, dans <strong>La</strong> logique <strong>des</strong> noms propres, il s’agit réellement d’une intuition<br />

de Kripke au suj<strong>et</strong> <strong>des</strong> noms propres <strong>et</strong> de leur usage ou s’il ne s’agit que d’un eff<strong>et</strong> rhétorique<br />

dans sa rédaction. Kripke s’en rem<strong>et</strong> toujours à une signification qui serait donnée en termes<br />

de référence. Mais c<strong>et</strong>te façon de voir nous mène dans <strong>des</strong> impasses, dans <strong>des</strong> conséquences<br />

peu p<strong>la</strong>usibles, <strong>et</strong> ne dit finalement pas grand-chose de <strong>la</strong> façon dont on comprend les noms<br />

propres, voire ne perm<strong>et</strong> même pas de donner un compte rendu exhaustif du comportement<br />

<strong>des</strong> noms propres. Elle néglige en eff<strong>et</strong> <strong>la</strong> question <strong>des</strong> dépendances de quantificateurs.<br />

L’erreur de Kripke consiste peut être précisément en ceci : de considérer le nom propre en<br />

termes de référence <strong>et</strong> de ne pas s’interroger sur ce qui fait que l’on comprend le nom propre<br />

comme constituant une référence, comment le locuteur sélectionne une référence.<br />

Au final, <strong>la</strong> lecture de <strong>La</strong> logique <strong>des</strong> noms propres déçoit, on finit par s’emmêler dans<br />

<strong>des</strong> considérations hasardeuses, fondées sur <strong>des</strong> intuitions <strong>et</strong> qui s’apparentent plus à <strong>des</strong><br />

pétitions de principes que <strong>des</strong> arguments soli<strong>des</strong>. Qui plus est, <strong>la</strong> <strong>thèse</strong> ainsi posée, faisant fi<br />

<strong>des</strong> choix du locuteur <strong>et</strong> par là même <strong>des</strong> combinaisons de quantificateurs, ne peut rendre<br />

compte de tous les types d’énoncés. Kripke n’explique pas non plus le processus qui perm<strong>et</strong><br />

aux membres d’une communauté linguistique, dans l’usage <strong>des</strong> noms, de saisir <strong>la</strong> référence<br />

d’un nom. Le fait de considérer que c’est <strong>la</strong> chaîne effective qui est pertinente implique de<br />

considérer une intention déterminée causalement par une chaîne d’ordre étymologique, qui<br />

relie à l’origine du nom <strong>et</strong> au baptême initial. <strong>La</strong> chaîne causale de communication invoquée<br />

par Kripke n’est peut-être pas fausse en elle-même. Mais comment c<strong>et</strong>te chaîne « effective »<br />

peut-elle bien rendre compte de l’usage <strong>des</strong> noms dès lors qu’on n’est en fait même pas assuré<br />

de son effectivité <strong>et</strong> de sa continuité ?<br />

Pourtant, <strong>la</strong> <strong>thèse</strong> de Kripke est à première vue séduisante. En eff<strong>et</strong>, il apporte une<br />

conception du nom qui n’est pas dénuée d’intérêt. L’usage <strong>des</strong> noms ne repose pas sur <strong>la</strong><br />

saisie d’un critère qualitatif ou d’une essence. Voilà qui justifiait <strong>la</strong> référence directe <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

lecture de re face à <strong>la</strong> suspicion d’essentialisme de <strong>la</strong> logique modale. On n’a pas besoin de<br />

cerner une essence pour faire référence <strong>et</strong> se demander ce qui aurait pu arriver à individu.<br />

Mais Kripke veut aller trop loin <strong>et</strong> vide complètement le nom propre de sens. Le nom propre<br />

n’étant pas à saisir comme une entité linguistique qui constitue une référence selon un sens,<br />

mais comme une simple étiqu<strong>et</strong>te qui est apposée sur une référence. C’est sur ce point que le<br />

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