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La thèse des désignateurs rigides et la distinction des modalités ...

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noms d’espèce, <strong>des</strong> essences, lesquelles existeraient indépendamment de notre capacité à les<br />

révéler. A-t-on réellement besoin de l’idée de référence directe pour utiliser les noms<br />

propres ? Doit-on supposer que l’on désigne une essence pour utiliser les noms d’espèce ? Le<br />

problème qui se pose ici est l’idée de faire référence directement à quelque chose d’extérieur<br />

au <strong>la</strong>ngage sans expliquer réellement comment le nom constitue un référent, voire de faire<br />

directement référence à quelque chose qu’on ne connaît même pas (les essences), en<br />

désignant quelque chose qui n’est pas forcément accessible, même en principe, à <strong>la</strong><br />

connaissance. Contre Kripke, on voudrait pouvoir penser que ce type d’énoncé n’est pas<br />

nécessaire <strong>et</strong> qu’il dépend de notre manière d’appréhender les substances.<br />

Apparemment, pour comprendre le sens de <strong>la</strong> <strong>des</strong>cription « l’élément ayant le nombre<br />

atomique 79 » on doit supposer <strong>la</strong> théorie atomique. Or <strong>la</strong> théorie atomique donne c<strong>et</strong>te<br />

valence pour l’or. Si donc l’on parle dans une communauté où c<strong>et</strong>te théorie est communément<br />

accordée, alors il est contenu implicitement dans c<strong>et</strong>te <strong>des</strong>cription qu’elle désigne l’or.<br />

Cependant, il faudrait ici rendre compte de ce qu’un individu connaît quand il utilise un nom,<br />

ou une telle <strong>des</strong>cription définie rigidifiée. En eff<strong>et</strong>, quelqu’un qui ne connaît rien de <strong>la</strong> théorie<br />

atomique <strong>et</strong> de <strong>la</strong> c<strong>la</strong>ssification en termes de valences, ainsi que <strong>des</strong> notions de « nombre<br />

atomique », d’« élément », peut-il vraiment désigner l’or par c<strong>et</strong>te <strong>des</strong>cription ? L’identité<br />

serait nécessaire si l’on ajoute l’hypo<strong>thèse</strong> que l’on est dans une communauté qui traite les<br />

éléments en termes de valence <strong>et</strong> que c’est seulement dans ce cadre que l’on comprend les<br />

mots constituant <strong>la</strong> <strong>des</strong>cription. Je ne sais pas trop comment corriger l’aperçu de Kripke ici,<br />

mais il touche à un problème intéressant en distinguant le nom d’espèce <strong>des</strong> propriétés par<br />

lesquelles on reconnaît l’espèce désignée. Cependant il semble que, si l’on raisonne comme<br />

Kripke, c<strong>et</strong>te propriété, voire <strong>la</strong> théorie toute entière existerait indépendamment de <strong>la</strong><br />

communauté scientifique, dans <strong>la</strong> nature. Mais que serait c<strong>et</strong>te essence de <strong>la</strong> nature qui<br />

attendrait d’être découverte ?<br />

Les <strong>thèse</strong>s de Kripke <strong>la</strong>issent de plus en plus perplexes, qui plus est quand il en vient à<br />

tenir <strong>des</strong> positions positivistes telles que celles qui affirment <strong>la</strong> nécessité de telles découvertes<br />

empiriques. <strong>La</strong> modalité métaphysique peut-elle être aussi radicalement distincte de <strong>la</strong><br />

modalité épistémique que le prétend Kripke ? <strong>La</strong> <strong>distinction</strong> entre <strong>désignateurs</strong> rigi<strong>des</strong> <strong>et</strong> non<br />

rigi<strong>des</strong> est-elle bien opérée ? Probablement y a-t-il une notion de rigidité pertinente <strong>la</strong>quelle<br />

perm<strong>et</strong>trait de décrire <strong>des</strong> énoncés contrefactuels, mais est-elle réellement liée à une référence<br />

directe du type de celle que propose Kripke ? Si les arguments de Kripke montrent bien que le<br />

nom n’est pas synonyme de <strong>la</strong> <strong>des</strong>cription définie, l’usage <strong>des</strong> noms propres peut-il être<br />

réellement <strong>et</strong> radicalement dissocié de toute procédure d’identification du référent ?<br />

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