27.12.2013 Views

La thèse des désignateurs rigides et la distinction des modalités ...

La thèse des désignateurs rigides et la distinction des modalités ...

La thèse des désignateurs rigides et la distinction des modalités ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

enseigné à Alexandre, quel usage pourra-t-il faire de ce nom « Aristote » ? Comme le<br />

souligne Dumm<strong>et</strong>t 40 , il ne sera plus en mesure d’énoncer quoi que ce soit à ce suj<strong>et</strong>. Le seul<br />

usage qu’il pourra faire de ce nom c’est « mais qui donc est Aristote » ? Et on devra alors<br />

exhiber une procédure d’identification de <strong>la</strong> référence, on devra en quelque sorte réactualiser<br />

le baptême, <strong>et</strong> non se contenter d’une explication généalogique en invoquant une chaîne de<br />

transmission. Néanmoins, le propos de Kripke est pertinent en ce sens que si, de fait, l’usage<br />

est restreint à se demander, dans ce cas, « mais qui donc était Aristote ? », on comprendra<br />

qu’on demande qui est Aristote. Les interlocuteurs comprendront qu’on demande une<br />

précision au suj<strong>et</strong> d’Aristote, <strong>et</strong> non pas au suj<strong>et</strong> de quelqu’un d’autre.<br />

Mais comment, de <strong>la</strong> sorte, serait-on en mesure de décider si oui ou non celui qui parle<br />

utilise correctement le nom propre ? Il semble que, malgré tout, <strong>la</strong> maîtrise de l’usage doive<br />

être attribué re<strong>la</strong>tivement à une connaissance soit <strong>des</strong> référents, soit <strong>des</strong> prédicats engagés<br />

dans l’énoncé. En eff<strong>et</strong>, si quelqu’un dit « Gödel aimait <strong>la</strong> réglisse », <strong>et</strong> qu’on ne sait rien à ce<br />

suj<strong>et</strong>, on ne peut pas déterminer si l’usage du nom est correct ou non. Cependant, si quelqu’un<br />

dit « Gödel a gagné le grand prix de Monaco », on saura qu’il n’utilise pas correctement le<br />

nom propre. Je ne sais pas si ce<strong>la</strong> a plus à voir avec l’interprétation du nom propre ou du<br />

prédicat – en ce sens qu’on saurait comment utiliser le prédicat « avoir gagné le grand prix de<br />

Monaco » en décrivant <strong>des</strong> situations dans lesquelles il pourrait ou non s’appliquer à une<br />

entité. Néanmoins, <strong>la</strong> <strong>thèse</strong> de Kripke me semble ici trop réductrice. Ce sont les interlocuteurs<br />

de c<strong>et</strong> individu qui lui attribueront ou non l’usage correct du nom propre, <strong>la</strong> saisie de <strong>la</strong><br />

référence. Et ce<strong>la</strong> semble difficilement possible en s’en rem<strong>et</strong>tant à une chaîne « causale » de<br />

communication effective dont on ne peut que supposer l’existence, qu’on ne pourrait jamais<br />

exhiber. A ce suj<strong>et</strong>, il semble qu’on doive se rapprocher de l’idée de Wittgenstein, <strong>la</strong>quelle<br />

idée a été expliquée précédemment 41 . On voit sur ce point que <strong>la</strong> <strong>distinction</strong> <strong>des</strong> <strong>modalités</strong>, du<br />

moins <strong>la</strong> volonté de les distinguer radicalement, amène Kripke dans <strong>des</strong> explications<br />

re<strong>la</strong>tivement douteuses. Probablement, sans vouloir réintroduire une synonymie entre le nom<br />

propre <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>des</strong>cription définie, une prise en compte de <strong>la</strong> modalité épistémique, ou du moins<br />

d’une possibilité d’apporter une procédure pour expliquer <strong>la</strong> signification d’un nom propre,<br />

serait-elle souhaitable. Une procédure pour r<strong>et</strong>rouver <strong>la</strong> référence du nom propre doit pouvoir,<br />

en principe, être accessible aux membres d’une communauté. Il devrait y avoir moyen de<br />

réactualiser le baptême, de dire comment sélectionner l’entité qui est <strong>la</strong> référence du nom, ou<br />

40 Michael Dumm<strong>et</strong>t, 1973, Frege, Philosophy of <strong>La</strong>nguage (appendix to chapter 5), London, Duckworth<br />

41 Philosophical Investigation, §79, op. cit. On se comprend, <strong>et</strong> on est plus ou moins prêt à substituer l’une ou<br />

l’autre <strong>des</strong>cription au nom propre selon le contexte.<br />

35

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!