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La thèse des désignateurs rigides et la distinction des modalités ...

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tire l’usage du nom, <strong>et</strong> non en re<strong>la</strong>tion à un faisceau de <strong>des</strong>cription. Il n’y a pas besoin d’être<br />

un érudit pour utilise le nom « Aristote », de même que quelqu’un qui ignore tout de <strong>la</strong><br />

philosophie moderne peut très bien faire référence à Gödel. Dans l’appendice, Kripke concède<br />

que c<strong>et</strong>te approche est très caricaturale <strong>et</strong> qu’il n’est pas nécessaire de localiser un baptême<br />

initial 39 . Le nom acquiert une certaine indépendance par <strong>la</strong> transmission dans <strong>la</strong> communauté.<br />

III- <strong>La</strong> chaîne « effective » est-elle vraiment pertinente ?<br />

Le problème qui se pose maintenant est de savoir si ce schéma perm<strong>et</strong> réellement de<br />

saisir l’usage d’un nom propre, voire de conserver <strong>la</strong> référence du nom. Quelle est c<strong>et</strong>te<br />

intention dont parle Kripke si l’on ne doit pas être en mesure de <strong>la</strong> décrire ? En eff<strong>et</strong>, Kripke<br />

dit qu’il n’y a pas besoin de quelconque érudition pour utiliser le nom propre « Aristote », par<br />

exemple. Mais dans ce cas, en quoi consiste c<strong>et</strong> usage ?<br />

Tout d’abord, en ce qui concerne l’argument épistémique, qui repose sur <strong>la</strong> notion<br />

d’erreur, bien loin de justifier <strong>la</strong> désignation rigide, il semble plutôt présupposer <strong>la</strong> <strong>thèse</strong> de <strong>la</strong><br />

rigidité. Kripke fait apparemment une pétition de principe en disant qu’il s’agit de croyances<br />

erronées au suj<strong>et</strong> du référent communément admis. Cependant, si l’on refuse <strong>la</strong> <strong>thèse</strong> de <strong>la</strong><br />

rigidité, en quoi s’agirait-il ici de croyances fausses au suj<strong>et</strong> de Gödel plus que d’une<br />

croyance vraie au suj<strong>et</strong> de quelqu’un d’autre ? <strong>La</strong> <strong>thèse</strong> de <strong>la</strong> rigidité impose <strong>la</strong> <strong>distinction</strong> <strong>des</strong><br />

<strong>modalités</strong>, <strong>et</strong> Kripke refuse de rendre compte de ce que quelqu’un sait quand il utilise un nom,<br />

ce qui le mène à ce genre de considérations. Mais rien ne semble empêcher de croire que<br />

l’individu fait un usage erroné de « Gödel ». Qu’est-ce qui empêche de dire que l’individu<br />

vise en fait quelqu’un d’autre, mais qu’il se trompe de nom ? Kripke ne peut pas concevoir un<br />

tel cas de figure car, comme on le verra, il suppose que le nom propre fonctionne comme une<br />

constante <strong>et</strong> évince ainsi l’idée de sélection d’un référent. Le référent est directement relié au<br />

nom par une étiqu<strong>et</strong>te. Pour comprendre un nom, il n’y a donc pas à sélectionner une<br />

référence. On reviendra sur ce point par <strong>la</strong> suite. Pour Kripke <strong>la</strong> chaîne causale de<br />

communication est censée assurer de <strong>la</strong> référence en reliant le locuteur à c<strong>et</strong>te référence par <strong>la</strong><br />

chaîne effective. Mais en quoi <strong>la</strong> soi-disant effectivité de c<strong>et</strong>te chaîne peut-elle assurer de<br />

quelque usage que ce soit ? En quoi consisterait c<strong>et</strong> usage qui ne dépend pas de ce que<br />

quelqu’un sait quand il utilise un nom, qui ne dit pas comment on saisit <strong>la</strong> référence du nom ?<br />

En eff<strong>et</strong>, à supposer que quelqu’un ne sache d’Aristote que le fait qu’il a été<br />

l’enseignant d’Alexandre. Si il apprend un jour qu’en fait c’est Philippe, <strong>et</strong> non Aristote, qui a<br />

39 cf. p. 151<br />

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