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La thèse des désignateurs rigides et la distinction des modalités ...

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est ce qu’a découvert Gödel. C<strong>et</strong>te propriété ne peut donc servir à identifier le référent. « Si<br />

c’est ce<strong>la</strong> que nous faisons, nous tournerions en rond » 32 , affirme Kripke. Ce<strong>la</strong> reviendrait en<br />

quelque sorte à dire « le référent du nom ‘Gödel’ est celui qu’on désigne communément par le<br />

nom ‘Gödel’ ». Qui plus est, à supposer que c<strong>et</strong>te information concernant Gödel soit fausse,<br />

voire qu’elle soit vraie de quelqu’un d’autre, alors selon une conception <strong>des</strong>criptiviste celui<br />

qui utilise le nom « Gödel » ne ferait pas référence à Gödel, mais à quelqu’un d’autre, celui<br />

qui satisfait à <strong>la</strong> <strong>des</strong>cription en question. Ce n’est pourtant pas de <strong>la</strong> sorte qu’on parle. Si je<br />

parle de Gödel, que je lui associe ou non <strong>la</strong> bonne <strong>des</strong>cription, ce sera de Gödel que je parle.<br />

Simi<strong>la</strong>irement, revenons en à l’exemple « Aristote ». Supposons qu’on ait découvert<br />

qu’en fait, c’est Philippe, le père d’Alexandre, qui a enseigné à son fils. Si un locuteur attribue<br />

à « Aristote » <strong>la</strong> <strong>des</strong>cription définie « l’enseignant d’Alexandre », <strong>et</strong> qu’il utilise le nom<br />

« Aristote », alors, selon <strong>la</strong> théorie <strong>des</strong>criptiviste, il parlera de Philippe. Mais ce n’est pas le<br />

cas, c<strong>et</strong>te personne parlerait encore d’Aristote. Elle aurait une croyance erronée au suj<strong>et</strong><br />

d’Aristote, <strong>et</strong> non une croyance vraie au suj<strong>et</strong> de quelqu’un d’autre, en l’occurrence Philippe.<br />

<strong>La</strong> personne ne parle pas de Philippe en utilisant « Aristote » parce qu’elle attribue une<br />

<strong>des</strong>cription erronée à Aristote mais vraie de Philippe.<br />

On n’a pas besoin d’associer le nom à <strong>des</strong> propriétés identifiantes pour être en mesure<br />

de l’utiliser <strong>et</strong> de se faire comprendre. Après l’argument modal qui montre c<strong>la</strong>irement que le<br />

nom n’est pas substituable salva veritate avec <strong>la</strong> <strong>des</strong>cription définie, Kripke montre<br />

maintenant que le nom ne peut même pas être associé à une <strong>des</strong>cription pour être utilisé. Ce<strong>la</strong><br />

n’est pas possible, <strong>et</strong> c’est là l’argument de Kripke à ce suj<strong>et</strong>, pour <strong>la</strong> simple raison que « nous<br />

utilisons un nom sur <strong>la</strong> base d’un nombre considérable d’informations erronées » 33 .<br />

Autrement dit, bon nombre de noms, selon <strong>la</strong> conception <strong>des</strong>criptiviste, seraient inutilisables,<br />

voire mèneraient à considérer certaines fluctuations de références qui ne sont pas acceptables<br />

si l’on veut se comprendre <strong>et</strong> étant donnée <strong>la</strong> <strong>thèse</strong> intuitive de <strong>la</strong> rigidité.<br />

Le problème consiste maintenant à savoir comment un nom propre peut-il être utilisé<br />

convenablement s’il n’est pas relié à un quelconque critère d’identité, même non qualitatif,<br />

qui perm<strong>et</strong>te d’identifier le référent. Je n’irai pas plus loin en ce qui concerne les attaques de<br />

Kripke contre les cluster theories. Le point important consistait à remarquer que quand on<br />

utilise un nom propre, ce n’est pas <strong>la</strong> connaissance qu’on a de critères d’identifications du<br />

référent qui est primordiale. L’argumentation de Kripke est, certes, bien plus détaillée.<br />

Cependant, c<strong>et</strong>te précision vise à anticiper <strong>des</strong> objections possibles à son argument, à traiter<br />

32 cf. p. 77<br />

33 cf. p.72<br />

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