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La thèse des désignateurs rigides et la distinction des modalités ...

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Si l’on croit que Hesperus aurait pu ne pas être Phosphorus, c’est que l’on confond les<br />

<strong>modalités</strong>. On confond <strong>la</strong> possibilité épistémique selon <strong>la</strong>quelle Hesperus aurait pu ne pas<br />

être Phosphorus <strong>et</strong> <strong>la</strong> nécessité de l’identité exprimée par l’énoncé. C<strong>et</strong>te possibilité<br />

épistémique est liée au fait que <strong>la</strong> façon dont on a fixé <strong>la</strong> référence de ces noms n’implique<br />

pas qu’ils désignent le même obj<strong>et</strong>. Il est donc consistant avec ce qu’on comprend <strong>des</strong> mots<br />

de l’énoncé que Hesperus aurait pu ne pas être Phosphorus, <strong>la</strong> non identité est compatible<br />

avec notre connaissance. Mais on a une impossibilité métaphysique selon <strong>la</strong>quelle Hesperus<br />

n’aurait pas pu ne pas être Phosphorus <strong>et</strong> ce, en vertu de l’indiscernabilité <strong>des</strong> identiques.<br />

C<strong>et</strong>te <strong>thèse</strong> de l’identité nécessaire découverte a posteriori <strong>la</strong>isse perplexe <strong>et</strong> semble<br />

trop réductrice. Pourtant, elle est une conséquence de <strong>la</strong> <strong>thèse</strong> de <strong>désignateurs</strong> rigi<strong>des</strong> <strong>et</strong> de <strong>la</strong><br />

<strong>distinction</strong> <strong>des</strong> <strong>modalités</strong>. Mais c<strong>et</strong>te analyse ne s’applique pas à tous les types de contextes<br />

intensionnels. A ce niveau on pourrait objecter à Kripke le fait que <strong>des</strong> noms qui désignent le<br />

même référent sont substituables l’un à l’autre dans tous les contextes. Kripke est du reste<br />

bien embêté, pour traiter les énoncés d’identités dans les contextes épistémiques. S’il est<br />

nécessaire que Hesperus <strong>et</strong> Phosphorus désignent nécessairement Vénus, alors quiconque,<br />

dans un monde possible utilise ces noms, les utilisera pour faire référence au même obj<strong>et</strong>. On<br />

verra que l’erreur de Kripke est ici de supposer une référence directe indépendante de<br />

quelconques choix, re<strong>la</strong>tifs dans une certaine mesure à une modalité épistémique, du locuteur.<br />

Kripke a une notion de référence indépendante <strong>des</strong> locuteurs <strong>et</strong> ne peut considérer le fait de<br />

faire référence comme résultant d’un choix.<br />

Qui plus est, si <strong>la</strong> modalité métaphysique est radicalement distincte de <strong>la</strong> modalité<br />

épistémique <strong>et</strong> que le nom propre ne désigne rien au delà de sa référence, alors il n’y a plus de<br />

différence entre dire « Hesperus est Phosphorus » ou « Phosphorus est Phosphorus ». « Il n’a<br />

jamais été question d’aller si loin », concède Kripke 31 , « <strong>la</strong> première proposition ayant une<br />

portée empirique », ce qui n’est pas le cas de <strong>la</strong> seconde. Mais que signifie c<strong>et</strong>te idée selon<br />

<strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> première aurait une portée empirique dès lors que l’identité exprimée est analysée<br />

en termes de modalité métaphysique ?<br />

On commence à voir les limites d’une désignation directe <strong>et</strong> d’une <strong>distinction</strong> radicale<br />

entre les <strong>modalités</strong>. Kripke est forcé de tirer c<strong>et</strong>te conclusion car le nom propre est à<br />

interpréter directement par sa référence. Un tel énoncé d’identité a-t-il un sens s’il n’est pas<br />

relié à une modalité épistémique ? Si le nom ne peut pas être synonyme d’une <strong>des</strong>cription<br />

définie, doit-on pour autant en déduire qu’il n’a aucun sens ?<br />

31 cf. p.172 (appendice)<br />

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