27.12.2013 Views

La thèse des désignateurs rigides et la distinction des modalités ...

La thèse des désignateurs rigides et la distinction des modalités ...

La thèse des désignateurs rigides et la distinction des modalités ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

faire un mètre ». Autrement dit, <strong>la</strong> contingence exprimée quand on dit que le mètre étalon<br />

pourrait ne pas faire un mètre n’est pas compatible avec notre connaissance. L’argumentation<br />

de Kripke semble faire intervenir un raisonnement par <strong>la</strong> double négation. On ne peut pas<br />

savoir directement que le mètre étalon ne mesure pas un mètre, mais il est absurde de<br />

considérer que <strong>la</strong> longueur de <strong>la</strong> barre qui a servi d’étalon soit de <strong>la</strong> même longueur dans tous<br />

les mon<strong>des</strong> possibles. Il en déduit qu’on a une vérité a priori contingente.<br />

On r<strong>et</strong>iendra ici l’indépendance radicale <strong>des</strong> deux <strong>modalités</strong> l’une vis-à-vis de l’autre.<br />

« Nécessaire » doit s’appliquer aux énoncés qui affirment une propriété vraie d’un obj<strong>et</strong> dans<br />

tous les mon<strong>des</strong> possibles, indépendamment de <strong>la</strong> modalité épistémique <strong>et</strong> de ce qui est<br />

compatible avec notre connaissance. Par contre, Kripke dit qu’il utilisera <strong>la</strong> notion « a<br />

priori », je cite, « de façon à ce que soient a priori les énoncés dont <strong>la</strong> vérité résulte d’une<br />

« définition » fixant une référence » 27 . C<strong>et</strong>te définition ne se faisant pas, comme on vient de le<br />

voir, au moyen d’une propriété essentielle, il faut distinguer le fait de fixer <strong>la</strong> référence <strong>et</strong> de<br />

donner le sens du nom. Selon Kripke, « Frege doit être blâmé pour avoir utilisé le<br />

mot « sens » dans deux sens. Le sens d’un désignateur, pour lui, c’est sa signification, mais<br />

c’est aussi <strong>la</strong> façon dont sa référence est fixée » 28 . Selon Kripke, on doit distinguer le fait de<br />

donner le sens du nom du fait de fixer sa référence. Le nom n’a pas de sens, il désigne<br />

seulement <strong>la</strong> référence qui a été fixée. On peut fixer <strong>la</strong> référence du nom propre d’Aristote au<br />

moyen d’une propriété accidentelle d’Aristote, propriété qui ne perm<strong>et</strong>tra plus de r<strong>et</strong>rouver <strong>la</strong><br />

référence par <strong>la</strong> suite, voire qui pourrait se révéler fausse. A ce suj<strong>et</strong>, <strong>et</strong> afin de rendre plus<br />

c<strong>la</strong>ir le propos de Kripke, je vais directement introduire <strong>la</strong> notion de baptême initial.<br />

Le « baptême initial » consiste à donner un nom à un obj<strong>et</strong> par stipu<strong>la</strong>tion. On peut<br />

prendre un exemple, lequel n’est pas présenté par Kripke, mais qu’il accorderait sans aucun<br />

doute 29 . Soit une famille dans <strong>la</strong>quelle naît, disons, le cinquième enfant. On l’appellera « le<br />

p<strong>et</strong>it ». Une fois que c<strong>et</strong> enfant grandit, voire devient le plus grand de <strong>la</strong> famille, rien<br />

n’empêche de l’appeler « le p<strong>et</strong>it ». Si, lors du baptême initial, <strong>la</strong> <strong>des</strong>cription définie « le<br />

p<strong>et</strong>it » a permis de déterminer le référent, « le p<strong>et</strong>it » en tant que sobriqu<strong>et</strong> est quant à lui<br />

devenu un désignateur rigide. Et « le p<strong>et</strong>it » en tant que nom, en tant que désignateur rigide,<br />

pour désigner ce cinquième enfant, ne signifie plus le candidat unique qui correspond à <strong>la</strong><br />

<strong>des</strong>cription définie « le p<strong>et</strong>it ». Dès lors, on peut dire « le p<strong>et</strong>it est grand », ou « le p<strong>et</strong>it aurait<br />

27 cf. note 26, p.51<br />

28 cf. p.46<br />

29 Pour être précis, Kripke ajouterait probablement que ce n’est pas là un usage conventionnel d’une <strong>des</strong>cription<br />

définie, qu’il s’agit d’une <strong>des</strong>cription considérée comme un nom. C’est justement le cas ici. De toutes façons, de<br />

telles précisions ne sont pas encore importantes pour le propos présent. On aura l’occasion d’y revenir quand on<br />

discutera les considérations de portée.<br />

25

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!