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La thèse des désignateurs rigides et la distinction des modalités ...

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« mètre » comme un désignateur rigide, c’est-à-dire qui désigne <strong>la</strong> longueur du mètre telle<br />

qu’elle est dans le réel dans tous les mon<strong>des</strong> possibles, alors l’étalon aurait pu ne pas mesurer<br />

un mètre. Le fait de mesurer un mètre est une propriété contingente de l’étalon, nonobstant <strong>la</strong><br />

vérité de l’énoncé « le mètre étalon mesure un mètre » est connue a priori.<br />

Si l’on s’en rem<strong>et</strong> aux confusions de <strong>modalités</strong> <strong>et</strong> aux lectures de re <strong>et</strong> de dicto, on voit<br />

que, dans lecture de dicto, l’impossibilité de <strong>la</strong> vérité de l’énoncé « le mètre étalon ne mesure<br />

pas un mètre » relève d’une modalité épistémique. Par contre, il est contingent que le référent<br />

de l’expression « le mètre étalon », <strong>la</strong> barre qui a servi à fixer <strong>la</strong> référence, mesure un mètre<br />

tel que ce mètre désigne une certaine unité de longueur dans le réel. <strong>La</strong> référence de « mètre »<br />

étant fixée, <strong>la</strong> barre qui sert d’étalon ne donne plus <strong>la</strong> référence du mot « mètre ». <strong>La</strong> re<strong>la</strong>tion<br />

entre « le mètre » <strong>et</strong> <strong>la</strong> longueur qu’était celle de c<strong>et</strong> étalon au moment de <strong>la</strong> fixation de <strong>la</strong><br />

référence dans le monde réel a été fixée. « Mètre » devient un désignateur rigide pour c<strong>et</strong>te<br />

longueur en tant que telle dans tous les mon<strong>des</strong> possibles. Donc <strong>la</strong> barre qui sert d’étalon <strong>et</strong> sa<br />

longueur dans un monde possible ne donneront plus <strong>la</strong> référence du mot « mètre ». De même,<br />

une fois <strong>la</strong> référence fixée, <strong>la</strong> longueur de l’étalon peut changer, le mètre ne change pas, <strong>et</strong><br />

« mètre » désignera toujours le même mètre. <strong>La</strong> <strong>des</strong>cription définie « <strong>la</strong> longueur du mètre<br />

étalon », qui perm<strong>et</strong> de fixer <strong>la</strong> référence ne perm<strong>et</strong> pas d’identifier le référent de « mètre ».<br />

Pour résumer, si l’on croit que parce que l’on sait a priori, par définition qui stipule le<br />

référent du nom, que le mètre étalon est <strong>la</strong> longueur de <strong>la</strong> barre qui a servi d’étalon le jour où<br />

l’on a fixé <strong>la</strong> référence de « mètre », on n’exprime pas pour autant, en disant « le mètre étalon<br />

mesure un mètre » une vérité nécessaire, mais un fait contingent. On peut dire a priori « Le<br />

mètre étalon mesure un mètre », mais le mètre étalon aurait pu ne pas mesurer un mètre. Et il<br />

ne s’agit pas ici de conventions de portées, <strong>la</strong>quelle opterait pour une portée <strong>la</strong>rge pour le nom<br />

propre re<strong>la</strong>tivement à l’opérateur modal 26 . Il s’agit essentiellement de distinguer les<br />

<strong>modalités</strong>, <strong>la</strong> modalité épistémique portant sur <strong>la</strong> façon dont on connaît <strong>la</strong> référence du mètre,<br />

<strong>la</strong> modalité métaphysique portant sur les propriétés du mètre indépendamment de <strong>la</strong> façon<br />

dont on a fixé sa référence. Ici revient <strong>la</strong> dimension réaliste de <strong>la</strong> <strong>thèse</strong> de Kripke. En eff<strong>et</strong>, on<br />

se trouve dans une situation dans <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> possibilité que le mètre étalon ne mesure pas un<br />

mètre est une possibilité métaphysique indépendante de <strong>la</strong> modalité épistémique, qui est ici<br />

nécessaire. <strong>La</strong> dimension réaliste est d’autant plus saisissante en ce sens que selon Kripke, on<br />

a une impossibilité épistémique qui est exprimée par « le mètre étalon n’aurait pas pu ne pas<br />

26 On reviendra sur c<strong>et</strong>te notion de portée de manière plus détaillée par <strong>la</strong> suite. Kripke refuse en eff<strong>et</strong> une<br />

explication en termes de conventions de portées en répondant à <strong>des</strong> objections émises par Dumm<strong>et</strong>t, argumentant<br />

que c’est <strong>la</strong> <strong>distinction</strong> <strong>des</strong> <strong>modalités</strong> qui est pertinente. Ce n’est pas, selon Kripke, <strong>la</strong> portée qui est ambiguë,<br />

mais l’interprétation de l’opérateur modal. Qui plus est, l’explication porte ici sur <strong>des</strong> énoncés simples, donc<br />

invoquer <strong>la</strong> notion de portée est inutile.<br />

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