alsace - Ministère de la Culture et de la Communication
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corpus : B. Arbogast (Arbogast 1976) a ainsi traité <strong>de</strong>s<br />
collections mérovingiennes du Musée archéologique <strong>de</strong><br />
Strasbourg <strong>et</strong> E. Thomann du mobilier métallique <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
nécropole <strong>de</strong> Herrlisheim-près-Colmar (Thomann 1997).<br />
Comme pour une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> ce matériel, les associations<br />
ne sont pas connues, aucun système typochronologique<br />
propre n’a pu être établi à partir <strong>de</strong> ces<br />
travaux <strong>et</strong> toutes les datations reposent encore aujourd’hui<br />
sur les seules chronologies alleman<strong>de</strong>s <strong>et</strong> suisses<br />
auxquelles se rattache le faciès alsacien.<br />
Si donc pour <strong>la</strong> céramique, mais aussi pour le verre, le<br />
cadre chronologique paraît aujourd’hui bien établi, pour le<br />
reste du mobilier, nos connaissances gagneraient à être<br />
approfondies 28 . Deux étu<strong>de</strong>s en cours constitueront certainement<br />
une avancée décisive dans l’établissement <strong>de</strong><br />
c<strong>et</strong>te chronologie : l’exploitation <strong>de</strong> l’importante nécropole<br />
d’Erstein par J. Guil<strong>la</strong>ume <strong>et</strong> P. Rohmer <strong>et</strong> l’aboutissement<br />
du catalogue <strong>de</strong>s collections mérovingiennes <strong>de</strong> <strong>la</strong> région,<br />
sous <strong>la</strong> direction du Musée archéologique <strong>de</strong> Strasbourg<br />
<strong>et</strong> du Römisch Germanisches Zentralmuseum <strong>de</strong><br />
Mayence (RGZM) 29 .<br />
II. LES HABITATS RURAUX<br />
L’un <strong>de</strong>s principaux apports <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique archéologique<br />
<strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières années est d’avoir permis l’exploration<br />
<strong>de</strong> plusieurs habitats mérovingiens <strong>et</strong> carolingiens sur<br />
<strong>de</strong>s superficies importantes. Jusque-là, les fouilles étaient<br />
restées ponctuelles, limitées souvent à <strong>de</strong>s relevés <strong>de</strong><br />
coupes (fouilles d’A. Stieber dans les années 1950 <strong>et</strong><br />
1960 à Fur<strong>de</strong>nheim, Quatzenheim, Nordhouse <strong>et</strong> Marlenheim<br />
entre autres [Peytremann 2000 : 147 ; Peytremann<br />
2003 : 104-105]) ou, comme à Riedisheim <strong>et</strong> Ensisheim,<br />
menées par tranchées sans avoir pu obtenir une vision<br />
générale du site. Grâce à <strong>de</strong>s décapages extensifs <strong>et</strong> à <strong>la</strong><br />
multiplication <strong>de</strong>s interventions, l’image <strong>de</strong>s ces habitats<br />
qui était <strong>de</strong>meurée partielle <strong>et</strong> tronquée, a pu être ainsi<br />
complétée <strong>et</strong> corrigée.<br />
Vingt sites ont été explorés <strong>de</strong>puis 1990. Sept ont été dégagés<br />
sur <strong>de</strong>s superficies re<strong>la</strong>tivement importantes entre<br />
0,4 <strong>et</strong> 2 ha (dans le Bas-Rhin, Nordhouse–Oberfuert [1,5<br />
ha], Marlenheim–La Peupleraie [0,7 ha], Marlenheim–<br />
Appre<strong>de</strong>ris [0,4 ha] <strong>et</strong> Geispolsheim–Moulin <strong>de</strong> l’Ehn<br />
[0,5 ha] ; dans le Haut-Rhin, Houssen–Cora [2 ha],<br />
Ruelisheim–Le Clos Saint-Georges [0,6 ha] <strong>et</strong> Munwiller–<br />
Les Fleurs [0,5 ha]) ; neuf ont fait l’obj<strong>et</strong> d’interventions sur<br />
<strong>de</strong>s surfaces plus réduites <strong>de</strong> 0,07 à 0,3 ha ; les autres ont<br />
bénéficié d’une étu<strong>de</strong> ponctuelle (cf. tableau). Par ailleurs,<br />
six habitats ont été simplement sondés sans que l’opération<br />
ait été suivie d’une fouille préventive 30 . La plupart<br />
<strong>de</strong> ces sites sont concentrés dans <strong>de</strong>ux zones c<strong>la</strong>irement<br />
circonscrites : l’une au nord autour <strong>de</strong> Strasbourg, l’autre<br />
au sud entre Colmar <strong>et</strong> Mulhouse (cf. carte). Les autres<br />
régions – le centre <strong>de</strong> l’Alsace autour <strong>de</strong> Sélestat <strong>et</strong> aux<br />
extrémités nord <strong>et</strong> sud, l’Outre-Forêt <strong>et</strong> le Sundgau – n’ont<br />
connu que très peu ou aucune intervention. C<strong>et</strong>te répartition<br />
très inégale reste encore difficile à expliquer : elle<br />
pourrait être tout autant liée à <strong>de</strong>s facteurs économiques<br />
ou administratifs (surveil<strong>la</strong>nce accrue <strong>de</strong>s zones proches<br />
<strong>de</strong>s centres <strong>de</strong> décisions <strong>et</strong> plus suj<strong>et</strong>tes au développement<br />
économique), qu’à <strong>de</strong>s raisons historiques ou géographiques<br />
en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus ou moins forte attractivité<br />
<strong>de</strong> ces différents espaces naturels. Pour l’Outre-Forêt<br />
tout au moins, les prospections <strong>et</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s textes ont<br />
montré que c<strong>et</strong>te région n’a vraisemb<strong>la</strong>blement été peuplée<br />
que tardivement, à partir du X e s., sous l’impulsion <strong>de</strong><br />
l’abbaye <strong>de</strong> Seltz fondée à c<strong>et</strong>te époque (Châtel<strong>et</strong>, Gitta<br />
1989).<br />
Pour aucun <strong>de</strong>s habitats fouillés ces quinze <strong>de</strong>rnières années,<br />
sauf peut-être pour celui <strong>de</strong> Houssen–Cora, leurs<br />
limites n’ont été entièrement atteintes. Bien que partiellement<br />
dégagés, les sites explorés sur les plus gran<strong>de</strong>s surfaces<br />
ont permis toutefois <strong>de</strong> développer une réflexion sur<br />
<strong>la</strong> constitution <strong>de</strong> ces établissements, leur évolution dans<br />
le temps <strong>et</strong> <strong>de</strong> s’interroger sur leur origine <strong>et</strong> leur abandon<br />
(Châtel<strong>et</strong> 1999). Quelques traits ont pu être dégagés que<br />
l’on peut résumer ainsi :<br />
– une instabilité encore re<strong>la</strong>tivement importante, marquée<br />
par <strong>de</strong>s légers dép<strong>la</strong>cements <strong>de</strong> quelques dizaines<br />
<strong>de</strong> mètres, affectant toutes ou une partie seulement<br />
<strong>de</strong>s exploitations ;<br />
– une gran<strong>de</strong> diversité dans leur organisation, les habitations<br />
se développant tantôt le long d’un chemin, tantôt<br />
autour d’une p<strong>la</strong>ce ou en grappes, sans structuration<br />
apparente, empêchant, en l’état actuel <strong>de</strong> nos connaissances,<br />
une quelconque modélisation <strong>de</strong> leur p<strong>la</strong>n ;<br />
– une durée <strong>de</strong> vie très variable, <strong>la</strong>issant apparaître <strong>de</strong>s<br />
abandons <strong>et</strong> <strong>de</strong>s créations tout au long du haut Moyen<br />
Âge. On notera cependant <strong>la</strong> difficulté <strong>de</strong> cerner encore<br />
actuellement <strong>la</strong> durée réelle <strong>de</strong> ces habitats, leur mobilité<br />
<strong>et</strong> <strong>la</strong> superficie généralement trop limitée <strong>de</strong>s fenêtres<br />
ouvertes ne perm<strong>et</strong>tant d’appréhen<strong>de</strong>r, chaque<br />
fois, qu’une toute p<strong>et</strong>ite partie <strong>de</strong> leur histoire.<br />
Liste <strong>de</strong>s habitats du haut Moyen Âge fouillés en Alsace<br />
(n’ont été pris en compte que les sites dont les structures ont été au moins partiellement fouillées).<br />
Site Dpt Datation Surf.(ha) Année Responsable Rapport Publi. Analyses<br />
Habitats isolés<br />
Houssen / Cora 68 VIIIe-IXe s. 2,00 1996-<br />
1997<br />
G. Kuhnle x<br />
Nordhouse / Oberfuert 67 IXe-XIe s. 1,50 1998 M. Châtel<strong>et</strong> x x macrorestes,<br />
faune, bois<br />
28 Voir l’article d’E. Thomann sur le mobilier métallique.<br />
29 L’étu<strong>de</strong> en cours est menée par A. Frey (RGZM, Mayence).<br />
30 Pour ces sites, voir <strong>la</strong> bibliographie thématique en fin d’ouvrage (Moyen Âge – Habitat rural). À ces habitats fouillés, s’ajoutent aussi ceux repérés<br />
en prospection qui, dans le Ried du Nord, sont particulièrement nombreux. Ils n’ont pas été recensés dans le cadre <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te notice.<br />
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