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alsace - Ministère de la Culture et de la Communication

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Les cultes <strong>et</strong> sanctuaires<br />

François PÉTRY<br />

Un point sur un tel suj<strong>et</strong> nécessite, en raison <strong>de</strong> <strong>la</strong> minceur<br />

<strong>de</strong>s données récentes, un r<strong>et</strong>our en arrière, même<br />

assez lointain. Sans rentrer dans le détail <strong>de</strong>s observations<br />

<strong>de</strong> Beatus Rhenanus, qui a vu une chapelle, possible<br />

cel<strong>la</strong>, entourée d’ex-voto gallo-romains encore in situ<br />

à Grassendorf, on se souviendra du dépouillement régulier<br />

pratiqué, à <strong>la</strong> manière <strong>de</strong>s antiquaires <strong>de</strong> l’époque,<br />

par Schoepflin (<strong>et</strong> bien d’autres) au Donon <strong>et</strong> dans <strong>de</strong> p<strong>et</strong>its<br />

sanctuaires <strong>de</strong>s somm<strong>et</strong>s vosgiens qui ont été vidés<br />

<strong>de</strong> leurs reliefs, quasiment sans observations (sinon à La<br />

Val<strong>et</strong>te). Un moment important se situe vers 1830, avec<br />

l’intervention <strong>de</strong> Schnoeringer au lieudit Sand près <strong>de</strong><br />

Gun<strong>de</strong>rshoffen : observation <strong>de</strong>s restes remarquablement<br />

conservés d’un fanum avec sa galerie, les statues <strong>de</strong> culte<br />

<strong>et</strong> ex-votos se trouvant apparemment en p<strong>la</strong>ce (ex-votos<br />

dressés dans <strong>de</strong>s soubassements avec inscription) ; c<strong>et</strong>te<br />

fouille a été publiée <strong>et</strong> les pierres votives en majorité recueillies<br />

par le fouilleur sont allées ultérieurement dans<br />

les collections du Musée historique <strong>de</strong> Mulhouse. On r<strong>et</strong>iendra<br />

également parmi les fouilles «historiques», celle<br />

du mithraeum <strong>de</strong> Koenigshoffen, faite par R. Forrer <strong>et</strong> A.<br />

Riff dans <strong>de</strong> bien mauvaises conditions (phase hivernale,<br />

sondages limités <strong>et</strong> profonds...) qui ont livré une moisson<br />

très abondante (difficile à exploiter <strong>et</strong> à lire pour les parties<br />

relevant <strong>de</strong> l’architecture en creux du sanctuaire), <strong>la</strong><br />

réalisation <strong>de</strong> sondages nombreux plus ou moins développés<br />

par F. Lacour au cours <strong>de</strong>s années 1930, avec le<br />

conseil <strong>de</strong> A. Grenier puis <strong>de</strong> E. Linckenheld (publications<br />

<strong>de</strong> Czarnowsky <strong>et</strong> Linckenheld), le sauv<strong>et</strong>age <strong>de</strong> ce qui<br />

restait du mithraeum <strong>de</strong> Mackwiller (par J.-J. Hatt, intervenant<br />

après M. Lutz, un enseignant local) après l’avancée<br />

d’un front <strong>de</strong> carrière. Par ailleurs, au long <strong>de</strong>s siècles (au<br />

moins <strong>de</strong>puis le XVI e s.), avaient été recueillis <strong>de</strong>s pierres<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s présentant un intérêt du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s<br />

cultes <strong>de</strong> l’époque romaine dans les lieux les plus divers.<br />

On se trouve aujourd’hui dans une situation assez paradoxale.<br />

Il faut noter l’extrême faiblesse <strong>de</strong>s apports récents,<br />

malgré <strong>la</strong> multiplication <strong>de</strong>s fouilles <strong>et</strong> l’extension<br />

en surface <strong>de</strong> celles-ci. Au cours <strong>de</strong>s 15 ou 20 <strong>de</strong>rnières<br />

années, il y a eu quelques éléments <strong>la</strong>pidaires généralement<br />

isolés (à Koenigshoffen notamment) ; il faut signaler<br />

<strong>la</strong> fouille entreprise dans <strong>de</strong>s conditions scientifiques peu<br />

satisfaisantes au lieudit Schwarzaecker à Illfurth (enfi<strong>la</strong><strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> fana – avec phase originelle <strong>la</strong>ténienne – dont <strong>de</strong>ux ont<br />

été dégagés) qu’il a fallu arrêter d’autorité (il n’y a pas eu<br />

<strong>de</strong> rapport sur c<strong>et</strong>te intervention). Une découverte toute<br />

récente a été effectuée à Biesheim (campagne <strong>de</strong> 2003),<br />

où <strong>de</strong>s développements intéressants sont attendus.<br />

Il faut noter, <strong>de</strong> façon globale, donc en prenant en compte<br />

l’information ancienne, <strong>la</strong> disparité considérable entre les<br />

<strong>de</strong>ux départements : par rapport au Bas-Rhin, le département<br />

du Haut-Rhin a fourni fort peu d’éléments concernant<br />

les cultes : très peu <strong>de</strong> structures sont rattachables<br />

à <strong>de</strong>s sanctuaires ; il y a extrêmement peu d’éléments <strong>la</strong>pidaires<br />

votifs (il en est <strong>de</strong> même pour le funéraire). Il faut<br />

s’interroger : le matériau local est certes moins abondant<br />

ou facile à travailler que les grès employés dans le Bas-<br />

Rhin (il y a cependant le grès <strong>de</strong> Rouffach, <strong>et</strong>c.). Dans<br />

<strong>la</strong> p<strong>la</strong>ine haut-rhinoise, les remplois auraient-ils été encore<br />

plus fréquents que dans le Bas-Rhin ? Les fonds <strong>la</strong>pidaires<br />

<strong>de</strong>s musées archéologiques haut-rhinois viennent<br />

d’ailleurs pour partie du Bas-Rhin (collection Schnoeringer<br />

à Mulhouse, ramassage <strong>de</strong> Hugot au Kempel dans le<br />

Bas-Rhin à Unterlin<strong>de</strong>n).<br />

On peut, d’une certaine manière, ordonner les données<br />

actuellement possédées. Si l’on tient compte d’une certaine<br />

hiérarchie, on constate que le Donon est, en l’état<br />

actuel, le sanctuaire qui a livré le matériel <strong>la</strong>pidaire le plus<br />

abondant (à Strasbourg, Épinal, <strong>et</strong>c.). Des constructions<br />

cultuelles sont connues, plus ou moins bien. Selon l’état<br />

<strong>de</strong>s lieux que l’on a pu en faire, il faut tordre le coup à<br />

l’idée <strong>de</strong> «grand sanctuaire confédéral» : il n’y a, dans ce<br />

lieu consacré principalement à Mercure – <strong>et</strong> à <strong>de</strong>s formes<br />

<strong>de</strong> dieux indigènes proches –, aucune trace d’architecture<br />

<strong>de</strong> caractère urbain, ni <strong>de</strong> sculpture «savante», donc<br />

pas l’intervention directe <strong>de</strong>s cités triboque, leuque <strong>et</strong> médiomatrique<br />

que l’on a parfois recherchée, même si <strong>de</strong>s<br />

fidèles venaient <strong>de</strong> ces diverses cités (il s’agissait principalement<br />

<strong>de</strong>s ruraux <strong>de</strong>s proches vallées <strong>et</strong> certainement<br />

aussi <strong>de</strong>s pèlerins venant <strong>de</strong> plus loin).<br />

En ce qui concerne les villes <strong>et</strong> bourga<strong>de</strong>s, Strasbourg<br />

occupe avec son camp légionnaire une p<strong>la</strong>ce à part : il<br />

faut d’abord évacuer l’idée, un brin farfelue, du sanctuaire<br />

celtique se maintenant en plein camp (p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cathédrale)<br />

<strong>et</strong> reconnaître qu’il existait une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> p<strong>et</strong>its<br />

sanctuaires probablement éparpillés dans les diverses<br />

aires du camp, peut-être avec certaines fonctions «spécialisées».<br />

La présence d’un sanctuaire vraisemb<strong>la</strong>blement<br />

<strong>de</strong> nautes dans le quartier Saint-Thomas (lien avec<br />

une partie du port) est à souligner (autel du légat Oppius<br />

Severus dédié au Père Rhin). D’autres sanctuaires existaient<br />

aux abords immédiats <strong>et</strong> plus lointains du camp,<br />

dans les divers vici canabarum : p<strong>et</strong>its sanctuaires <strong>de</strong><br />

carrefour, lieu dédié à tel génie <strong>de</strong> vicus (à Koenigshoffen),<br />

sanctuaires plus particuliers (dieux orientaux apparemment<br />

à l’ouest <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce Kléber, mithraeum déjà cité<br />

<strong>de</strong> Koenigshoffen). Des indices existent à Brumath, mais<br />

les données concrètes sont limitées (certes, il y a eu <strong>la</strong><br />

trouvaille importante <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ques votives en argent, mais<br />

<strong>la</strong> provenance locale n’est pas assurée – éventuellement<br />

butin comme à Potz ?). Un certain nombre d’autres lieux<br />

ont livré <strong>de</strong>s vestiges intéressants : mithraeum <strong>et</strong> maintenant<br />

autre lieu <strong>de</strong> culte important à Biesheim, vestiges<br />

plus ou moins fragmentaires à Horbourg-Wihr (semb<strong>la</strong>nt<br />

indiquer d’après les prospections faites, <strong>de</strong>s remplois en<br />

énième situation), éléments divers à Benfeld–Ehl, à Saverne,<br />

à Seltz.<br />

Nie<strong>de</strong>rbronn-les-Bains occupe une p<strong>la</strong>ce plus singulière :<br />

plusieurs découvertes <strong>la</strong>pidaires (divinités féminines, inscriptions)<br />

indiquent <strong>la</strong> présence – logique – <strong>de</strong> cultes <strong>de</strong>s<br />

eaux, en re<strong>la</strong>tion avec l’activité thermale – dont l’importance<br />

a été mise davantage en évi<strong>de</strong>nce au cours <strong>de</strong>s<br />

15 <strong>de</strong>rnières années – observée au centre <strong>de</strong> <strong>la</strong> localité<br />

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